Les Espagnols pleurent Di Stefano devant son cercueil drapé aux couleurs du Real Madrid
Dans un défilé solennel, des centaines de personnes rendaient un hommage ému mardi à Alfredo Di Stefano, la "Flèche blonde" du Real Madrid, qui reposait dans un cercueil décoré du drapeau du club, non loin de "ses" trophées, au stade Santiago Bernabeu de Madrid.
Autour du stade serpentait la file d'attente de supporteurs de toutes les générations venus visiter la chapelle ardente du joueur, décédé lundi à 88 ans, qui inspira des millions de personnes lorsque la dictature franquiste (1939-1975) isolait le pays.
Attendant patiemment parmi eux, José Luis Saura, âgé de 86 ans, disait avoir travaillé pendant des années comme comptable au Real Madrid et avoir connu personnellement Di Stefano.
"J'avais une très bonne relation avec lui, comme joueur et comme personne. C'était un homme aimable avec tout le monde, avec la presse, avec les employés", racontait-il à l'AFP.
Levant la manche de son t-shirt blanc du Real Madrid pour révéler un tatouage de l’emblème du club sur son épaule, Javier Lopez, 28 ans, affirmait se sentir "vraiment abattu".
"C'était le plus grand. Sans lui, le Real Madrid ne serait rien", s'émouvait-il.
A l'intérieur, les visiteurs baissaient la tête en signe de respect et certains faisaient le signe de croix en passant devant son cercueil, drapé du drapeau blanc du Real Madrid.
Les nombreux trophées décrochés par le club lorsqu'il y jouait étaient présentés non loin de là.
Le visage grave, l'actuel capitaine de l'équipe, le gardien Iker Casillas, réconfortait les membres de sa famille, assis, vêtus de noir, devant de grandes couronnes de fleurs blanches.
"Pour nous qui avons grandi avec le club, parler de Di Stefano c'est parler du Real Madrid", confiait-il, selon le site du club merengue.
Entré au Panthéon du football, aux côtés de Pelé ou de Diego Maradona, Di Stefano restera dans l'histoire comme la "Flèche blonde" du mythique Real Madrid des années 1950-60. Il avait porté ses couleurs durant 11 saisons entre 1953 et 1964, remportant cinq coupes d'Europe.
- Dans sa 'maison' Bernabeu -
Aux hommages de sportifs du monde entier, du gouvernement espagnol et de la Maison royale s'ajoutaient mardi ceux de la presse de ce pays où le football est roi, qui saluait un "génie", une "légende" et un "joueur complet".
"Dans l'Espagne pauvre, isolée, vieillie, et centrée sur elle-même de la deuxième moitié des années 1950, on pouvait se raccrocher à quelque chose: le Real Madrid, la Coupe d'Europe, ces matchs lointains à Belgrade, Vienne, Milan, Bruxelles, Glasgow. La vieille, ferme et prestigieuse Europe ne s'inclinait devant nous que lorsque le Real Madrid jouait. Et Di Stefano", écrivait Alfredo Relano, le directeur du journal sportif madrilène As.
Décédé lundi à 17H15 (15H15 GMT), le joueur mythique avait été plongé dans le coma après une crise cardiaque, samedi. Il s'était senti mal à la sortie d'un restaurant près du stade Santiago Bernabeu.
La santé de Di Stefano était fragile: il avait déjà été hospitalisé sept fois pour des attaques similaires et avait subi un quadruple pontage cardiaque en urgence en 2005.
"Il nous a quitté mais sa légende lui survivra pour l'éternité", avait déclaré lundi soir le président du Real Madrid, Florentino Perez.
"Ce stade était son usine, son territoire sacré, sa maison, sa vie", avait-il ajouté à propos du Santiago Bernabeu.
Sous ses hauts murs en béton, Rafaela Blanco, une retraitée de 65 ans, regrettait le départ de "l'un des footballeurs les plus importants de toute l'histoire du football".
"Nous l'aimons tous, nous l'apprécions tous. Ce fut un joueur inimitable".