LE SAES ‘’INCINÈRE’’ VALÉRIE PÉCRESSE
PROTESTATION DES ENSEIGNANTS DU SUPÉRIEUR
Les responsables du Saes (Syndicat autonome de l’enseignement supérieur) ont empêché hier les autorités universitaires d’honorer l’ancien ministre des Universités et de la Recherche de la France dans l’enceinte de l’Ucad 2. Ils qualifient «d’insulte grave» la décision prise par les autorités de décerner le titre de Docteur Honoris Causa à Valérie Pécresse qui symbolise «la précarisation, la marchandisation et la privatisation des universités».
Le Syndicat autonome des enseignants du supérieur (Saes) qualifie «d’insulte grave» la décision des autorités de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de décerner à l’ancien ministre des Universités et de la Recherche de France, Valérie Pécresse, le titre de Docteur Honoris Causa dans l’enceinte de cette université.
Réunis hier dans le hall de l’Ucad 2 où était prévue la cérémonie de remise de ce titre, les syndicalistes du Saes ont soutenu que le monde universitaire, qui lutte pour le retrait de la Loi-cadre qui enlève aux universités leur autonomie, ne peut pas accepter de recevoir encore moins d’honorer Mme Pécresse qui symbolise «plus que toute autre personne la précarisation, la marchandisation et la privatisation des universités ainsi que la dégradation volontaire de l’autonomie des universitaires».
Selon Yankhoba Seydi, coordonnateur du Saes de Dakar, «Pécresse, c’est l’ex-ministre des Universités et de la Recherche de la France qui a mené une réforme extrêmement controversée qui a plongé les universités françaises dans une ébullition jamais atteinte qui visait à terme l’évaporation de l’autonomie des enseignants et des chercheurs».
«En effet, c’est sous le joug d’un certain nombre d’impératifs économiques que sa réforme dite Loi relative aux Libertés et responsabilités des universités (Lru) a consacré la précarisation de l’enseignement et de la recherche avec la multiplication exponentielle des précaires au détriment de vrais postes de titulaire.
La Lru a également consacré une évaluation catastrophique de la productivité scientifique dans la mesure où elle a institutionnalisé le primat du quantitatif sur le qualitatif (...) La Lru, ce sont des orientations vers un nouveau type de management universitaire qui affaiblit les représentations des enseignants et des chercheurs dans les instances de décisions académiques», a-t-il expliqué.
Attirant l’attention sur la similitude entre l’esprit de la loi de Pécresse avec celle de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mary Teuw Niane, M. Seydi soutient qu’il est «gonflé à bloc par la Banque mondiale qui a décidé de pomper et de mal pomper la Lru à travers sa loi cadre».
D’après lui, M. Niane «fait peut-être mine d’ignorer dans une tension suicidaire que la Lru a multiplié les assemblées générales, les grèves et les manifestations en France, qu’elle a jeté dans la rue près de 100 mil le personnes lors de certaines manifestations».
«Elle a bloqué pendant des mois des dizaines d’universités, revigoré toute la communauté universitaire française pour la défense de ses intérêts», a-t-il ajouté. Et le coordonnateur du Saes de Dakar de s’interroger : «L’Ucad que tous les esprits lucides savent être une poudrière ouverte qui n’attend qu’une brindille pour s’embraser pourrait-elle sans coup férir survivre à une telle surchauffe ?»
Par ailleurs, les syndicalistes du Saes, qui ont ainsi obligé avec leur rassemblement dans le hall de l’Ucad 2 les autorités de l’université à délocaliser la cérémonie à l’hôtel Terroubi, ont affirmé à l’attention de Mme Pécresse que «l’Ucad ne saurait être un laboratoire d’expérimentation de ses idées et que les universitaires sénégalais n’ont que faire de sa leçon : L’Université, facteur de croissance et de développement».
Ils ont par la même occasion prévenu leur ministre de tutelle sur le fait que «le destin qui unit sa loi cadre à la Lru de Pécresse est du même rapport que le destin qui unit un mauvais produit à sa contrefaçon». «Tôt ou tard, tous deux se retrouveront à la poubelle», ont-ils dit