LE SENEGAL SE JOINT A L'HOMMAGE A MANDELA
APRES LES OBSEQUES DE L'EX-PRESIDENT SUD-AFRICAIN
Vingt quatre heures après l’hommage planétaire rendu à Nelson Mandela, le Sénégal a participé au deuil en organisant avec l’ambassade d’Afrique du Sud à Dakar un hommage au premier président sud-africain post apartheid, décédé le 5 décembre dernier.
Hommes politiques, diplomates accrédités à Dakar, hommes de cultures, universitaires ont ajouté leur voix à celles des plus grands de ce monde pour rendre hommage à Nelson Mandela. Durant toute sa vie, Nelson Mandela s’est illustré dans le combat pour la liberté, l’égalité, la tolérance, la fraternité. Malgré l’émotion, tous les intervenant ont essayé, hier, au Grand Théâtre, avec leurs mots, de rendre compte de la grandeur du personnage qu'ils sont venus honorer.
Le Pr. Mary Teuw Niane, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui a représenté le gouvernement, a salué l’icône mondiale. « L’humanité vient de perdre son plus digne fils, celui à qui nous aurions tous souhaité ressembler », a-t-il déclaré. «Il était tellement proche de l’idéal humain qu’il se confond avec celui-ci, au-delà des races, des religions, des ethnies, des idéologies », ajoute le Pr. Niane. Le ministre a aussi loué l’action de Mandela pour faire de l’Afrique du Sud une nation, un pays où toutes les communautés doivent vivre en harmonie. « Il a voulu faire de communautés séparées un seul peuple. Il l’a réussi au-delà de toute espérance. Il a prêché le pardon et la réconciliation entre des positions antagonistes. Il a été entendu même par ceux qui avaient la crainte légitime de sa vengeance », souligne-t-il.
Les intervenants sont unanimes à reconnaître que Mandela constitue un exemple et doit inspirer les hommes politiques du continent noir « pour bâtir une Afrique prospère », loin des images de guerre et de famine qu’elle renvoie actuellement. Et le legs de Mandela peut servir de boussole, selon Eddy Cordova Corcega (ambassadeur du Venezuela), Hassan Abdulkadir (ambassadeur d’Ethiopie), Mxolisi Shilubane (ambassadeur d’Afrique du Sud). « Leurs idées ne les accompagnent pas dans la tombe, les causes qu’ils ont défendues leur survivent, le modèle qu’ils ont été. Ils sont dans les lieux d’exercice du pouvoir, dans les décisions que nous prenons, dans les motivations qui nous animent. Ils sont notre conscience, souvent notre mauvaise conscience. Ils nous rappellent à l’ordre, nous renvoient à notre fin prochaine », a déclaré le Pr. Mary Teuw Niane, faisant allusion aux grands hommes. Pour Alioune Badara Bèye, Nelson Mandela est un totem, il ne meurt jamais. Djibo Leïty Kâ a magnifié le courage, la constance de l’illustre disparu. Il souhaite l’organisation annuelle, dans les écoles sénégalaises, d’une exposition sur Mandela pour permettre aux présentes et futures générations de s’inspirer de son legs. « Je rêve d’un Mandela bis », a-t-il lancé, en soulignant qu’il n’est pas facile de l’être. D’autres intervenants qui ont rencontré l’homme ont mis en avant sa « simplicité et son détachement des choses matérielles ».
Au cours de la cérémonie, les intervenants ont rappelé la contribution du Sénégal dans la lutte contre l’apartheid. Sur le plan politique, le gouvernement du Sénégal a toujours, dans les réunions internationales, soutenu le combat de l’Anc et de son leader. En 1987, l’île de Gorée a abrité les premiers pourparlers en terre africaine entre l’Anc et les représentants du pouvoir blanc. Des artistes comme Youssou Ndour, Baba Maal, Omar Pène se sont faits l’écho de la lutte pour la libération du peuple noir.