LES GROUPEMENTS DE FEMMES EN GUERRE CONTRE LE PCR
SEDHIOU : SPECULATION FONCIERE SUR FOND DE CORRUPTION A KOUSSY
Les femmes de la région de Sédhiou membres de l'Union des productrices de fonio des communautés rurales de Koussy, Diendé et Diaroumé, en veulent au président du conseil rural de Koussy. Elles l'accusent de distribuer des terres « comme du petit pain » aux sociétés d'exploitation agricole alors qu'elles en demandent depuis longtemps sans succès. L'Union dit constater, pour ensuite le déplorer avec impétuosité, des manœuvres corruptives de la part du PCR. Celui-ci dégage à mille lieux ces accusations qualifiées d'infondées et explique les modes d'affectation des terres.
L’Union régionale des productrices et producteurs de Fonio de Sédhiou (UPROFOS) est fondée en 2010 par les membres de l’Assemblée générale constitutive de l’Union, présents le 24 septembre 2010 au nombre de 98. Elle était alors composée de quinze groupements d’intérêt économique (GIE) comprenant au total 787 productrices et producteurs de fonio, dont 588 femmes et 199 hommes répartis dans 14 villages situés dans les communautés rurales de Diendé, Koussy et Diaroumé. Cette formalisation est précédée des plusieurs activités de développement portées par ces femmes en vue de lutter contre la pauvreté, la dépendance économique des femmes par la valorisation du potentiel agricole local. En 2004 puis en 2006, elles avaient été respectivement appuyées par l’ONG américaine Wula Nafaa et Véco/Sénégal dans la production de fonio avec le concours personnel de Chérif Adoul Aziz Aïdara de Hamdani. Ainsi s’ouvre l’aire de la modernisation de la filière.
UNE DEMANDE D’AFFECTATION DE 30 HA INASSOUVIE
Les parcelles jusqu’ici emblavées par l'Union des femmes de Sédhiou leur été prêtées par des propriétaires terriens, tel que Abdoul Aziz Aïdara, qui les appuie par la même occasion, en semences et outils d’exploitation. En 2010, ces amazones de l’agriculture ont adressé une demande d’affectation de 30 ha de terres au conseil rural mais la satisfaction tarde toujours à être effective. Très amère, la présidente Aby Gnabaly, de clouer l’institution rurale au pilori. « Nous avons produit une demande d’affectation de 30 ha de terres au conseil rural de Koussy, demande que nous avons remise à Mme Fatou Diop, conseillère rurale, pour transmission et suivi. Une fois en séance, personne ne l'a évoquée au conseil et la dame Fatou Diop ne sait pas faite prier pour interpeller le président qui lui annonce vaguement que 10 ha leur seront donnés. Non avait répondu Fatou, relevant que la demande mentionne 30 ha. Le président a promis d’en reparler », rappelle-t- elle. Fatou Diop qui atteste les propos de Aby Gnabaly ajoute que « le PCR, Ousmane Camara, nous avait ensuite mis en rapport avec le chef de village de Nimzatt. Ce dernier déclare que seuls 14 ha seront possibles mais jusqu’ici rien n’a encore filtré de ces promesses ». L’affaire prend des tournures graves, calomnieuses et socialement asphyxiantes. Les deux dames déclarent prendre peur de la chose et marquent un recul en attendant une hypothétique solution, compte tenu de la place accordée à la femme en milieu rural.
LES 500 HA DE SALOUM CISSE INDEXES !
« Nous, femmes des groupements constitués et engagés à lutter contre la pauvreté, avons fait des pieds et des mains pour obtenir les 30 ha que nous avons demandés en vain, pendant ce temps, c’est un individuel, en la personne de Saloum Cissé, un fonctionnaire international qui devient affectataire de 500 ha de terres dans la zone de Babira et de Barring », déplore Aby Gnabaly, soutenue sans exception par l’assemblée des femmes qui l’entoure. Malang Koroboung, le seul homme présent à cette rencontre de faire les éloges de la présidente aux « ambitions résolument tournées vers le développement de la femme ». Aby Gnabaly de relever des indices de corruption à l’encontre du président du conseil rural de Koussy, « même s’il est vrai que ce sont les populations de ces villages qui appuyaient la demande de Saloum Cissé, il n’en demeure pas moins que le PCR y trouve son compte. Depuis les frais de délimitation jusqu’aux dessous de table très fréquents dans la zone en de pareilles situations. Allez vérifier sur le terrain, les plus grandes affectations sont faites à de grandes sociétés d’exploitation auprès de qui il est sûr de tirer profil contrairement à nous qui n’avons que notre ambition. La preuve, le PCR n’a jamais mis les pieds dans nos champs, c’est pas du tout encourageant », lâche t- elle avec fermeté. Elle ne manque pas de souligner « les positions politiciennes du président car ne nous sommes pas de la même formation ». Aussi, l’union de femmes productrices de fonio de Sédhiou compte faire dans la production de poudre de pain de singe, et le programme d’appui au développement économique de la Casamance (PADEC) est prêt à nous appuyer sous réserve de disposer de parcelles dont nous sommes assignataires », fait-elle remarquer.
LE CHEF DE VILLAGE ET LE PCR AU CRENEAU
Fadia Keïta le chef de village de Nimzatt déclare être abasourdi par l’attitude des femmes de cette union. « Ce sont des femmes qui bavardent plus qu’elles n'agissent en réalité. Lorsque le président du conseil rural de Koussy Ousmane Camara les a mis en contact avec moi, je leur avais dit que 30 ha seraient trop car le village ne dispose pas assez d’espace et les zones pionnières sont occupées. Je leur avais suggéré 14 ha mais à défricher. Depuis, elles ne sont plus revenues me voir pour le travail de prospection de sites comme promis. Elles n’arrêtent plus de faire des sorties calomnieuses dans la presse, je suis là et j’attends toujours », a-t-il indiqué.
De son côté, Ousmane Camara, le président du conseil rural de Koussy, se veut clair face à une situation assez troublante. Pour lui : « Notre démarche est participative. Le conseil rural en soi n’a pas de terres mais s’appuie sur des chefs de village pour identifier les sites non occupés afin que le conseil procède à des délibérations pour éviter des frustrations. Nous les avons mis en rapport avec le chef de village de Nimzatt qu’elles ne sont plus reparties voir pour s’adonner à des accusations graves ». Et de poursuivre : « Nous nous sommes ici pour tout le monde, pour soutenir les initiatives de développement. comment alors s’opposer à l’initiative de ces femmes ? »,se demande M Camara, en présence de Sadibou Traoré, un autre conseiller rural.
S’agissant du cas de Saloum Cissé, note Ousmane Camara, « il avait demandé 1000 ha mais je m’y étais opposé vu l’étendue. Et sur requête incessante des populations de Barring et de Babira, nous lui avons délibéré pour 500ha. La valorisation a déjà commencé et fera un chiffre d’affaire de 675 millions CFA ».
Il importe de relever que dans cette communauté rurale de Koussy, pas moins de deux sociétés exploitent des parcelles à grande échelle. Il s’agit de la Société d’énergies végétales (SEV) affectataire de 500ha qui emploie 200 jeunes de la localité moyennant un revenu mensuel de 60.000 par personne. La SEV cultive du jatropha pour la production du biocarburant.
La société des travaux agricoles au Sénégal (STAS) produit du maïs. Elle est dirigée par l’adjoint au maire de Montpellier selon le PCR et exploite 100 ha dans le secteur de Djidima. Le protocole d’accord instruit l’appui aux populations dans les domaines de l’Education, la santé, la jeunesse entre autres.
LE CONTROLE DE LEGALITE
Le 27 juillet 2011 pourtant, à l’occasion de la journée du fonio et sur demande pressante des femmes, le sous préfet de Diendé, Saliou Sambou, avait instruit le président du conseil, de diligenter le dossier après s’être rassuré du dépôt de la demande, par ces femmes, pour affectation de terres.
Interrogé sur la question, Abdoul Hanne, aménagiste et spécialiste des questions foncières à Kolda a fait savoir qu’ « une fois la demande dûment formulée par ces femmes et adressée au conseil rural de Koussy, il revient à cette institution de donner mandat à sa commission domaniale à laquelle devient membre, de facto, le chef de village concerné, pour identification de sites ». Ce technicien en aménagement du territoire de faire remarquer que « si aucune parcelle n’est disponible, c’est seule la zone boisée qui s’offre comme opportunité, et si cela agrée aux femmes du groupement, elles adresseront une demande de défrichement au conseil régional seule habilité à donner des ordres de défrichement ».
Un troisième cas de figure est aussi possible, selon toujours Abdoul Hanne, aménagiste et spécialiste des questions foncières, « considérant l’enjeu d’intérêt public que suscite le groupement, le conseil rural qui constate une absence de valorisation d’un site peut adresser une mise en demeure à l’affectataire pour une durée d’un an. Et si au bout de ce délai rien n’est fait, le conseil peut en conséquence procéder à la désaffectation du site mais qui ne sera exécutable que sur approbation du sous préfet ».
LES PERSPECTIVES DU FONIO A SEDHIOU
En 2010, avant la construction de l’unité, le fonio précuit mis en marché par les groupements était de 327 kg d’après Cheikh GUEYE, ingénieur agronome/environnementaliste en service dans la région. Le fonio était alors comme jadis, intégralement pilé à l’aide du pilon et du mortier par les femmes pour son décorticage. Cette quantité est passée à 3 512,5 kg en 2011 puis à 4 606 kg en 2012 grâce à la mécanisation des opérations de décorticage et de battage. Cette opération a été réalisé grâce aux prestations d’une décortiqueuse thermique version diesel fabriquée par un autre opérateur que l’IMAF si l’on en croit cet ingénieur.
Et de faire observer que «si l’URPROFOS a pu honorer son premier contrat de livraison de deux (02) tonnes de fonio précuit à la PME agroalimentaire Free Work Services dans le cadre de la campagne 2011, elle n’a pas été en mesure de le faire intégralement dans le cadre de la campagne 2012. En effet, elle n’a pu livrer à cette cliente stratégique qu’une (01) tonne destinée à approvisionner les consommateurs de la ville de Dakar à travers sa Boutique du « Consommer Local ».
Ainsi, explique –on, sur les 9 372 kg de fonio brut achetés auprès des membres de l’URPROFOS au titre de la campagne 2012, seuls 3 148,5 kg ont pu subir à ce jour, la chaîne complète de transformation pour donner 1 959 kg après décorticage et 1 704 kg de fonio précuit. Ce résultat traduit un taux de décorticage/blanchiment de 62% alors que le diagramme de transformation élaboré par le CIRAD indique que ce taux doit être compris entre 68 à 77%, avec un débit de décorticage compris entre 100 et 120 kg/h pour le décorticage, et 110 à 150 kg/h pour le blanchiment du fonio, à l’aide de la décortiqueuse GMBF de type Engelberg fabriquée par l’IMAF/Bamako (J-F Cruz, CIRAD ; 2009).
Le principal problème rencontré par l’URPROFOS pour assurer un fonctionnement optimum de son unité de transformation a été traduit en besoin prioritaire. A savoir, la mise sous tension de sa décortiqueuse électrique GMBF de type Engelberg d’une puissance de 7,5 KW.