LE SECTEUR INDUSTRIEL EN EAUX TROUBLES
PESANTEURS FISCALES, INFILTRATION DE LA CONTREFAÇON, MANQUE DE FINANCEMENT
Les industriels sénégalais tirent la sonnette d’alarme. Ils n’en peuvent plus de voir des produits frauduleux inonder le marché et l’Etat du Sénégal réagir faiblement. C’est du moins, ce que certains investisseurs privés ont fait savoir hier, au ministre de l’Industrie qui leur a rendu visite. Les industriels sénégalais ont encore une fois exprimé le mal vivre de leur secteur d’activité.
Entre le manque de financement, les pesanteurs fiscales et la prolifération des produits contrefaits sur le marché, les industriels croient de moins en moins à l’essor du secteur secondaire. Certains d’entre eux-mêmes s’en sont ouverts hier au ministre de l’Industrie et des Mines. Aly Ngouille Ndiaye qui effectuait une visite de prise de contact aux Nouvelles minoteries africaines (Nma) et à la Société industrielle de papeterie au Sénégal (Sips).
A l’instar du Directeur général de la Sips, les industriels établis au Sénégal disent beaucoup souffrir de la fraude. «Comment comprendre qu’on commercialise dans ce pays des cahiers dont le prix est égal à celui de notre matière première ?
Et le pire c’est ce que c’est des produits qui n’ont aucune traçabilité. Comment voulez-vous concurrencer ce produit-là ?», a déploré Rhyad Boucharem. Sur la même lancée, il a regretté devant le ministre le fait que les banques ne jouent pas le jeu. «Les banques doivent accompagner le développement industriel, mais les prêts continuent à se faire à des taux élevés et les garanties qu’elles demandent sont encore importantes», a fait savoir le Dg de la Sips, une industrie qui existe depuis 1972 et qui emploie actuellement 171 Sénégalais.
Pour son homologue de la Siba, société spécialisée dans la vente de bois de chantiers, le problème dépasse bien ceux évoqués par M. Boucharem. En effet, pour lui, il y a un manque de volonté politique qui fait que le secteur de l’industrie se retrouve encore à la traîne. «L’Etat doit se décider et nous dire s’il compte vraiment faire de l’industrie une de ses priorités. Parce que si tel n’est pas le cas, on pourra alors investir dans d’autres secteurs et ne pas risquer de toujours rouler à perte», a-t-il dit au ministre qui était alors en visite dans les locaux de la Sips.
Le ministre a également rendu visite aux Nma. Une entité de production de farine de blé et d’aliments de bétail entre autres. Ce que le patron de cette boîte dit attendre de l’Etat, c’est surtout un environnement favorable pour faire des affaires. Ameth Amar dit être conscient que ce n’est pas à l’Etat de financer le secteur privé, toutefois, ce dernier doit être enclin à plus agir plutôt que de palabrer. «Je ne suis pas contre les longues journées de réflexion au Méridien, le fait est que rarement des choses concrètes y sortent. L’économie ne se discute pas, elle se pratique», a déclaré M. Amar.
A la fin de ces deux visites, Aly Ngouille Ndiaye a fait savoir aux industriels que l’Etat est bien disposé à accompagner leur secteur. D’ailleurs, n’a-t-il manqué de souligner, que le gouvernement a décidé de faire de la préférence nationale une réalité pour les produits d’égale qualité avec ceux qui sont habituellement importés. Il a également promis des mesures collégiales en concertation avec les autres ministères concernés pour un meilleur contrôle des frontières et des produits qui doivent entrer dans le territoire.