LES COULOIRS DU ‘’PAVILLON A’’ TRANSFORMÉS EN DORTOIR
Hébergement au campus

Des étudiants ne disposant pas de chambres au campus de l’Ucad ont transformé les couloirs du « Pavillon A » en dortoir. Cette situation remet au goût du jour la problématique du logement dans cette institution universitaire.
En cette matinée de samedi, malgré le début du weekend, le campus grouille de monde comme à son habitude. Le flot d’étudiants allant ou revenant des amphithéâtres semble interminable. Après avoir serpenté parmi les files d'étudiants amassés dans les rues de cette « ville dans la ville », le pavillon A offre sa masse poussiéreuse à la vue.
Des étudiants gravissent les escaliers aux marches effritées, arpentent et se dispersent dans des couloirs bariolés d'annonces collées à la va vite. Ici, les chambres sont prévues pour deux, voire trois occupants. Mais, il arrive qu’une dizaine d’étudiants s’amassent dans une pièce.
Le plus grand pavillon de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), quelque 502 chambres, est avant tout un lieu où des milliers de personnes vivent l'année. Un véritable défi logistique. Mais, depuis quelques jours, un nouveau phénomène a vu le jour dans ce pavillon : le squattage des couloirs. Les étudiants qui n’ont pas trouvé de logement ont décidé, tout bonnement, d’installer des tentes dans les couloirs. Une cité dortoir dans un dortoir qui, lui-même, suffoque de promiscuité.
Dans l’un de ces couloirs, la carte postale est saisissante : des matelas disposés à même le sol, des tentes alignées, des lits en bois brinquebalants, des étudiants qui roupillent... Le spectacle est digne d’un site de réfugiés.
Et pourtant, le 1er juillet dernier, le service de sécurité du Coud (Centre des œuvres universitaires de Dakar) avait déguerpi tout ce beau monde. Mais, ils sont tous revenus dès le lendemain. Pour ces étudiants dont la plupart viennent de localités éloignées de la capitale, il n’est pas question de quitter les lieux.
Cela, malgré les conditions d’hébergement rudimentaire avec tous les problèmes d’hygiène, de santé et de sécurité que cela implique. « On n’a pas où aller ». Tel est le maître-mot. Alioune Fall Guèye, étudiant à la Faculté des Lettres, est l’un des squatteurs. Sous sa tente, il est plongé dans ses cours de philosophie. Cet originaire du Sud-Est du pays a l’air timide.
Il est bien conscient qu’il est dans l’illégalité, mais sa réponse tombe sèche quand on l’interpelle sur la question : « Que voulez-vous ? Il nous faut bien trouver un endroit où dormir. Je n’ai aucun parent à Dakar et je n’ai pas les moyens de me payer une chambre à 50.000 FCfa le mois ».
Même son de cloche chez son voisin, qui, lui, préfère garder l’anonymat. Il confie : « Vivre dans les couloirs, ce n’est pas un choix, c’est une contrainte. Ne croyez pas que nous sommes heureux de vivre à l’air libre, à la merci du soleil, du vent et de la poussière ».
Pour ces deux étudiants, comme pour leurs autres camarades qui passent la nuit à la belle étoile, la vie au campus est devenue une épreuve quotidienne avec laquelle ils composent en attendant de trouver un jour un logement.
« C’est aux autorités de faire en sorte qu’il y ait assez de chambres pour le maximum d’étudiants. Il y a assez d’espace dans le campus pour construire de nouveaux pavillons », fait remarquer Alioune.