LE SENS DE MON ENGAGEMENT EN CASAMANCE
AMSATOU SOW SIDIBÉ
Ministre-conseiller en charge des Droits de l’Homme et de la Paix, le professeur Amsatou Sow Sidibé s’est distingué ces derniers temps pour son engagement pour la paix en Casamance. Ce qui n’est pas, à l’apparence, un fait du hasard pour le professeur Amsatou Sow Sidibé qui multiplie les déplacements au Sud du pays et ne rate jamais l’occasion de rencontrer les communautés casamançaises partout où elle va.
La fin de l’année a souvent été sanglante dans cette partie méridionale du Sénégal. Attaques à mains armées, braquages, enlèvements ont fait la chronique chaque fois que décembre arrive. On note depuis quelque temps une accalmie. De quoi saluer le processus de négociations enclenché entre l’Etat et le Mfdc. Voilà qui réjouit la Présidente de Car Leneen, le professeur Amsatou Sow Sidibé.
En effet, depuis qu’elle est nommée ministre-conseiller en charge des Droits de l’Homme et de la Paix, le Professeur Amsatou Sow Sidibé a choisi de s’investir dans la paix en Casamance. Son dernier cri du cœur résonne encore dans les esprits. Elle avait invité César Atoute Badiate à libérer les neuf otages qu’il détenait à l’occasion de la troisième édition des prières et recueillements collectifs pour la paix en Casamance organisés par la famille omarienne à Bignona.
"Ces otages sont des chefs de familles dont les parents vivent dans une angoisse intenable", avait-t-elle laissé entendre. Aujourd’hui ces neuf otages qui appartenaient à une équipe de douze démineurs sont libres. Mais, l’engagement du professeur Sidibé en Casamance ne faiblit pas. Mme Sidibé est, en effet, depuis quelque temps à la tête d’un cadre dit "Espace, dialogue, vérité, réconciliation, (Edvr). La structure, pilotée par des personnalités politiques et administratives, des chefs religieux et coutumiers et toutes personnes éprises de paix, de justice et d’équité venant d’horizons diverses a comme objectif d’aider au retour de la paix définitive en Casamance.
Au moyen d’échanges, de dialogues et de confessions, l’Edvr souhaite briser la coque qui enveloppe les rancœurs, les causes, les manifestations et les conséquences du conflit. "Nous y arriverons par la tenue de plusieurs actions telles que des discussions publiques et privées dans différentes localités sur la question Casamance", rassure le Professeur Amsatou Sow Sidibé.
Selon le professeur Sidibé, en dépit des nombreuses initiatives pour la paix et la sécurité menées par le gouvernement, les organisations de la société civile, sont encore notées. "D’où la nécessité d’un véritable Espace de débat", confesse Mme Sidibé. "La construction de la paix définitive ne peut se faire sans la consolidation de l’apaisement, la réduction notoire des sources potentielles de conflits, la prise de conscience et la capacité des communautés à concevoir et initier des solutions endogènes dans lesquelles elles se retrouvent pour prévenir et gérer les conflits", prévient-t-elle.
Le cadre mis en place s’efforcera de faciliter la réconciliation d’une société traumatisée par 32 ans de conflit et ruinée par la situation d’insécurité et les multiples exactions qui continuent, malgré tous les accords et négociations de paix. Il s’agit aussi de mobiliser les cadres de concertation soutenus par les religions, les traditions, les coutumes, les valeurs communautaires reconnues. L’Edvr veut briser le silence du passé, encourager le dialogue, le pardon et la réconciliation afin d’éradiquer le conflit.
Le professeur Amsatou Sow Sidibé qui dit être attachée à la verte Casamance où elle passait ses vacances universitaires trouve les ressources de son engagement dans son statut de mère, épouse et sœur. "Quand un conflit éclate les premières victimes sont les femmes, mères des enfants, épouses et sœurs des combattants", se désole-t-elle. Nominée parmi les 1000 femmes du monde pressenties en 2005 pour le Nobel de la paix, Mme Sidibé a dirigé pendant deux décennies l’Institut des droits de l’homme et de la paix (Idhp) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en tant que Directrice des études ensuite en tant que Directrice.
En plus, la présidente de Car Leneen a été consacrée citoyenne d’honneur de Kartiack (village de Bignona) en 2013. Les populations de cette localité voulaient ainsi lui témoigner leur gratitude pour son implication dans le succès de la circoncision (Boukout) du village. "J’avais présenté au chef de l’Etat Macky Sall quelque 800 ressortissants du village et il m’a alors confié le dossier du Boukout". Voilà qui explique, sans doute, le sens de son engagement pour la Casamance.