LES NOUVEAUX BARBARES
Nulle part, on a vu une école ou un hôpital construits par les Jihadistes de Boko Haram. Ils n’ont jamais, non plus, réglé des problèmes de pénurie d’eau, de nourriture auxquels sont confrontées des populations…
Tuer une quinzaine de jeunes garçons parce qu’ils ont osé regarder un match de football, sacrifier comme kamikaze une fillette de 10 ans, massacrer aveuglément 2000 personnes… Ce sont quelques-uns des faits sanglants qui ont marqué récemment la trajectoire de ceux qui se réclament, à travers le monde, djihadistes.
Nulle part, on a vu une école ou un hôpital qu’ils ont construits. Ils n’ont jamais non plus réglé des problèmes de pénurie d’eau, de nourriture auxquels sont confrontées des populations…. Pourtant, de telles actions pourraient leur valoir une certaine sympathie, voire une adhésion plus ou moins grande à leur lutte.
Mais, au lieu de cela, les djihadistes n’ont que du sang, la mort, des larmes, de la douleur et des destructions à offrir. Si c’est cela leur programme de « campagne électorale », ils ne convaincront pas grand monde.
Même certains jeunes qui se sont laisser avoir par leur rhé- torique à travers les réseaux sociaux ou dans les mosquées salafistes regrettent beaucoup aujourd’hui leur choix après s’être aperçus qu’ils avaient rejoint des barbares sans foi ni loi, obnubilés par la « possession » des femmes et le pouvoir.
Les ombres d’obscurantisme qu’ils répandent sur leur passage ne pourront jamais produire le développement qui repose sur la lumière de la connaissance. En Afghanistan, entre 1996 et 2001, quand les talibans se sont emparés du pays en imposant une charia (loi islamique) sans concession, on a vu où cela avait conduit : trafic de drogue, école négligée, recul économique, société anesthésiée, femmes recluses, exécutions pour des vétilles…
Mais de qui ces barbus, voulant vivre comme au 7e siècle, ont reçu leur mission au point de s’autoriser à tuer sans distinction, alors que l’Islam dont ils se réclament considère la vie humaine comme sacrée ?
Qu’elles se nomment Al-Qaïda, Ei, Boko Haram ou Aqmi, ce sont toutes des organisations qui sont contre le progrès humain et luttent pour ramener l’humanité à la période où l’énergie était fournie par le muscle, la vitesse se mesurant au galop de cheval, les épidémies sans remèdes, en un mot aux « âges farouches »,selon l’expression qu’affectionnait une Bd des années 70-80.
A mon sens, le monde, les sociétés ont tardé à réagir face à ce qui est devenu une hydre qui menace l’ensemble de la planète. Une lutte sans merci, par tous les moyens, doit lui être opposée, si nous ne voulons pas basculer dans le chaos après des siècles de progrès si chèrement acquis. Et surtout qu’aucun pays ne puisse penser ne pas être concerné, car le terrorisme des djihadistes est comme un cancer qui répand ses métatarses partout.
Cependant, on peut regretter que la lutte contre ces derniers épouse les intérêts géopolitiques des grandes puissances. Sinon, comment comprendre que des efforts particuliers soient fournis pour combattre lesislamistes en Irak, en Syrie et au Mali, mais en oubliant complètement la Libye ou le Nigéria où, chaque jour, Boko Haram sème la mort.
On peut se consoler de la courageuse intervention tchadienne, mais l’Ua doit rapidement concrétiser sa décision de déployer 7500 hommes sur le terrain. Dans le passé, le terrorisme frappait pour médiatiser une cause, mais aujourd’hui, celui d’inspiration djihadiste, et c’est la nouvelle donne, se lance dans des conquêtes territoriales. Dès lors, il devient extrêmement dangereux, car alliant capacités de destruction et assise territoriale.