LE SILENCE DE HABRE ET L’ABSENCE DE SES AVOCATS N’ALTERERONT PAS LE JUGEMENT
Dakar, 20 juil (APS) - Le silence de Hissène Habre et l’absence de ses avocats ne vont pas "altérer" la décision du tribunal spécial chargé de le juger, a déclaré, lundi à Dakar, l’avocate tchadienne Jacqueline Moudeïna, l’un des conseils de la partie civile.
"Cette stratégie n’altère en rien la décision à venir", a-t-elle soutenu après l’ouverture du procès de l’ancien président tchadien devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), le tribunal spécial créé au Sénégal pour juger M. Habré.
Le procès de l’ex-président du Tchad s’est ouvert ce 20 juillet 2015, au palais de justice de Dakar, sans la présence de ses avocats.
Hissène Habré est le premier président africain à être jugé dans un pays du continent n’étant pas le sien. Au nom de la compétence universelle, il est jugé au Sénégal pour crimes contre l’humanité, crimes de torture et crimes de guerre présumés avoir été commis lorsqu’il dirigeait le Tchad, de 1982 à 1990.
Avant l’ouverture du procès, M. Habré a dénoncé de toutes ses forces la tenue de son procès, en entrant dans une salle d’audiences du palais de justice de Dakar. "Mascarade", "impérialisme" et "néocolonialisme" sont les termes qu’il a utilisés pour dénoncer l’organisation de ce procès.
Au palais de justice, il était en compagnie de gardes pénitentiaires qui l’ont conduit dans la pièce où doit se tenir le procès.
"Je n’ai pas d’avocats. C’est une mascarade. A bas l’impérialisme ! A bas le néocolonialisme !" s’est écrié M. Habré.
Me Moudeïna a dit que son attitude relève de "la stratégie des grands dictateurs". "Ça a toujours été le cas. Les juridictions n’ont jamais trouvé grâce aux yeux des dictateurs", a-t-elle commenté.
Les attentes des plaignants sont "immenses", selon Me Moudeïna, qui assure la coordination du pool des avocats de la partie civile.
"Nous souhaitons un jugement juste et équitable", a-t-elle ajouté, en souhaitant réparation des "atrocités" subies par les plaignants.
Hissène Habré, au pouvoir entre 1982 et 1990, vit en exil à Dakar depuis le renversement de son régime.
En août 2012, le Sénégal a donné son feu vert à la décision de l’Union africaine (UA) de le faire juger par un tribunal spécial dirigé par des juges africains. Les autorités sénégalaises ont ensuite créé les CAE.
Selon une commission d’enquête tchadienne, le régime de M. Habré a fait quelque 40 mille morts, dont des membres de l’opposition tchadienne. L’ancien chef d’Etat est placé en détention à Dakar depuis juillet 2013.