LES AMBULANTS DE PETERSEN DESCENDENT EN FLAMMES L’IMAM DE LA GRANDE MOSQUEE
APRÈS QUE ALIOUNE MOUSSA SAMB LES A TAXÉS DE "DOLLI NDAKAROU"
Qualifiés de "Dolli Ndakaaru" par l'imam ratib de la Grande mosquée de Dakar, le jour de la Korité, les marchands ambulants de Peterson lui ont porté la réplique, hier. Ils ont ainsi descendu El Hadji Alioune Moussa Samba en flammes.
Décidément, les propos de l'imam El Hadji Alioune Samb de la Grande Mosquée de Dakar, lors de son prêche du jour de la Korité, font polémique à plus d'un titre. Et ce n'est pas seulement la partie politique de son sermon qui continue d'alimenter les débats. Ses propos sur les marchands ambulants, venus de l'intérieur du pays pour envahir Dakar, lui valent aussi une volée de bois vert de la part de ce dernier. Hier, ces marchands ambulants tabliers établis au marché du garage Petersen ont ainsi tenu une conférence presse au cours de laquelle ils ont déversé leur bile sur l'imam de la Grande mosquée.
Selon le président des marchands ambulants, Cheikh Thiam, l'imam de la Grande mosquée de Dakar a commis une erreur dans son sermon. "Car il a tenu à stigmatiser les commerçants de Petersen et les a taxés de "Dolli Ndakaaru" (Ndlr : envahisseurs de Dakar). Ça c'est de la stigmatisation. Pire encore, il a dit que c'est nous les marchands ambulants qui salissons Dakar, ce qui ne colle pas avec notre image", dénonce-t-il.
Ainsi, Cheikh Ndiaye et ses camarades demandent-ils à ce que l'imam retire ses propos blessants qu'il a tenus à leur égard. "Parce que nous pensons que sa langue a fourché, nous ne pouvons pas comprendre une telle stigmatisation. Sinon comment comprendre que lui-même qui a une maison au quartier Thiédem, à la Médina, il a ouvert ses portes à des marchands tabliers. Parce que dans la maison, il y a des tables où des gens vendent le petit déjeuner devant la porte même de sa demeure. Il y a aussi chez lui une cantine, une école arabe et une table où on vend de la cigarette. Tout ça, on le sait. Et c'est lui qui tente de dénigrer les marchands de Petersen", regrette le jeune commerçant.
Ruminant sa colère, il fait savoir à l'imam qu'eux aussi font partie de la société et personne n'est plus sénégalais qu'eux. "Nous sommes tous des Sénégalais. Alors, pourquoi nous stigmatiser en parlant d'ethnie ? Ce n'est pas bien. Or, nous sommes tous pareils, nous avons une même identité. C'est d'être des Sénégalais. Moi qui vous parle, je suis à Dakar depuis 1985. Je ne suis jamais sorti pour aller dans un autre pays où j'ai fait une semaine. Donc, si je suis un "Dolli Ndakaaru", lorsqu'on me sort de Dakar, alors il ne restera rien à Dakar", peste-t-il.
"Si je suis un "Dolli Ndakaaru", lorsqu'on me sort de Dakar, il ne restera rien à Dakar"
"Moi, je n'ai de champ nulle part comme le dit l'imam à notre sujet. Je pense que le fait de cultiver ou d'avoir un champ revient à l'imam. Parce que l'imam doit vivre à la sueur de son front, aider les pauvres. Mais il n'a pas le droit de soudoyer quelqu'un pour avoir de l'argent. Mais si un imam pense à son intérêt en caressant dans le sens du poil celui qui lui donne de l'argent, son comportement mérite d'être revu", charge-t-il.
Cette rencontre a aussi permis à Cheikh Thiam et ses collègues de plaider pour la libération de trois des leurs, arrêtés par la police de Rebeuss. "Avant-hier, le commandant de Rebeuss est venu à Petersen. Il y avait 3 marchands tabliers qui tentaient de s'installer dans un espace dont ils étaient déguerpis le week-end et il les a accueillis avant de les conduire au commissariat. Jusqu'à hier nous avons tenté de faire une médiation pour les libérer, sans succès. Car ils n'ont rien fait, il voulait juste s'installer, rien de plus. Et nous avons eu échos qu'on va les déférer au parquet, ce que nous n'accepterons pas", avertit-il.
A en croire M. Ndiaye, les ambulants ne sont pas des voleurs, encore moins des agresseurs. Leur credo c'est de travailler à la sueur de leur front. "Ce que nous voulons, c'est juste travailler et gagner notre vie de façon honnête. Nous ne sommes pas des voleurs, ni des délinquants, encore moins des agresseurs. Nous sommes juste d'honnêtes citoyens et nous voulons travailler pour pouvoir subvenir à nos besoins. Quelqu'un qui se lève pour travailler mérite un autre traitement, au lieu de lui mener la vie dure", conclut-il.