LES CONSEILLERS ATTAQUENT MANKEUR SANS DIPLOMATIE
REPLIQUE A LEUR MINISTRE DE TUTELLE
L’Union des conseillers des Affaires étrangères (Ucaes) et l’Amicale des chanceliers des Affaires étrangères (Acaes) ne décolèrent pas contre leur ministre de tutelle. Elles se sont insurgées dans un communiqué rendu public contre la dernière sortie de Mankeur Ndiaye relative à leurs revendications.
Le ton monte encore au ministère des Affaires étrangères. Hier, l’Union des conseillers des affaires étrangères (Ucaes) et l’Amicale des chanceliers des Affaires étrangères (Acaes) ont réagi aux déclarations du ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. A travers leur document rendu public, ces fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères évoquant la réaction de leur autorité de tutelle à leur communiqué conjoint publié le 13 mai 2013 et relatif aux nominations, affectations et conditions de travail au ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, «déplorent, tout d’abord, l’option du ministre d’apporter une réponse politique aux importantes questions réelles et objectives qui ont été soulevées».
«Loin d’être surprises par cette attitude qui s’inscrit dans la droite ligne des agissements incompréhensiblement hostiles de celui qui fut, sept années durant, directeur de cabinet au Département», l’Ucaes et l’Acaes «tiennent, tout de même, à rappeler que les principes les plus basiques de la morale politique, devraient interdire à une Autorité publique de se réfugier derrière sa casquette politique pour s’affranchir du devoir imprescriptible et intemporel de vérité. Une telle stratégie ne fait, d’ailleurs, que trahir, une inaptitude à apporter de vraies réponses aux vraies questions contenues dans le communiqué», constatent ces conseillers et chanceliers des Affaires étrangères.
Revenant sur «la courtoisie» de leur démarche, l’Ucaes et l’Acaes soulignent que contrairement aux affirmations de Monsieur Mankeur Ndiaye, les diplomates de carrière, formés à bonne école, ont fait montre de suffisamment de patience et d’élégance avant d’alerter l’opinion. Pour preuve, les questions évoquées dans le communiqué l’ont été à deux reprises (janvier et mars) dans le secret de son bureau sans qu’aucune démarche ne soit entreprise dans le but d’infléchir le cours des événements».
Mankeur Ndiaye «un bénéficiaire pendant longtemps de (la) prime» de sujétion
Déplorant le fait que leur ministre de tutelle ne se soit abstenu de dévoiler devant la presse le montant de leur prime de sujétion diplomatique, ces fonctionnaires des Affaires étrangères indiquent que Mankeur Ndiaye, «conseiller des Affaires étrangères de son état, a omis de préciser qu’il a été, lui même, pendant longtemps l’un des bénéficiaires de cette prime, tout en surestimant son propre rôle, en réalité ambigu, dans l’obtention de celle-ci».
L’Ucaes et l’Acaes de rappeler que «cette prime a été obtenue au terme de longues années de négociations, ponctuées de lutte, sous l’ancien régime, dans le but noble d’offrir un minimum de dignité aux diplomates de carrière dont le salaire mensuel était inférieur à 150.000 francs pour des sortants de l’Ena (Ecole nationale d’administration)».
S’inscrivant en faux contre les «insinuations» du ministre, ses collaborateurs notent qu’«il n’existe aucun texte spécifique régissant le pouvoir discrétionnaire de nomination aux fonctions de chef de Mission diplomatique ou consulaire aussi bien pour les professionnels que pour les personnels n’appartenant pas au Cadre des Affaires étrangères».
L’Ucaes et l’Acaes expliquent à ce propos que «le décret 89.222 du 17 février 1989 abrogeant et remplaçant les dispositions de l’article premier du décret 74.869 du 26 août 1974 fixant les conditions de nomination aux fonctions de ministre-conseiller en service dans les postes diplomatiques et consulaires, dispose que ces derniers sont nommés parmi les conseillers des Affaires étrangères principaux, ce grade pouvant, lui-même, être atteint au bout de huit ans de carrière au lieu des quinze années avancées par les autorités du ministère».
Les auteurs du communiqué informent que «le ministre (Mankeur Ndiaye) lui-même a été élevé au rang d’Ambassadeur dans sa onzième année de carrière (1992-2003), sans jamais avoir eu à passer par le grade de ministre-conseiller. Le ministre, conseiller diplomatique du chef de l’Etat, a accompli le même parcours avec une économie d’une année (1992-2002), tout comme l’Ambassadeur, Conseiller diplomatique sortant de Monsieur le Premier ministre (2002-2012). L’ancien Ambassadeur Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur a été promu au bout de douze ans (1994-2006) (…)»
L’Ucaes et l’Acaes notent que, c’est suite à une interpellation de la députée Sokhna Dieng Mbacké, lors d’une séance plénière du mois de juin 2013, devant la Représentation nationale que leur ministre de tutelle avait déclaré «sans sourciller (que) les remous dans son Département» étaient dépassés «grâce au dialogue, une vertu diplomatique, et que le chef de l’Etat avait même octroyé des terrains à usage d’habitation aux professionnels de la diplomatie», souligne le document. Ces deux Amicales ne manquent pas de s’élever «vigoureusement, contre ces contrevérités dont la gravité est amplifiée par la solennité du lieu de leur commission et la qualité de l’auditoire».
«En vérité, aucune initiative des autorités du ministère, visant à instaurer un dialogue direct ou indirect, avec les bureaux des deux Amicales n’a été prise de la publication du communiqué susmentionné à la date du 10 juillet, malgré la disponibilité de ces derniers et l’introduction de deux demandes d’audience restées, à ce jour, lettres mortes», précise le document. «L’annonce de l’attribution de terrains à usage d’habitation aux conseillers et chanceliers par le chef de l’Etat illustre parfaitement une audace déconcertante de mauvaise foi», déplorent l’Ucaes et l’Acaes, qui dénoncent par ailleurs «le remplacement, sans faute professionnelle imputée, du chef de la Division des ressources humaines, par ailleurs Secrétaire générale de l’Ucaes, au lendemain de la publication dudit communiqué».
Rien que du «chantage» et du «dénigrement»
Le Quotidien a tenté vainement de joindre le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Après plusieurs appels, nous sommes tombés sur la boîte vocale de M. Mankeur Ndiaye. Cependant, la radio privée Rfm indique que la tutelle a réagi en qualifiant la sortie des conseillers et chanceliers des Affaires étrangères «de chantage et de dénigrement». Il précise que «le mouvement des personnels obéit à une logique de fonctionnement de toute administration».