LE SOLEIL SE LÈVE EN CHINE ET NE SE COUCHE PAS À PARIS…
Alea jacta ! Ce lundi 24 février 2014, le Sénégal fera face à la Communauté internationale, par le truchement de la réunion du Groupe consultatif des bailleurs de fonds pour chercher à lever des financements pour ses projets d’investissements, pour la période 2014-2018. L’objectif d’investissements publics est fixé à 1864 milliards de francs Cfa.
Le lendemain mardi 25 février, le secteur privé sera sollicité pour des financements de l’ordre 1111 milliards de francs Cfa. On peut considérer que cette opération se révélera être un véritable succès, tant l’engouement constaté au niveau de la communauté des bailleurs de fonds est réel.
Le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, réussira sans doute ce grand challenge. Il commençait d’ailleurs à avoir l’embarras du choix, eu égard à la bousculade des investisseurs potentiels qui cherchaient une place à l’une ou l’autre rencontre.
Dire que des demandes d’invitation ont même été refusées pour cause de trop-plein ! Qu’est-ce qui expliquerait ce brusque intérêt pour investir au Sénégal ? Les atouts ne manquent pas. Mais aussi, la barre a été élevée très haut.
L’idée du Président Macky Sall de passer d’abord par la Chine pour une visite d’Etat, à l’occasion de laquelle les autorités chinoises se sont montrées très généreuses à l’endroit du Sénégal, semble avoir été un coup de bonne inspiration.
Cette étape pékinoise semble avoir pour conséquence de mettre la pression sur les bailleurs de fonds occidentaux qui ne voudraient pas faire moins que les Chinois. La lutte d’influence économique constitue un nouvel enjeu dont des pays comme le Sénégal pourraient tirer grandement profit.
Le Président Macky Sall avait présenté en Chine, une liste de huit projets prioritaires pour le Sénégal et tous ont recueilli des promesses de réalisation de la part de partenaires chinois pour un montant total d’investissements de plus de 4,5 milliards de dollars. La moisson était si belle qu’un membre de la délégation sénégalaise pouvait risquer ce commentaire : «Même si on obtenait rien au Groupe consultatif de Paris, on pourrait revenir en Chine et réaliser les investissements prévus.»
Il s’y ajoute que la Chine a décidé de considérer le Sénégal comme une «destination touristique autorisée». Cette nouvelle disposition pourrait permettre l’arrivée en masse de touristes chinois au pays de la Téranga.
Faudrait-il cependant, que les infrastructures d’accueil hôtelières et les conditions de voyage et de séjour soient favorables. La seule maldonne du voyage en Chine aura été l’attitude désopilante des hommes d’affaires sénégalais qui, à la vérité, étaient pour la plupart en villégiature dans ce pays.
Les offres de partenariat des hommes d’affaires chinois avaient été peu bien accueillies à l’exception de la société Senbus qui a conclu un partenariat en vue de la fabrication de véhicules automobiles. Les autorités publiques sénégalaises n’avaient pas manqué d’être heurtées par le fait que le groupe d’hommes d’affaires, ayant fait le déplacement de Pékin, eût quitté les lieux du forum économique juste après la cérémonie d’ouverture présidée par le Président Macky Sall. Ces hommes d’affaires avaient préféré se bousculer à la résidence réservée au chef de l’Etat à Beijing.
De toute façon, la Chine entend signer avec de l’encre de Chine, son nouvel engagement de coopération avec l’Afrique dont le Sénégal. Le ton est donné par le Président Xi Jimping qui clame son béguin pour l’Afrique.
Le chef de l’Etat chinois tient à montrer la place de plus en plus grandissante que l’Afrique occupe dans les transactions commerciales de son pays. Ce partenariat commercial se chiffre déjà à 200 milliards de dollars par an et garde une grande marge de progression.
Pourtant ce commerce avec l’Afrique se limitait à 1% du volume du commerce de la Chine il y a dix ans. Cette année, ce volume commercial représente 16% du commerce de la Chine et ce pays devient le premier partenaire commercial du continent noir.
En vue de mieux pénétrer le marché africain, la Chine voudrait se trouver un allié de taille, les médias. Le gouvernement chinois est en train de tester une opération de drague en direction des médias africains. Le postulat des chinois est simple, les médias occidentaux ne relaieraient pas convenablement les informations sur la Chine.
Ce qui pourrait avoir un impact négatif sur l’image de la Chine et le développement de ses affaires. En conséquence, la Chine offre à des médias de dix pays africains d’accréditer des journalistes à Pékin qui seront totalement pris en charge par la Chine pour la durée de leur mission d’une année.
En Afrique, un journal du Ghana et Le Soleil du Sénégal bénéficient de cette opération. Les autres journalistes viennent de Zambie, du Soudan, de la Tanzanie, du Kenya, du Rwanda, de l’Egypte, de l’Afrique du Sud et du Cameroun.
Il reste que la Chine est courtisée par tout le monde. La dernière preuve de cet état de chose est le fait que la firme française Psa Peugeot ne doive son salut qu’à la forte entrée dans son capital du constructeur automobile chinois Dong Feng. Pourquoi pas alors les Africains ?