''L'EPOQUE OU L'AFRIQUE AVAIT UN NOMBRE LIMITE DE PARTENAIRES EST COMPLETEMENT REVOLUE''
XIA HUANG, AMBASSADEUR DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE AU SENEGAL
« La liste des projets à réaliser au Sénégal est longue. Vos analyses et vos articles constituent pour nous une source d’éclairage dans l’appréciation à réaliser tel ou tel projet en priorité ». L’ambassadeur de la République populaire de Chine au Sénégal, Son Excellence Xia Huang, considère le quotidien « Le Soleil » comme l’une des sources les plus importantes pour se faire une opinion sur le Sénégal où son pays a fait de nombreuses réalisations. Dans cette grande interview, il évoque des questions concernant le grand bond en avant réalisé par son pays durant ces 30 dernières années, l’espoir que la Chine nourrit pour l’Afrique ainsi que les ambitieux projets à financer dans le cadre d’une enveloppe de 20 milliards de dollars. D’autres questions comme l’autoroute Thiès-Touba, l’arène nationale et le différend des îles Diaoyu qui oppose la Chine au Japon ont été également abordées par l’ambassadeur Xia Huang.
L’Union européenne tente de faire redémarrer les Accords de partenariat économique (Ape). Pensez-vous que la Chine, par sa présence, fait peur et que l’Ue veut contourner cela en créant un espace économique ?
«Nos amis Africains ont besoin de tous les partenaires dans leurs efforts pour l’essor économique et social afin de réaliser ce rêve de l’émergence. Il y a les partenaires traditionnels comme l’Union européenne, de nouveaux partenaires comme les pays émergents. Chacun, de son côté doit essayer de jouer un rôle complémentaire pour avoir un objectif final, celui d’aider et d’accompagner les pays africains malgré leurs moyens limités. A ce sujet, la Chine ne se présente pas comme un bailleur de fonds. La Chine, dès les années 1960, a monté une coopération agissante, sincère avec le continent africain. Malgré ses moyens limités, elle a su apporter sa contribution à la libération de ce continent, et après, à son développement. A partir des années 80 à 90, cette coopération s’est prolongée avec une nouvelle connotation, c'est-à-dire faire en sorte que le rêve des Africains soit le même que celui des Chinois. Ce qui va se traduire par la prospérité économique qui permettra à leurs populations respectives de mener une vie décente et plus heureuse. La coopération entre la Chine et les pays africains s’inscrit dans le cadre de la solidarité Sud-Sud. C’est une coopération sous une forme nouvelle qui a pour objectif de donner un effet gagnant-gagnant et qui poursuit donc un objectif et un avantage mutuel. Si tous les partenaires adoptent la même approche de sincérité ou de solidarité à l’endroit des pays africains, ce continent aura une opportunité meilleure, une chance plus forte pour réaliser son rêve d’essor économique et social.
Pour le cas du Sénégal, il y a la construction du stade de l’Amitié (Léopold Sédar Senghor), le Grand théâtre national, la réhabilitation des stades régionaux et en Casamance. Il y a même un barrage fait par les Chinois. Depuis 2000, au moment où l’Afrique et la Chine faisaient face à un défi important, à savoir le développement économique, nous avons lancé, avec nos amis africains, un forum sur la coopération sino-africaine. Il a pour but d’approfondir la confiance politique mutuelle et de donner un cadre plus dynamique de coopération économique, commerciale sino-africaine. Aujourd’hui, on mesure parfaitement l’effet de tous ces efforts, parce qu’il y a plus de projets réalisés dans le cadre de l’aide publique au développement. Le volume des échanges commerciaux ne cesse d’augmenter. Ils permettent aux pays africains de dégager, chaque année, un excédent commercial important.
L’époque est complètement révolue où l’Afrique avait, devant elle, un nombre limité de partenaires. Dans le contexte de la mondialisation, le continent africain trouve devant lui plus d’opportunités. Et c’est un choix plus varié. Cela lui donne une marge plus importante et si tous les partenaires poursuivent cet objectif d’avantages mutuels, avec une approche de coopération gagnant-gagnant à l’endroit des pays africains, je pense qu’ils arriveraient à en tirer le meilleur profit».
En 2000, le volume des échanges entre l’Afrique et la Chine était de 10 milliards de dollars. En 2012, il est passé à presque 198 milliards de dollars. Certains disent que la Chine ne vient pas en Afrique dans un but philanthropique, mais est attirée par les matières premières. Y a-t-il réellement un équilibre dans les échanges entre les deux parties ?
«On pourrait jeter un regard rétrospectif sur le parcours que les Chinois ont fait au cours des 30 dernières années. Il y a 30 ans, la Chine avait lancé un large programme de réforme et d’ouverture sur l’extérieur. Avec cette réforme, la Chine s’est engagée dans une campagne d’industrialisation beaucoup plus vaste et plus profonde, depuis 1949, année où la République populaire de Chine a été proclamée. Tout au début, la Chine avait des moyens très limités, même si elle exportait, à l’époque, une grande quantité de charbon, de pétrole et d’autres matières premières. C’est grâce à ces exportations et emprunts que la Chine s’est donnée les moyens d’acheter du matériel industriel afin d’accélérer son processus d’industrialisation. Aujourd’hui, bon nombre de personnes disent que la Chine est l’usine du monde. C’est le résultat des efforts que les Chinois ont consenti depuis plus de 30 ans.
Effectivement, dans son développement, la Chine a besoin de beaucoup de ressources naturelles et surtout de ressources énergétiques. Mais, la Chine n’est pas un cas isolé. Parmi les pays émergents et industrialisés, existe-t-il un pays qui pourrait se passer du reste du monde pour se construire un avenir, pour faire tourner la machine économique dans n’importe quelle partie du monde, dans ce contexte de village planétaire où les pays sont toujours plus interdépendants et leurs besoins réciproques vont en croissant ? Pour le cas de la Chine et de l’Afrique, il est vrai que les exportations composées de matières premières et de matières énergétiques à destination de la Chine ne cessent d’augmenter, mais ce n’est qu’une partie des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique. Et même en ce qui concerne les matières minières et énergétiques, il s’agit d’échanges commerciaux qui ne cessent de dégager des excédents en faveur de l’Afrique. C'est dire que les recettes tirées par les pays africains de ces échanges commerciaux, leur permettent de satisfaire leurs propres besoins et surtout de s’engager dans une voie d’industrialisation. En second lieu, la Chine a construit et elle continue toujours à construire sur ce continent. Les relations ne consistent pas uniquement à prendre. C’est une approche qui consiste à prendre et à donner en équivalent. C’est une pratique qui consiste à accompagner nos amis africains à réaliser leur propre développement.
Avant de venir ici au Sénégal, j’ai passé 3 ans au Niger, un pays riche en ressources naturelles. La mise en valeur de quelques variétés de ressources naturelles a déjà derrière elle des décennies d’histoires. C’est grâce à la coopération chinoise que le rêve pétrolier des Nigériens est devenu une réalité. Une raffinerie a été ouverte. Aujourd’hui, le Niger est devenu autonome en brut et en produits raffinés. Cette raffinerie dégage un excédent de production et donne au Niger la possibilité d’exporter une grande partie de la production vers les pays voisins. Pour la première fois, l’Etat nigérien a fait un collectif budgétaire avec plus de recettes. C’est donc un rééquilibrage vers le haut. Le Niger n’est pas l’unique exemple. La même histoire se passe au Soudan, en Angola et dans d’autres pays. Entre la Chine et l’Afrique, c’est une coopération sincère, concrète et substantielle.
Et je dois souligner que les échanges commerciaux ne constituent qu’un volet des relations sino-africaines. Les relations politiques et l’aide public au développement ont une place et un poids plus importants. La coopération chinoise couvrait, dès les années 1960, tout le continent africain, et les pays faiblement dotés par la nature en ont largement bénéficié et en bénéficieront toujours davantage. C’est le cas du Sénégal».
La Chine se focalise sur l’extraction des ressources naturelles, les télécommunications, les infrastructures… Elle implante aussi des usines un peu partout en Afrique comme au Kenya. A quand une usine au Sénégal ?
«A part les volets que j’ai évoqués plus haut sur notre coopération, il y a l’agriculture, la santé… Tous ces secteurs sont étroitement liés au développement économique et social de ce pays. C’est dire que la Chine ne s’est pas focalisée uniquement sur la mise en valeur de ressources minières et énergétiques. Il s’agit d’une coopération multidimensionnelle qui a pour souci d’accompagner les pays africains dans leurs efforts de développement économique et social.
En ce qui concerne l’industrialisation, dans le cas du Sénégal, nous sommes prêts à monter des projets. Pour y parvenir, nous devons compter sur les efforts des 2 côtés. Il faut que les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires des 2 côtés puissent travailler en synergie. Dans ce cadre, il y a des efforts à faire pour se donner un meilleur environnement d’investissement. Il faut savoir dans quelle mesure on pourrait prévoir des dispositifs préférentiels pour accompagner le lancement des activités. Car, quel que soit le secteur, pour accompagner une industrie, il faut qu’il y ait des dispositifs politiques différenciés. A mon avis, il y a plusieurs secteurs dans lesquels on peut faire des essais. Pour le secteur de l’arachide, par exemple, la Chine est un grand demandeur d’oléagineux. Pourquoi ne pas envisager une coopération touchant, en amont, l’amélioration et la sélection des semences, une agriculture moderne qui donne un meilleur rendement, et en aval, faire de la transformation d’arachide pour laisser plus de valeur ajoutée dans le pays. Dans le cadre du forum sino-africain, l’une des deux banques d’orientation politique chinoise, la Banque de développement de Chine, a créé, en son sein, une Fondation de coopération sino-africaine. Une mission de cette Fondation a séjourné récemment à Dakar et ses membres ont parlé de beaucoup de projets, dont l’arachide, avec leurs interlocuteurs. Avant cette mission, ’Eximbank, une autre institution financière d’orientation politique chinoise, avait aussi envoyé une mission au Sénégal. Les émissaires de celle-ci avaient également parlé de nombreux projets dont la question du financement de l’autoroute Thiès-Touba. Aussi, les transporteurs routiers attendent, avec impatience, le renouvellement du parc des poids lourds. Comment faire venir des camions poids lourds chinois et monter sur place un service après vente pour la maintenance, l’entretien et la réparation, jusqu’à la réalisation d’un projet de montage avec des pièces détachées ? Dans tous les pays où les sociétés chinoises se sont implantées, il y a, au début, un projet de montage. Il existe donc beaucoup de pistes de coopération. A ce sujet, nous sommes prêts à faire des recherches avec le Sénégal, à identifier les projets et passer à des actions concrètes. D’ailleurs, je vous informe que la plus grande entreprise de pêche en Chine a monté un joint-venture au Sénégal. Depuis des dizaines d’années, la pêche se fait dans les eaux maritimes sénégalaises, les produits sont transformés localement et transportés vers l’Europe. Les Chinois sont discrets. Ce n’est pas un peuple qui aime la fanfaronnade. Car, on se dit toujours que l’action vaut beaucoup mieux qu’une parole creuse. La Chine est prête à accompagner le Sénégal à réaliser son rêve d’industrialisation. Les grands bâtiments réalisés dans le cadre de notre coopération bilatérale donnent déjà une illustration de notre efficacité».
Vous êtes impliqués dans le projet de construction d’une arène de lutte. Où en êtes-vous actuellement ?
«A ce stade, l’arène de lutte est un dossier en étude, et la Chine a donné son accord formel pour réaliser le projet. Un plan de financement est déjà arrêté. Chaque année, l’Etat chinois prévoit une enveloppe pour financer les projets en cours et des projets à retenir par les deux parties. L’arène de lutte se trouve déjà sur cette liste d’attente des projets et en toute priorité. Aujourd’hui, il est temps pour les deux parties de faire tout le nécessaire pour reprendre tous les travaux du Musée des civilisations noires. En ce qui concerne l’arène nationale, une mission d’études techniques a déjà séjourné à Dakar en juillet. Les premières études sont en cours».
Peut-on s’attendre à un partenariat dans le basket ?
«Beaucoup de choses ont été faites en sport. Principalement avec le tennis de table, les arts martiaux, etc. Pour nous, le basket est une piste de travail. Avec l’accord du ministère sénégalais des Sports, ce serait probablement un domaine dans lequel les deux parties pourraient monter une coopération».
Vous avez évoqué de nombreux projets. A vous entendre parler, on a l’impression que les lenteurs sont du côté sénégalais…
«Le mot lenteur aurait une connotation péjorative. L’administration a ses règles, que ce soit du côté de l’administration sénégalaise ou celle de la Chine. Il y a des formalités et des règles à respecter. Quand il s’agit d’une coopération intergouvernementale, il y a toujours un immense travail administratif à faire. L’idéal, c’est que des deux côtés, les deux administrations compétentes puissent travailler en synergie pour essayer de simplifier les choses. C’est ce que j’ai essayé de faire avec tous les départements ministériels compétents. J’ai essayé de monter un mécanisme de coordination avec votre nouvel ambassadeur à Pékin avant son départ. Je pense que grâce aux efforts conjugués de part et d’autre, on arrivera à une formule plus simplifiée pour faciliter les choses et rendre plus productive, plus efficace et plus efficiente notre coopération pour qu’elle donne des résultats plus probants, plus substantiels. Parmi les grandes orientations de Son Excellence, le président Macky Sall, il y a la bonne gouvernance. Depuis son accession à la magistrature suprême, l’Etat sénégalais a fait un effort louable dans la consolidation de l’Etat de droit et pour une meilleure gouvernance. Ces efforts nous permettront de travailler dans un environnement toujours plus favorable. Cela nous donnerait plus de facilité pour faire avancer notre coopération ainsi que les différents projets».
L’autoroute Thiès-Touba soulève une grande polémique. On parle même d’un marché de gré à gré avec une entreprise chinoise chargée des travaux. Qu’en est-il réellement ?
«Des bruits circulent sur cette approche de gré à gré, mais ce que je peux dire, c’est que tant que les règles juridiques et réglementaires sont respectées, je ne vois pas pourquoi on conteste la validité de cette approche».
Est-ce un contrat de Partenariat public privé (Ppp) ?
«C’est un contrat Ppp, mais dans le montage de ce projet, le Sénégal a besoin d’une expérience technique qualifiée. L’idée consiste à utiliser des moyens financiers d’aide publique au développement mis, par l’Etat chinois, à la disposition des Etats africains pour financer un tel projet. Mais, dans la préparation du dossier, vous avez besoin d’une expérience technique. L’entreprise chinoise est la plus grande structure de notre pays spécialisée en ponts et chaussées. Elle a ses réalisations en Chine et partout dans le monde. Je me demande pourquoi on conteste cette approche».
Quel a été l’avis de la Dcmp et de l’Armp, les deux structures de contrôles, dans la conduite de ce dossier ?
«Je pense que l’Etat sénégalais a, jusqu’ici, fait les formalités nécessaires en respectant les attributions en tenant compte des prérogatives de ces deux instances de régulation. Dans la mesure où toutes les règles juridiques et règlementaires ont été respectées, je me demande pourquoi on dirait que les règles sont bafouées. Depuis le lancement du forum sino-africain en 2000, l’Etat chinois ne cesse de faire des efforts toujours plus importants pour booster la coopération sino-africaine. C’est au cours de la 5ème Conférence ministérielle de ce forum qui a eu lieu en juillet 2012 que le chef de l’Etat chinois a promis de mettre à la disposition des pays africains une enveloppe de 20 milliards de dollars US sous forme de prêts préférentiels. Aujourd’hui, les autorités chinoises compétentes ont déjà décaissé une bonne partie de cette enveloppe. Du côté de l’ambassade de Chine à Dakar, nous espérons que le Sénégal ne va pas rater le coche et va bénéficier d’une bonne partie de cette enveloppe. Il faut donc aller vite».
Le Sénégal a-t-il déjà utilisé ce guichet concernant l’enveloppe de 20 milliards de dollars mise à la disposition des pays africains ?
«Cette enveloppe est surtout affectée aux grands projets. Pour monter un grand projet, il faut beaucoup de temps parce qu’il faut des études de faisabilité, d’impact environnemental, des études financières. Cela demande du temps. Depuis l’année dernière, les départements ministériels sénégalais travaillent d’arrache-pied sur ces projets pour essayer de les boucler rapidement. Je me félicite des résultats déjà obtenus et je suis prêt à travailler avec mes différents interlocuteurs pour que les choses aillent plus vite».
Dans la coopération culturelle, il est prévu la construction à l’Ucad d’un bâtiment devant abriter l’Institut Confucius. Où en êtes-vous ?
«C’est un projet déjà retenu et il sera financé par un don chinois. Le site est déjà bien identifié, les études géologiques ont déjà été faites, le plan d’architecture bouclé. Ce que j’essaie de faire, c’est de voir le lancement physique des travaux avant la fin de l’année. Avec ce bâtiment de l’Institut Confucius, ce volet de la coopération va se dérouler dans un cadre plus convivial, plus confortable».
De nombreux Sénégalais installés en Chine se plaignent de n’avoir pas de papiers ou ne les obtiennent pas facilement. Ne pensez-vous pas que, pour une meilleure coopération, il faudrait régler ce problème ?
«Il y a effectivement de nombreux Africains sur le sol chinois qui y développent des activités commerciales ou industrielles. Ils contribuent ainsi et au développement de la Chine et à celui de l’Afrique. Effectivement, certains parmi eux ont du mal à avoir des papiers. C’est une réalité. Mais il est bon d’expliquer cette situation. Beaucoup partent avec un visa touristique, alors que dans la panoplie de nos visas, il y a des visas de court séjour et d’autres de longue durée. Le second volet de ce problème, c’est de trouver une solution grâce à des consultations politiques, diplomatiques dans une ambiance amicale à la hauteur de nos relations politiques avec les pays africains. Il faut une solution adéquate pour permettre à ces africains de mieux vivre et de mieux travailler en Chine. C’est une préoccupation de la Chine. Que ce soit l’Etat central ou les autorités locales, des efforts seront faits pour permettre à ces Africains de mieux travailler et de mieux vivre en Chine. Mais, j’avoue que la situation n’est pas aussi critique que le décrivent les médias occidentaux».
Vous êtes impliqués dans le projet de construction d’une arène de lutte. Où en êtes-vous actuellement ?
«A ce stade, l’arène de lutte est un dossier en étude, et la Chine a donné son accord formel pour réaliser le projet. Un plan de financement est déjà arrêté. Chaque année, l’Etat chinois prévoit une enveloppe pour financer les projets en cours et des projets à retenir par les deux parties. L’arène de lutte se trouve déjà sur cette liste d’attente des projets et en toute priorité. Aujourd’hui, il est temps pour les deux parties de faire tout le nécessaire pour reprendre tous les travaux du Musée des civilisations noires. En ce qui concerne l’arène nationale, une mission d’études techniques a déjà séjourné à Dakar en juillet. Les premières études sont en cours».
Peut-on s’attendre à un partenariat dans le basket ?
«Beaucoup de choses ont été faites en sport. Principalement avec le tennis de table, les arts martiaux, etc. Pour nous, le basket est une piste de travail. Avec l’accord du ministère sénégalais des Sports, ce serait probablement un domaine dans lequel les deux parties pourraient monter une coopération».
Vous avez évoqué de nombreux projets. A vous entendre parler, on a l’impression que les lenteurs sont du côté sénégalais…
«Le mot lenteur aurait une connotation péjorative. L’administration a ses règles, que ce soit du côté de l’administration sénégalaise ou celle de la Chine. Il y a des formalités et des règles à respecter. Quand il s’agit d’une coopération intergouvernementale, il y a toujours un immense travail administratif à faire. L’idéal, c’est que des deux côtés, les deux administrations compétentes puissent travailler en synergie pour essayer de simplifier les choses. C’est ce que j’ai essayé de faire avec tous les départements ministériels compétents. J’ai essayé de monter un mécanisme de coordination avec votre nouvel ambassadeur à Pékin avant son départ. Je pense que grâce aux efforts conjugués de part et d’autre, on arrivera à une formule plus simplifiée pour faciliter les choses et rendre plus productive, plus efficace et plus efficiente notre coopération pour qu’elle donne des résultats plus probants, plus substantiels. Parmi les grandes orientations de Son Excellence, le président Macky Sall, il y a la bonne gouvernance. Depuis son accession à la magistrature suprême, l’Etat sénégalais a fait un effort louable dans la consolidation de l’Etat de droit et pour une meilleure gouvernance. Ces efforts nous permettront de travailler dans un environnement toujours plus favorable. Cela nous donnerait plus de facilité pour faire avancer notre coopération ainsi que les différents projets».
L’autoroute Thiès-Touba soulève une grande polémique. On parle même d’un marché de gré à gré avec une entreprise chinoise chargée des travaux. Qu’en est-il réellement ?
«Des bruits circulent sur cette approche de gré à gré, mais ce que je peux dire, c’est que tant que les règles juridiques et réglementaires sont respectées, je ne vois pas pourquoi on conteste la validité de cette approche».
Est-ce un contrat de Partenariat public privé (Ppp) ?
«C’est un contrat Ppp, mais dans le montage de ce projet, le Sénégal a besoin d’une expérience technique qualifiée. L’idée consiste à utiliser des moyens financiers d’aide publique au développement mis, par l’Etat chinois, à la disposition des Etats africains pour financer un tel projet. Mais, dans la préparation du dossier, vous avez besoin d’une expérience technique. L’entreprise chinoise est la plus grande structure de notre pays spécialisée en ponts et chaussées. Elle a ses réalisations en Chine et partout dans le monde. Je me demande pourquoi on conteste cette approche».
Quel a été l’avis de la Dcmp et de l’Armp, les deux structures de contrôles, dans la conduite de ce dossier ?
«Je pense que l’Etat sénégalais a, jusqu’ici, fait les formalités nécessaires en respectant les attributions en tenant compte des prérogatives de ces deux instances de régulation. Dans la mesure où toutes les règles juridiques et règlementaires ont été respectées, je me demande pourquoi on dirait que les règles sont bafouées. Depuis le lancement du forum sino-africain en 2000, l’Etat chinois ne cesse de faire des efforts toujours plus importants pour booster la coopération sino-africaine. C’est au cours de la 5ème Conférence ministérielle de ce forum qui a eu lieu en juillet 2012 que le chef de l’Etat chinois a promis de mettre à la disposition des pays africains une enveloppe de 20 milliards de dollars US sous forme de prêts préférentiels. Aujourd’hui, les autorités chinoises compétentes ont déjà décaissé une bonne partie de cette enveloppe. Du côté de l’ambassade de Chine à Dakar, nous espérons que le Sénégal ne va pas rater le coche et va bénéficier d’une bonne partie de cette enveloppe. Il faut donc aller vite».
Le Sénégal a-t-il déjà utilisé ce guichet concernant l’enveloppe de 20 milliards de dollars mise à la disposition des pays africains ?
«Cette enveloppe est surtout affectée aux grands projets. Pour monter un grand projet, il faut beaucoup de temps parce qu’il faut des études de faisabilité, d’impact environnemental, des études financières. Cela demande du temps. Depuis l’année dernière, les départements ministériels sénégalais travaillent d’arrache-pied sur ces projets pour essayer de les boucler rapidement. Je me félicite des résultats déjà obtenus et je suis prêt à travailler avec mes différents interlocuteurs pour que les choses aillent plus vite».
Dans la coopération culturelle, il est prévu la construction à l’Ucad d’un bâtiment devant abriter l’Institut Confucius. Où en êtes-vous ?
«C’est un projet déjà retenu et il sera financé par un don chinois. Le site est déjà bien identifié, les études géologiques ont déjà été faites, le plan d’architecture bouclé. Ce que j’essaie de faire, c’est de voir le lancement physique des travaux avant la fin de l’année. Avec ce bâtiment de l’Institut Confucius, ce volet de la coopération va se dérouler dans un cadre plus convivial, plus confortable».
De nombreux Sénégalais installés en Chine se plaignent de n’avoir pas de papiers ou ne les obtiennent pas facilement. Ne pensez-vous pas que, pour une meilleure coopération, il faudrait régler ce problème ?
«Il y a effectivement de nombreux Africains sur le sol chinois qui y développent des activités commerciales ou industrielles. Ils contribuent ainsi et au développement de la Chine et à celui de l’Afrique. Effectivement, certains parmi eux ont du mal à avoir des papiers. C’est une réalité. Mais il est bon d’expliquer cette situation. Beaucoup partent avec un visa touristique, alors que dans la panoplie de nos visas, il y a des visas de court séjour et d’autres de longue durée. Le second volet de ce problème, c’est de trouver une solution grâce à des consultations politiques, diplomatiques dans une ambiance amicale à la hauteur de nos relations politiques avec les pays africains. Il faut une solution adéquate pour permettre à ces africains de mieux vivre et de mieux travailler en Chine. C’est une préoccupation de la Chine. Que ce soit l’Etat central ou les autorités locales, des efforts seront faits pour permettre à ces Africains de mieux travailler et de mieux vivre en Chine. Mais, j’avoue que la situation n’est pas aussi critique que le décrivent les médias occidentaux».
Sans sécurité, il n’y a pas de développement et on ne voit pas la Chine participer aux efforts de paix en Afrique, ou très rarement…
«Nous comprenons parfaitement l’importance de la sécurité et de la stabilité pour l’essor d’un continent. Si la Chine est parvenue à faire des choses remarquables ces 30 dernières années, c’est parce que nous avons trouvé une solution harmonieuse sur cette trilogie entre réforme-développement et stabilité. Sans la réforme, le développement de la Chine sera atone. C’est avec la réforme qu’on arrive à rendre plus dynamique le développement. Mais pour développer le pays, il faut qu’il y ait un contexte fait de stabilité et de sécurité. C’est le préalable pour faire la réforme et le développement. Et c’est avec la réforme et le développement qu’on aurait plus de moyens pour assurer la sécurité et la stabilité. Ce sont trois volets en étroite interaction et à partir de notre propre expérience, nous sommes très attachés à la stabilité et à la sécurité de ce continent. Dans les instances internationales, chaque fois qu’un dossier africain est étudié, la Chine est toujours en première ligne pour défendre les intérêts africains. Un dernier exemple, c’est autour d’une démarche lancée par les Africains pour réaménager la procédure judiciaire de la Cpi. La Chine vient de boucler sa présidence à la tête du Conseil de sécurité, et c’est elle qui a appuyé ce projet de résolution déposé par les pays africains. Malheureusement, à cause des oppositions, ce projet de résolution des pays africains n’a pas abouti. Mais, la Chine est toujours prête à appuyer les pays africains dans leurs efforts pour y parvenir. Car, à notre avis, c’est une démarche qui donnerait plus de chance aux pays concernés de restaurer la paix, de préserver la stabilité.
Dans le concret, les forces armées chinoises sont très actives sur ce continent, dans le cadre des opérations onusiennes de maintien de la paix. On voit leur silhouette en Rdc, au Libéria et au Soudan. Pour le cas du Mali, je suis en train de négocier avec les autorités sénégalaises compétentes, l’autorisation du survol du territoire sénégalais pour l’envoi de plusieurs milliers de militaires chinois dans ce pays. Un contingent précurseur se rendra au Mali dans une semaine en survolant l’espace aérien sénégalais».
Les médias publics sont un secteur parfois déficitaire et doivent être soutenus par des subventions. Qu’en pensez-vous ?
«A mon avis, que ce soit la presse publique ou la presse privée, chacun joue un rôle très important. Concernant la presse écrite officielle, pour nous, « Le Soleil » est la première source pour connaître ce qui se passe dans le pays. Et après, pour le même évènement, on voit d’autres analyses et d’autres commentaires de la presse privée. Cela nous donne une approche beaucoup plus équilibrée de l’information. Tout à l’heure, j’ai insisté sur le volet éducatif de la presse, parce que, que l’on soit en Chine ou au Sénégal, le niveau d’éducation n’est pas aussi élevé que dans les pays développés. Je me souviens de ce qui se passait en Chine dans les années 70 et 80. A l’époque, l’enseignement de l’anglais et du français était d’un niveau très bas. Mais, c’est la télévision et la radio chinoises qui ont fait un travail très intéressant pour donner des cours de français et d’anglais. Bien entendu, à l’époque, le téléenseignement, assuré par la télévision et la radio, couvrait toutes les autres matières. C’est le rôle pédagogique, didactique de la presse. Je pense qu’aujourd’hui, la presse officielle a toujours toute sa place pour éduquer et enseigner».
En Chine, vous parlez d’économie socialiste de marché. Que reste-t-il du communisme ?
«Entre le modèle socialiste chinois et l’économie de marché, il n’y a pas de contradiction. Le socialisme a pour objectif de permettre à tous les Chinois de mener une vie décente et plus heureuse. Alors que l’économie de marché n’est qu’un moyen pour réaliser cet objectif. C’est grâce à ce socialisme aux couleurs chinoises et à cette économie de marché socialiste que la Chine a réalisé toutes ses performances économiques et sociales depuis 30 ans».
On dit très souvent que la Chine inonde les pays africains de produits bas de gamme. Que répondez-vous face à ces accusations ?
«Je pense qu’on trouve dans un marché typique comme celui du Sénégal des produits chinois de très bonne qualité avec une très grande et très haute technicité. Si l’on dit aujourd’hui que la Chine est une fabrique mondiale, c’est parce que les entreprises chinoises arrivent à répondre à tous les besoins, parce que les Européens et les Américains s’affolent en soutenant que leur marché est inondé de produits chinois. Mais, si aux Etats-Unis et en Europe, ce qu’on trouve c’est aussi des produits bas de gamme, ils ne doivent pas s’affoler. C’est parce que ce sont des produits qui, sur le plan technique, arrivent à rivaliser avec les produits d’autres pays. En ce qui concerne le marché africain, j’estime que la faute est à rechercher des deux côtés. Premièrement, il faut que les services chinois chargés du contrôle de la qualité travaillent mieux, parce qu’on ne peut pas compter seulement sur la sincérité, l’honnêteté des hommes d’affaires, et en même temps, il faut être conscient que si ces hommes d’affaires africains se rendent de plus en plus nombreux en Chine pour faire venir ces produits en bas de gamme, c’est parce que ces produits répondent aux besoins d’une certaine catégorie sociale des populations. Il y a donc un effort à faire des deux côtés».
Où en est-on sur les échanges culturels entre le Sénégal et la Chine ? Les Chinois connaissent très mal l’Afrique. Ici également, ce que les gens retiennent de votre pays, ce sont les arts martiaux et les films d’actions. Comment faire pour que les Sénégalais aient une autre vision de la Chine ?
«Quand une troupe chinoise vient à Dakar, ce que je remarque, c’est un grand engouement similaire à l’intérêt que les Chinois portent aux troupes sénégalaises. Cela montre qu’il y a beaucoup d’efforts à faire pour permettre à nos populations de mieux se connaître, se comprendre et de travailler dans une solidarité plus forte. Avec le Sénégal, nous avons signé un accord de coopération valable 3 ans, et chaque année, il y a un plan d’actions. En janvier prochain, une troupe artistique chinoise viendra à Dakar. Je pense qu’entre l’Afrique et la Chine en général et le Sénégal en particulier, les échanges culturels seront plus intenses. Nous sommes prêts, sur les plans matériel et financier, à faire des efforts. Et pour avoir une meilleure connaissance de l’Afrique, Radio Chine internationale ou encore l’Agence Chine nouvelle envoie en Afrique et au Sénégal des correspondants. C’est d’autant plus important que l’Afrique soit mieux montrée. Radio chine internationale va organiser, mercredi, une cérémonie de lancement d’une série télévisée « Doudou et ses belles mères ». Les téléspectateurs sénégalais verront que les Chinois ont les mêmes joies, les mêmes peines que les Sénégalais. Finalement, les deux peuples sont très proches. C’est un début qui donnera un résultat très concluant pour permettre à nos populations respectives de mieux se connaître et se comprendre. Mais, j’avoue que c’est un domaine qui est en retard par rapport à notre coopération politique et commerciale. Ce retard sera rattrapé parce que c’est un volet très important qui contribuerait, grâce à un épanouissement général, à un développement toujours plus poussé de nos relations politiques et de notre coopération économique et commerciale».
La tension monte dans les îles Diaoyu et on a même appris la violation de la zone aérienne chinoise. Que pensez-vous de cette situation ?
«C’est une très longue histoire. Si vous prenez une carte de l’Asie, vous verrez, dans la Mer sud de la Chine, une ligne discontinue composée de 9 tranches. Cette ligne a été tracée depuis bien longtemps. Jusqu’aux années 1970, aucun pays de la zone n’a contesté la raison d’être et la légalité de cette ligne discontinue. C’est sous l’impulsion de certaines forces extérieures que des pays de la zone commencent à revendiquer telle ou telle île. Concernant le contentieux qui existe entre la Chine et le Japon sur les îles Diaoyu, c’est encore un héritage de la colonisation japonaise. A la fin du 19ème siècle, l’Etat japonais a lancé une guerre d’agression contre la Chine et celle-ci a perdu. C’est à la suite de cette guerre que le Japon a colonisé Taïwan et des îlots qui lui étaient rattachés. Plus tard, il a été dit, dans la déclaration du Caire et la déclaration de Postdam, que l’Etat japonais a l’obligation de restituer à l’Etat chinois tous les territoires occupés. C’est dans ce cadre que Taïwan est redevenu une partie intégrante du territoire chinois. Mais les Américains qui s’étaient emparés de ces îlots ne les ont pas rendus aux Chinois. Ensuite, ils ont confié l’administration de ces îlots à l’Etat japonais. Mais cela ne peut changer le fait que ces îlots sont une partie intégrante du territoire chinois. Tant que l’Etat japonais ne reconnaîtra même pas aujourd’hui l’existence d’un contentieux, il y aura toujours des problèmes dans les relations sino-japonaises».
Comment expliquez-vous le bond en avant fait par la Chine en si peu de temps. Quel est votre secret ? Pensez-vous que le Sénégal dispose des mêmes atouts ?
«Si l’on prend le Produit intérieur brut (Pib), la Chine se trouve économiquement au deuxième rang mondial. Le secret de cette réussite est dans l’autorité de l’Etat, la discipline des concitoyens, l’assiduité dans le travail et je pense que c’est toujours fort de ces éléments que la Chine pourra avancer dans son processus de développement. Les gens disent souvent que dans un avenir proche, la Chine sera la première puissance mondiale. Pour analyser la puissance globale d’un pays, il y a plusieurs repères. Aujourd’hui, si l’on divise le Pib par habitant, la Chine se trouverait à quelque 100ème rang mondial. Et même le jour où elle aura le premier Pib mondial, la Chine restera un pays en développement. Elle aura toujours devant elle un très long chemin et même un parcours difficile et sinueux pour devenir un pays prospère. Et dans nos efforts à l’avenir, nous avons un partenaire très important, le continent africain».
On dit que l’avenir du monde ne se fera pas sans l’Afrique. En êtes-vous convaincu ?
«A notre avis, l’ordre international politique et économique est à réajuster pour donner plus de droits au monde en développement. Dans leurs efforts pour le développement, les pays du Sud sont aujourd’hui pénalisés par l’ordre international actuel. Un monde plus équilibré, plus juste ne pourrait pas voir le jour sans l’émergence du continent africain. La Chine et les pays africains se trouvent ainsi dans le même camp pour mener un combat en commun. Nous sommes prêts à partager, avec vous, notre expérience, notre expertise. Mais la Chine ne s’érigerait jamais en donneur de leçons pour l’Afrique».
Il y a quelques semaines, des explosions ont eu lieu à la Place Tiananmen. On accuse même des fondamentalistes musulmans. N’y a-t-il pas un risque de fragilisation de la liberté de culte dans votre pays ?
«Dans le monde actuel, nul n’est épargné par le terrorisme. Vous avez tout près de chez vous un foyer de tension qu’est le Mali. C’est dire que dans le combat contre l’extrémisme et le terrorisme, nous avons devant nous les mêmes défis. Ce qu’il faut éviter de faire, c’est de politiser les choses».
La Gambie vient de rompre ses relations avec Taïwan, probablement au profit de la Chine. Quelle est votre réaction ?
«Nous avons été pris de court et le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a été très clair à ce sujet. Concernant cette rupture des soi-disant relations entre la Gambie et Taïwan, nous avons eu l’information par la presse. Avant cela, il n’y a pas eu de contact entre Beijing et Banjul. De notre côté, nous sommes prêts à développer des relations de coopération amicale avec la Gambie sur la base des cinq principes de la coexistence pacifique. Par ailleurs, les rapports entre les deux rives du détroit de Taïwan sont pour nous d’importance majeure».
De nombreux commerçants chinois sont installés sur le boulevard Général de Gaulle. Le maire de Dakar a décidé d’assainir cette voie. Que pensez-vous de cette initiative ?
«Je pense que sur le plan macroéconomique, on pourrait faire une analyse lucide sur l’état dans lequel se trouve l’économie sénégalaise. Même dans des pays très développés, l’économie informelle existe toujours, parce que c’est une économie qui répond à certains besoins. Dans l’état actuel où se trouve le Sénégal, que ce soit sur le plan économique ou sur le plan social, je me demande s’il est possible de se passer complètement des activités informelles. Car, c’est une partie de la vie quotidienne des gens et de la vie économique de ce pays. La vie ou la survie d’une grande partie de la population est liée à ces activités informelles. Tout le monde souhaite que Dakar soit mieux assainie, mieux organisée, plus propre, parce que c’est dans l’intérêt de tout le monde. Mais, pourrions-nous y arriver du jour au lendemain? Nous allons travailler avec toutes les autorités compétentes pour trouver une approche qui arrivera à ménager tous les intérêts».