LES ENJEUX D'UN PROCÈS
COMPARUTION DE KARIM DEVANT LA HAUTE COUR DE JUSTICE
La comparution prochaine de Karim Wade devant la Haute Cour de justice est très attendue, compte tenu des multiples enjeux politiques d'un procès de l'ancien tout puissant ministre de son père.
Dans son édition du samedi, EnQuête annonçait la mise en place prochaine de la Haute Cour de Justice par l'Assemblée nationale. Une réunion de Bureau de cette institution est convoquée, à cet effet, ce jeudi pour choisir les membres de cette instance juridictionnelle.
Tout porte à croire que les juges “politiques” vont statuer sur le sort des dignitaires de l'ancien régime cités dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Faut-il s'attendre dès lors à un retournement de situation pour l'ancien ministre d'État Karim Wade ?
Incarcéré depuis bientôt un an, le fils de l'ancien chef de l'État Abdoulaye Wade devrait revenir sur ses réponses faites aux deux mises en demeure à lui servies par le Procureur spécial près la Cour de répression contre l'enrichissement illicite, de justifier l'origine licite de “biens” présumés lui appartenir.
Toujours est-il que ce procès promet d'être “sulfureux” si l'on se fie aux explications d'un haut responsable du Parti démocratique sénégalais (PDS) qui a rendu visite à Karim Wade, en prison. A l'en croire, le célèbre détenu de Rebeuss envisage de faire des “déballages”.
Perspective de “déballages”
“Je l'ai trouvé très serein et en pleine forme”, souligne notre interlocuteur. Avant d'ajouter “Macky Sall n'a pas intérêt à l'amener en procès puisque Karim entend le citer comme témoin ainsi que d'autres personnalités insoupçonnées”. Convaincu de la “politisation du dossier”, il demande tout simplement la libération du fils de Abdoulaye Wade.
Mais puisqu'une telle décision risque d'être un camouflet pour le régime, Karim Wade aurait donné, du fond de sa cellule, des gages politiques à Macky Sall, si toutefois il est libéré. “Il m'a certifié qu'il est prêt à renoncer à toute ambition politique si jamais il est élargi de prison. Il compte d'ailleurs retourner à Londres pour reprendre ses activités professionnelles”, confie notre source.
Joint par EnQuête, Bachir Diawara, ancien chef de cabinet du ministre d'État, parle de “manipulation”. “Karim n'a jamais été dans les compromissions. Il n'a jamais demandé à négocier. Tout ce qu'il demande, c'est qu'il soit blanchi” par la justice. Pour Diawara, un des responsables de la “Génération du concret”, le dossier de son mentor est vide. Son procès ne serait qu”'une parodie de justice”.
“Toutes les accusations contre Karim Wade, depuis la première jusqu'à la deuxième mise en demeure, ne sont pas avérées. Ils n'ont pas réussi à fournir les preuves de leurs accusations. Aujourd'hui, la décision la plus sage pour Macky Sall, c'est de présenter ses excuses au peuple sénégalais, notamment aux chefs religieux qui n'aiment pas l'injustice”.
Ce qui est clair, c'est que l'issue de ce procès déterminera à coup sûr l'avenir politique du fils de l'ancien président. S'il est reconnu coupable, ses chances d'atteindre le ..sommet pourraient être compromises.
Si, par contre, il est acquitté, il en sortirait politiquement renforcé et serait dans la peau d'une victime et bien sûr d'un présidentiable. Ce qui mettrait Macky Sall en mauvaise posture, car son régime a fini par présenter aux Sénégalais Karim Wade comme le plus grand “voleur” que le Sénégal ait jamais connu. En plus des nombreux “couacs” notés dans la conduite de ce dossier, le président Macky Sall, qui vise un second mandat, joue assurément son avenir politique face à Karim Wade.