Les infrastructures, la logistique, l’énergie, des projets forts pour le Sénégal
Dominique Lafont, Président de Bolloré Africa Logistics
Bolloré Africa Logistics veut faire du Sénégal un hub pour ses activités dans cette partie d’Afrique. L’entreprise internationale a de belles ambitions pour le Sénégal et compte poursuivre ses investissements dans le pays.
Bolloré Africa Logistics ne fait pas une croix sur le Sénégal, loin de là. Lors de sa venue au Sénégal pour présider un séminaire des managers du groupe en Afrique de l’Ouest, Dominique Lafont, Président de Bolloré Africa Logistics, n’a pas caché les ambitions du groupe Bolloré de développer ses activités en misant sur les infrastructures et la logistique au Sénégal. Le patron de Bolloré Africa Logistics a eu l’occasion de présenter les projets du groupe Bolloré au chef de l’Etat, le Président de la République, Macky Sall. Face à la presse vendredi dernier, le président de Bolloré Africa Logistics a rappelé les ambitions de son groupe au Sénégal et rappelé son intérêt pour les activités d’infrastructures au Sénégal.
« En 2007, il y a eu un appel d’offres sur le terminal à conteneurs de Dakar qui, de notre avis, ne s’est pas bien passé. Je vous rappelle que nous étions les mieux-disant financièrement et que nous avons été disqualifiés techniquement, car nous pensons qu’à l’époque, c’était sans doute l’un des seuls moyens de nous écarter. Nous avons protesté en manifestant notre déception profonde et notre frustration car ce que nous avions proposé pour cet appel d’offres était très entrepreneurial. Nous avions proposé un ticket d’entrée très élevé, en plus de notre engagement à développer le port du futur. Bien entendu, l’engagement que nous avions pris sur le port du futur, nous pensions le tenir. Nous avions cependant été honnêtes dans notre démarche : nous savions pertinemment que nous ne pouvions le tenir en 2011.
Aujourd’hui, nous constatons simplement que ce projet n’a toujours pas vu le jour. Bien évidemment, les Etats prennent des décisions souveraines qui les engagent. Dès lors que le Sénégal avait fait le choix de notre concurrent, nous avons concentré notre énergie à d’autres chantiers et d’autres programmes de développement ailleurs en Afrique. » Bolloré Africa Logistics attache aujourd’hui de l’importance au Sénégal, et avec le changement de régime que connaît le pays, l’entreprise internationale relance son offre. « Les dossiers de concession sont des dossiers qui touchent à la souveraineté des États.
Donc c’est à chaque État souverain de savoir ce qu’il veut et de prendre ses responsabilités. A l’époque, le gouvernement sous la présidence de M. Wade, avait choisi de confier le terminal à conteneurs de Dakar à la société Dubaï Port. Aujourd’hui il y a un nouveau Président, un nouveau gouvernement.
C’est à lui de savoir ce qu’il convient pour son pays. Nous ne souhaitons pas influer sur des décisions qui relèvent du domaine de la souveraineté du Sénégal. Ce sont des décisions sérieuses, graves qui engagent l’avenir du Sénégal. L’intérêt du Sénégal est plus important que le nôtre. Je fais confiance aux autorités sénégalaises aujourd’hui pour prendre la décision qui leur semblera la plus conforme aux intérêts de Dakar. En ce qui nous concerne, nous nous abstenons soigneusement d’interférer en quoi que ce soit dans ces sujets ». Il reste que la nébuleuse qui a entouré la cession de certaines infrastructures telles que le port et Transrail ouvre des perspectives intéressantes.
Le groupe Bolloré est devenu le premier opérateur portuaire en Afrique avec 15% de parts de marché. Il se positionne également sur des opérations de concessions portuaires à l’extérieur de l’Afrique, notamment en Amérique Latine et en Asie. C’est un savoir-faire qui est en train de s’exporter et qui lui vaut d’avoir remporté l’appel d’offres de la mise en concessions du deuxième terminal à conteneurs d’Abidjan. « C’était l’un des enjeux les plus importants auxquels nous devions faire face au cours de ces derniers mois dans le secteur portuaire, souligne Dominique Lafont. En Côte d’Ivoire, nous y développons toutes nos activités, logistiques, portuaires et ferroviaires. Nous y réalisons environ 20 % de notre chiffre d’affaires.
Notre cœur était aussi avec ce pays qui a beaucoup souffert pendant une décennie. Il y a aujourd’hui un programme de reconstruction vigoureux qui est lancé. Nous croyons en tout le potentiel de l Côte d’Ivoire, en la solidité de la reconstruction de ce pays et en son avenir. C’est la même ambition que Bolloré Africa Logistics porte pour le Sénégal. « Nous connaissons bien ce pays et nous rêvons de nous y développer davantage, y compris, si c’est possible, dans le domaine des infrastructures. Le rail, la question de l’énergie et des ruptures d’alimentation en énergie et en électricité préoccupent le groupe Bolloré qui a développé sa propre batterie électrique.
Depuis dix ans, le groupe Bolloré a investi plus d’un milliards d’euros dans la recherche et le développement de sa batterie électrique qu’il est le seul à développer et qui est aujourd’hui un véritable succès, avec comme vous le savez, la voiture électrique » précise Dominique Lafont, et d’ajouter : « Nous réfléchissons aussi dans ce domaine à une combinaison entre l’énergie solaire et la batterie électrique comme relais pour éviter les ruptures d’électricité en Afrique.
Concernant l’infrastructure ferroviaire, Dominique Lafont a tenu à préciser « le rail au Sénégal est pour nous un moyen pour fluidifier au maximum les corridors mais la source du corridor dans une économie Africaine qui est principalement orientée vers l’import c’est le port et donc nous sommes prêts à investir sur le rail pour autant qu’on nous ait confié des responsabilités en amont sur la gestion et le développement du port. »