Les 48 étudiants en agriculture et en génie rural décrètent une grève de la faim illimitée
LEUR MARCHE REPRIMEE PAR LES GENDARMES A DIACKSAO
Une grève de la faim illimitée suivie de menaces de suicide. C'est la riposte donnée hier dimanche, par les élèves du Centre national des techniciens en agriculture et en génie rurale de Ziguinchor (Cnftagr) à la suite de leur marche pacifique réprimée par les gendarmes à hauteur de Diack Sao, dans la banlieue dakaroise.
Ces incidents avaient été précédés par une médiation avortée de leur ministre de tutelle, Abdoulaye Baldé. Ce dernier qui leur avait rendu visite samedi dernier dans les locaux de la Direction de la protection des végétaux (Dpv) de Thiaroye sur Mer, sise sur la Route de Rufisque, les avait exhortés de surseoir à leur marche sur Dakar, pour l'ouverture de négociations. Ce que les potaches ont refusé, exigeant séance tenante des garanties pour la satisfaction de leur unique doléance, à savoir leur insertion automatique dans la fonction publique. Déterminés à obtenir satisfaction, les élèves de Ziguinchor au nombre de 48, après avoir dormi dans les locaux de la Dpv, ont tenté hier dimanche, très tôt dans la journée, de rallier Dakar centre. Mais ils ont été stoppés par les gendarmes à hauteur de Diack Sao.
Ils ont été dispersés à coups de grenades lacrymogènes. Une situation qui a provoqué un embouteillage monstre sur la nationale 1. Escortés par les gendarmes et contraints de regagner de force les locaux de la Dpv de Thiaroye, les potaches fredonnaient en chœur, comme un cri de guerre : "nous disons non, nous disons non a l'injustice ". Mécontents de cette situation, ils sont sortis pour faire une déclaration annonçant leur grève de la faim. Ils ont aussi menacé de mettre fin à leurs jours si rien n'est fait par l'Etat pour résoudre leur problème. Selon Ousseynou Kane, leur porte-parole : " On va faire une grève de la faim et tant qu'on ne sera pas satisfait, on n'arrêtera pas. Quitte à mourir. Nous sommes prêts à nous suicider". Et lui d'ajouter : «On a proposé des soins à 5 d’entre nous qui sont blessés mais nous ne voulons rien d’eux. Seulement une insertion à la fonction publique".
Sur un éventuel forcing de les ramener à Ziguinchor, M. Kane prévient : "nous allons tous nous suicider, s'ils tentent de nous ramener de force sur Ziguinchor". Ces potaches ont entre autres fait remarquer que : " Il y a une discrimination entre les centres nationaux de formation. On recrute ceux de la Pêche, des Eaux et forêts. Mais pourquoi pas nous? Nous estimons même que c'est une aberration dans un pays comme le nôtre qui veut faire de l'agriculture sa force motrice de développement alors que les ressources humaines manquent". Poursuivant ses propos, Kane ajoute que " le personnel agricole est vieillissant. Aucun recrutement n'a été fait ces dernières années. C'est grave pour un pays qui veut atteindre l'autosuffisance alimentaire".
Pour le moment, les nerfs sont encore tendus chez ces potaches techniciens en agriculture qui promettent dans les jours à venir d'autres formes de lutte pour se faire entendre. Les raisons de la brouille ? Arrivés samedi dernier, après 14 jours de marche, en file indienne dans les locaux de la Direction de la protection des végétaux (DPV) sous escorte de la sûreté urbaine vers 15h, les élèves ont fait attendre le ministre de l’Agriculture, Abdoulaye bibi Baldé, qui était sur les lieux 4 h avant. Dés qu'ils ont foulé la porte de la DPV, les responsables décident que seules deux à trois personnes pouvaient rencontrer le ministre, ce que les autres élèves ont refusé. " Il va rencontrer tout le groupe, sinon rien ", a lancé un des élèves qui se tient difficilement, à cause des 14 jours de marche.
Une fois dans la salle le ministre offre l'hospitalité aux jeunes en ces termes : "s'il y a des malades qu'ils se signalent, on va s'occuper d'eux ", a d'emblée martelé Abdoulaye Bibi Baldé .Les élèves ont répondu par la négative. Jules Nzalé, au nom des "marcheurs", après avoir remercié le ministre a indiqué : "Nous ne voulons que notre insertion au niveau de la fonction publique". Le ministre de rétorquer que « c'est une demande impossible pour cette année car l'Etat planifie ses actions », avant de leur promettre des négociations pour trouver une solution à leurs revendications. avant de les inviter à rejoindre le centre horticole de Camberene afin de se reposer pour reprendre les pourparlers ce lundi.
Les élèves ont décliné ces propositions malgré l'insistance du ministre, du gouverneur, et d’autres responsables venus assister à la rencontre. Ils campent sur leurs positions et décident de dormir à la belle étoile dans la cour de la Dpv. Cependant, les forces de l’ordre s'étaient déjà postées devant les locaux pour veiller au grain .Au cours de la rencontre le gouverneur de la région de Dakar, Cheikh Tidiane Ndoye avait mis en garde ces jeunes en ces termes "Nous n'allons pas déroger à notre mission de maintien de l'ordre public ".