LES DÉÇUS DU FPI ET DU PDCI SE RETROUVENT
CRÉATION D'UNE COALITION ANTI-OUATTARA AVANT LA PRÉSIDENTIELLE
Abidjan, 18 mars 2015 (AFP) - Des représentants d'une dizaine de partis politiques, issus de la majorité et de l'opposition à Alassane Ouattara, ont annoncé mardi soir la création d'une coalition contre le chef de l'Etat ivoirien, seul candidat d'envergure déclaré avant la présidentielle d'octobre.
Cette coalition qui se veut "victorieuse contre Ouattara" rassemble "tous ceux qui jugent son bilan catastrophique, tous les frustrés, les peureux, les hésitants", les "déçus" des deux camps pour qui "Ouattara ne mérite pas un second mandat", a déclaré à l'AFP Mamadou Koulibaly, l'un de ses membres, lui-même candidat déclaré au scrutin.
Des représentants du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) et du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, majorité), deux partis majeurs fortement divisés avant l'élection d'octobre, ont participé à la réunion fondatrice de ce nouveau front, a constaté l'AFP.
"On en parlait depuis de longs mois. Chacun attendait de voir l'évolution au sein de son camp avant de se décider", a expliqué M. Koulibaly, ancien président de l'Assemblée nationale sous l'ex-chef de l'Etat Laurent Gbagbo.
Seul le Rassemblement des républicains (RDR), la formation d'Alassane Ouattara, présente un visage unifié à sept mois de la présidentielle, qualifiée de cruciale pour la décrispation en Côte d'Ivoire, qui sort d'une décennie de crise politico-militaire.
"Que les gens fassent des alliances, et surtout des mésalliances, voire des mésalliances contre-nature, au RDR, ce n'est pas notre problème", a commenté Joël N'Guessan, porte-parole du parti.
Laurent Akoun, un cadre du FPI, a de son côté rejeté toute idée "d'alliance contre-nature". "Un politique prend acte du contexte dans lequel il vit et puis il avance (...) Ce sont les intérêts du pays qui commandent ces alliances. Si ça peut ramener un minimum de cohésion dans le corps social tout entier, nous nous sentons que c'est important que les Ivoiriens se rassemblent", a-t-il argumenté.
FPI et du PDCI, opposés l'un à l'autre sur l'échiquier politique, sont en proie à des scissions internes. Un nombre croissant de militants du FPI conteste l'autorité du président du parti, Pascal Affi N'Guessan, qui souhaite conduire la principale formation de l'opposition à la présidentielle.
Ses opposants en interne ont suspendu début mars M. N'Guessan, qui conteste cette éviction devant la justice ivoirienne. Quatre "frondeurs", dont l'ex-Premier ministre Charles Konan Banny, s'opposent au PDCI à la stratégie de leur formation de ne pas présenter de candidat en octobre prochain afin d'assurer la victoire d'Alassane Ouattara.
Les quatre cadres de l'ancien parti unique, absents, étaient représentés par des proches mardi. "Il y a sept ou huit candidats potentiels (au sein de la coalition). Plusieurs d'entre nous souhaitent qu'il puisse y avoir une candidature unique.
Mais pour le moment, on n'en est pas à ce stade", a observé Mamadou Koulibaly. La coalition vise à "faire reculer Ouattara" sur "tous les points du processus électoral qu'il est en train de verrouiller" pour "se garantir une victoire trop facile", a-t-il dénoncé.
L'opposition critique la composition selon elle trop pro-Ouattara de la Commission électorale indépendante (CEI), organisatrice du scrutin, ce que les autorités nient. Elle accuse également les médias publics d'être des "instruments de propagande" à la solde du chef de l'Etat.
La présidentielle de novembre 2010 en Côte d'Ivoire s'est terminée dans le sang. Plus de 3.000 personnes sont mortes dans des violences électorales liées au refus de l'ex-président Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d'Alassane Ouattara.
Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de trois ans à La Haye, en attente de son procès pour "crimes contre l'Humanité" devant la Cour pénale internationale.