LE VASTE CHANTIER DES INFRASTRUCTURES
Où en est la construction de l’arène de Pikine ? Pour le ministre des Sports sortant, la question était apparemment réglée et on s’attendait au premier coup de pioche.
Le nouveau ministre Mactar Ba, à notre connaissance, n’a pas encore abordé la question. Du moins publiquement. Après la réhabilitation de Léopold Sédar Senghor, il est question pour lui de Demba Diop réclamé avec insistance par le puissant mouvement du «Navétane».
Le dossier de l’arène de Pikine sera sans doute remis à jour car le financement est obtenu auprès des Chinois. Avant de quitter la Primature, Mme Touré avait été moins catégorique sur la cadence que Mbagnick Ndiaye voulait imprimer à cette affaire devenue politique avec l’opposition des militants de l’environnement et de celle de certaines populations riveraines qui ne voient pas la lutte du bon oeil… Mais la lutte a droit à une arène, elle le réclame depuis des décennies, lassée de squatter les stades de foot mais forte aussi de sa notoriété.
À noter quand même que la lutte devenue quasiment professionnelle est organisée par des privés. La logique voudrait que l’arène soit louée à ces privés dont la vocation est de gagner de l’argent. La construction d’une arène est révélatrice du déficit d’infrastructures de bon standing au Sénégal. L’histoire retiendra que sous Me Wade, l’Etat a beaucoup construit notamment une autoroute, une corniche, un aéroport, des ponts et toboggans à Dakar. Mais Me Wade n’a pas fait son «stade national» comme Senghor (stade Demba Diop en 1963) ou Abdou Diouf (Léopold Sédar Senghor en 1986).
Pourtant, il avait un entourage «très sportif» avec le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye ou des ministres profilés sport qui se sont succédé aux manettes du département des Sports tels que Youssou Ndiaye, Abdoulaye Makhtar Diop ou Daouda Faye. Il est vrai que des stades coquets ont été construits dans les régions mais leur capacité d’accueil très réduite ne permet pas de recevoir de grandes compétitions sportives.
Ensuite, la tradition jacobine de nos pays héritée du colon et perpétuée fait que tout se passe au centre, dans la capitale, même en matière de compétition sportive. L’arène de Pikine n’est pas une mauvaise idée en soi mais un stade multifonctionnel, modulable et utilisable par plusieurs sports est sans doute plus urgent à Dakar. Pays de basket s’il en est, le Sénégal ne peut plus accueillir de compétition continentale et la discipline va en pâtir et ne pourra à terme que compter seulement sur ses joueurs expatriés.
Le Sénégal ne pouvant pas non plus abriter une CAN seniors, la fédération a choisi d’accueillir une CAN des moins de 20 ans l’an prochain mais rien qu’à ce niveau, cette modeste organisation se présente comme un véritable défi pour Me Senghor et ses collègues. Aujourd’hui, le Sénégal est largué dans le domaine des infrastructures, beaucoup de pays de la sous-région sont mieux lotis que lui. Le Mali et le Burkina sont devant, il n’y a pas photo avec le Ghana sans parler des «puissances sportives» du continent comme les pays du Nord, l’Afrique du Sud étant hors concours au vu de ses grands moyens qui lui ont permis d’accueillir plusieurs compétitions mondiales.
Les trois matches des Lions du football délocalisés l’an dernier en Guinée et au Maroc, alors que seul le stade Léopold Sédar Senghor était sous le coup d’une suspension, prouvent à suffisance que dans le domaine des infrastructures, il y a un vaste chantier.