LE SARGAL VIRE À LA PAGAILLE AU PALAIS

Même du temps du Président Wade, pourtant considéré comme un bulldozer des Institutions de la République qu’il a ravalées au rang de simples bornes-fontaines, la Présidence de la République n’avait pas connu le capharnaüm qui y a été relevé dans l’après midi d’hier. La rencontre entre Macky Sall et les femmes venues l’honorer suite à l’adoption de la loi permettant à la femme sénégalaise de transmettre la nationalité à son conjoint et ses enfants a été une vraie pagaille. Entre les pleurs du Pr Amsatou Sow Sidibé, les bouderies de nombreuses députées et les nattes étalées dans la salle des banquets, la coupe d’indignation et d’ahurissement est pleine.

La scène est incroyable. S’emparant du haut parleur, un homme multiplie les suppliques à l’endroit des nombreuses femmes debout à s’asseoir sur les nattes étalées afin de permettre à celles qui occupent les chaises de voir ce qui se passe au présidium. Nous sommes à la Présidence de la République. En cette fin d’après midi du lundi 1er juillet, la Salle des banquets, pleine comme un œuf, est le théâtre de rudes bousculades. Tout en sueur, des dames de tous les âges jouent des coudes pour dégoter une place afin de participer à la rencontre entre le Président Macky Sall et les femmes. 

Le but de cette rencontre convoquée, dit-on, par Marième Badiane est d’honorer le chef de l’Etat suite à l’adoption de la loi, permettant à la femme sénégalaise de transmettre la nationalité sénégalaise à son conjoint et ses enfants. L’ambiance est surchauffée. Malgré la climatisation, une chaleur d’étuve règne sur les lieux. Et l’attente commence à se faire sentir. Pour une rencontre qui devait démarrer à 16H30, il faut s’armer de patience et attendre deux tours d’horloge pour que l’arrivée du maître de céans soit annoncée. Mais devant la pagaille qui prévaut dans la salle, ce dernier se fait encore désirer.

Pour décanter la situation qui devenait de plus en plus intenable, le protocole se résout finalement à évacuer la salle qui avait du mal à contenir la foule. Décision a été prise de délocaliser la cérémonie et de la tenir dans les jardins du Palais. C’est le remue-ménage total. On se croirait dans un louma.

Responsables politiques et simples anonymes pressent le pas pour être aux premières loges. Au même moment, les ministres et autres députés se mettent de côté, espérant avoir la place due à leur rang.

Le Pr Amsatou Sow Sidibé s’effondre en larmes

On assiste à un désordre énorme. Sur place, en attendant l’arrivée du Président Macky Sall, le protocole s’affaire à installer les personnalités au présidium. Membre du protocole, Pape Samba Diop appelle une à une les quatre ministres présentes. Mariama Sarr, Aminata Mbengue Ndiaye, Arame Ndoye et Seynabou Gaye Touré sont invitées à rejoindre le présidium. Pendant ce temps, le Pr Amsatou Sow Sidibé, ministre-conseiller à la Présidence et l’ambassadeur itinérant Diouma Dieng Daikhaté ne sont pas autorisées à accéder à la tribune.

Révulsée par ce traitement, le Pr Amsatou Sow Sidibé fond en larmes et quitte les lieux. Elle est accompagnée de quatre dames. A hauteur de la Salle des banquets, elle est stoppée par la sécurité qui lui signifie qu’elle ne peut pas passer dans la mesure où la sortie est bloquée jusqu’à l’arrivée du chef de l’Etat. Décidée à rentrer, elle lance au gendarme : «je dois partir, je ne peux pas rester une seconde de plus, laissez-moi passer s’il vous plaît.  Puisqu’on m’a refusé d’accéder au présidium comme toutes les autres personnalités, permettez que je puisse sortir. Je suis un ministre-conseiller et on me manque de respect». 

Devant le refus poli du gendarme qui se montre particulièrement courtois, le Pr Amsatou Sow Sidibi s’effondre en larmes. Elle pleure comme une madeleine. Elle est inconsolable. Ses amis et votre serviteur la conduisent dans un coin pour la calmer. Interrogée sur l’identité de ceux qui lui ont «manqué de respect», elle pointe du doigt Pape Samba Diop.

Cependant, ce dernier se blanchit. «Lorsque la cérémonie a été délocalisée, on a décidé d’appeler d’abord les quatre ministres qui devaient être au présidium aux côtés du président de la République. C’est au moment où on appelait les ministres que le Pr Amsatou Sow Sidibé et Diouma Dieng Diakhaté ont voulu monter, je leur ai demandé de patienter le temps que je termine avec les quatre ministres. Mais le Pr Amsatou Sow Sidibé n’a rien voulu entendre et est partie en pleurant. Lorsque je me suis retourné et je ne l’ai pas vue, j’ai demandé à Thérèse Diouf Faye d’aller la chercher, mais c’était trop tard. Je jure que je ne lui ai jamais manqué de respect», jure Pape Samba Diop.

La bouderie des députés

Ce n’est pas seulement pour le Pr Amsatou Sow Sidibi que la rencontre entre les femmes et le chef de l’Etat s’est transformée en une véritable humiliation. De nombreuses députées ont été révoltées par le traitement qui leur a été réservé à cette occasion. Traitées comme des moins que rien et ulcérées par l’attitude des organisateurs de la manifestation, des parlementaires ont boudé la rencontre. Les députés Ndèye Awa Mbodji, Katy Cissé Wone, Amy Cheikh Diagne, Aïssatou Sabara, Madjiguène Fall, Oulèye Diaw, Diya Kanté, Aïda Sow Diawara, Marie Thérèse Aïda Seck et Thiané Sakho n’ont pas attendu l’arrivée du président de la République.

Très en colère, beaucoup d’entre elles disent avoir été bernées. «Marième Badiane nous a convoquées en nous faisant croire que le Président devait échanger avec 200 femmes composées des députées, des conseillères économiques et sociales et des responsables politiques. A notre arrivée, nous avons trouvé que Mariama Sarr a convoyé sur les lieux de nombreuses femmes qui n’ont rien à voir avec la manifestation. C’est irrespectueux. Nous ne demandons qu’à rentrer, qu’on nous laisse partir», fulminent quelques députées bloquées à l’entrée par la sécurité.