LES BLOUSES BLANCHES DEHORS
POUR DE MEILLEURES CONDITIONS DE TRAVAIL
Promettant, il y a quelques jours, de passer à la vitesse supérieure dans leur plan d’actions de grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail, les médecins du Sénégal ont passé à l’acte hier mardi. C’est à travers une marche pacifique initiée par le SAMES (Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal) qu’ils ont dénoncé les mauvaises conditions dans lesquelles ils sont obligés d’exercer leur boulot, non sans exiger du gouvernement, un peu plus de «respect et de considération».
La place de l’Obélisque recevait dans la matinée d’hier des hôtes pas du tout familiers. Il s’agit des médecins du Sénégal qui, ayant observé des grèves cycliques depuis plus d’un mois, ont décidé d’accélérer la cadence de leur plateforme revendicative avec une marche pacifique qui a réuni tous les syndicats de praticiens de la santé au Sénégal. Que ce soient le SUTSAS-SAS, la FGTS ou la section médecine, pharmacie et odontologie du SAES, tous se sont ainsi donné rendez-vous devant le célèbre monument pour se faire entendre. Car selon le Dr. Mbaye Paye, coordonateur de la marche et par ailleurs secrétaire général du Syndicat Autonome des Médecins du Sénégal (SAMES), « il y a des problèmes réels qui existent dans les structures de santé, surtout par rapport au plateau technique qui est dérisoire, obsolète, mais aussi par rapport aux équipements, aux infrastructures et également au déficit des ressources humaines».
Déjà à neuf heures, les blouses blanches, toutes catégories confondues, étaient nombreuses à se pointer dans cette partie de Colobane pour participer à la manifestation organisée à l’initiative du SAMES. Tout de blanc vêtus, tensiomètre au cou de certains, les médecins semblaient préparer une séance de consultations gratuites. Une impression vite éteinte quand le secrétaire général du syndicat organisateur, s’adresse à ses collègues en ces termes : «On va marcher pour sensibiliser l’opinion sur ce que nous endurons dans le travail et interpeller les autorités à changer la situation en notre faveur».
Après ce bref discours, il a fallu une quinzaine de minutes dédiées aux derniers réglages avant qu’ils ne quittent en bloc, sous escorte policière, la place de l’Obélisque. Arpentant en rangs serrés le boulevard Général De Gaulle pour se rendre au rond point RTS, telle que prévue par l’itinéraire tracé par le préfet de Dakar, les médecins n’ont pas manqué d’imagination pour revendiquer une revalorisation du praticien de la santé et du plateau technique. Non contents de crier à tue-tête : « Nous sommes fatigués !», ils ont étalé, tout au long de leur promenade, des pancartes et banderoles avec des expressions du genre : « Du respect pour les médecins » ; « Les médecins sont des biens mal utilisés » ; « trois fois plus d’études = quatre fois moins rémunérés » ; « Médecin serein = Malade en sécurité ».
Arrivés au niveau du rond point de la RTS, les orateurs qui se sont relayés au micro n’ont pas été tendres avec le gouvernement. Et c’est le Dr. Serge Kuadjuvi qui ouvrira le bal. Selon lui, les autorités compétentes doivent revoir leur copie dans la mesure où une manifestation de praticiens de la santé n’est pas une fierté pour le Sénégal. «C’est honteux de voir la plus haute hiérarchie de la fonction publique sortir pour manifester», s’emporte-t-il. Suffisant pour que le Professeur Malick Fall du SAES rappelle le vrai bénéficiaire de ces revendications, si jamais elles sont satisfaites. «En réalité, c’est le malade qui tire le plus de bénéfice dans ces revendications d’autant plus que si le médecin est satisfait, la santé du patient est assurée». Sidya Ndiaye, lui, a tiré à boulets rouge sur la Couverture Maladie Universelle (CMU) qui « n’est qu’une coquille vide ». Il appelle les autorités à faire dans le concret en appelant tous les syndicats autour d’une table de négociation.
Rappelons que les médecins ne comptent pas lâcher du lest. Car hormis cette marche, ils vont compléter, aujourd’hui, les 24 heures des 72 heures de grève. Ce n’est pas tout : si les autorités ne réagissent pas à leur avantage une autre grève est encore prévue les 27, 28 et 29 mars prochains. A noter que les services dans les urgences et pour les malades hospitalisés sont toujours assurés.