LES CONSEILS DE L’ETAT DENIENT A KARIM WADE UN STATUT DE PRISONNIER POLITIQUE
EN CONFERENCE DE PRESSE HIER
Les avocats de l’Etat du Sénégal dans le cadre du dossier de Karim Wade n’ont pas tardé à apporter la réplique aux conseils de l’inculpé qui ont fait face aux journalistes peu de temps après la première audience de jeudi dernier. Entre autres points, ils ont évoqué la «prétendue maladie» de Bibo Bourgi, le classement sans suite de l’affaire par la France, le statut de prisonnier politique dont se prévaut l’ancien ministre de la coopération internationale, l’isolement des témoins...
Si les conseils de Karim Wade se plaignent du fait que le procès qui s’est ouvert jeudi dernier soit mal parti, c’est qu’ils sont en mauvaise posture, ont estimé les avocats de l’Etat du Sénégal, Mes Yérim Sow, Papa Moussa Félix Sow, Olivier Sur, Bassirou Ngom, El hadji Diouf, Samba Bitèye, Alé Fall, Simon Ndiaye et William Bourdon. «Ils disent que c’est mal parti. Or, les droits de la défense ont été respectés. Ils ont même parlé alors qu’on ne leur avait pas donné la parole et que leur client n’était pas présent. Certains se sont permis d’applaudir, d’insulter les juges et ils se plaignent», s’étonnent les avocats de l’Etat.
Depuis le début de cette affaire, ont-ils constaté, les conseils de l’inculpé agissent comme si c’est la pression internationale qui peut faire gagner le procès à leur client.
A l’audience de jeudi, la partie adverse s’est plainte du fait que la Cour n’ait pas pris le soin de citer tous les témoins dans le dossier. Ce qui, avait souligné Me Ciré Clédor Ly, les inquiète parce que certains témoins peuvent rester dans la salle, se mêler à l’assistance et ne rien rater des débats. En guise de réponse à ces observations, les avocats de l’Etat font remarquer que le Président Henri Grégoire Diop a lu la liste complète des témoins. Et jusquelà, la cour n’en est pas encore au fond du dossier. «Qu’on arrête de prendre les gens pour des demeurés. Nous sommes aux exceptions et même si les témoins ne sont pas dans la salle, ils peuvent suivre ce qui se passe à l’audience en écoutant la radio», soulignent-ils.
Persuadés qu’Ibrahim Aboukhalil dit Bibo Bourgi n’est pas aussi souffrant qu’il veut le faire croire, les avocats confirment avoir demandé la comparution du médecin qui a signé son certificat médical. Au passage, ils rappellent que ce document ne lie pas la Cour à qui revient le dernier mot. Au lieu du certificat médical, précise Me Papa Moussa Felix Sow, Bibo Bourgi aurait dû présenter un document prouvant qu’il est dispensé de se présenter devant la barre. Ne l’ayant pas fait, il risquait un mandat d’arrêt à la place d’un mandat d’amener. Et c’est pour des raisons humanitaires que le Président ne l’a pas obligé à retourner derrière les barreaux. Au sujet du classement sans suite du dossier de Karim Wade par la
France, ils disent n’avoir pas lâché le morceau devant une mesure administrative et comptent aller jusqu’au bout. Si l’Etat du Sénégal se constitue partie civile, il pourra demander des perquisitions et des interrogations de personnes.
RIEN A CRAINDRE POLITIQUEMENT DE KARIM WADE…
S’adressant à Me Olivier Sur, Me Ibrahima Ngom pense qu’il se «trompe de pays, de démocratie et de conférence. Il n’est pas encore réveillé. Nous sommes dans un pays où il y a une démocratie reconnue dans le monde entier. Il a en face de lui un système bien huilé. Leur système de défense, c’est la victimisation
pour jeter le discrédit».
Balançant lui aussi des flèches, Me El hadji Diouf soutient : «Olivier Sur aurait dû être arrêté au Sénégal pour offense au chef de l’Etat». S’adressant aux journalistes, Me Diouf leur demande d’être prudents parce que des experts en manipulation et en diabolisation sont en train de rivaliser d’ardeur. Et quand Me Ciré Clédor Ly dit que le procès ne sera pas équitable, il manque de respect à la justice, déclare Me Diouf.
En ce qui concerne le prétendu statut de prisonnier politique dont se prévaut Karim Wade, Me Diouf réplique qu’il n’a jamais été arrêté pour ses positions politiques. Et Me Yérim Sow d’ironiser en disant qu’il n’y a rien à craindre politiquement de Karim Wade parce que pour les seules élections locales auxquelles il s’était présenté, il a été battu à plate couture dans son fief. Lundi prochain, si la partie d’en face soulève l’incompétence de la Crei, ce à quoi ils s’attendent, ils vont répondre et gagner comme ils l’ont fait à Abuja. L’optimisme règne!