LES ORIGINES SUSPECTES DE LA PÉNURIE D’EAU À DAKAR
UN TUYAU QUI DEVAIT TENIR 30 ANS A CÉDÉ 2 FOIS EN MOINS DE 10 ANS
Le tuyau de Keur Momar Sarr qui a cédé jeudi dernier et qui a été à l’origine de l’une des plus grandes pénuries d’eau à Dakar, n’est que la face visible de l’iceberg. Si des mesures idoines ne sont pas prises promptement par les autorités, le pire est à craindre. Le tuyau endommagé qui devait tenir 30 ans, a cédé deux fois en moins de 10 ans.
L’eau source de vie, dit l’adage. Ce liquide indispensable, risque, dans les prochains mois d’être le cauchemar le plus présent dans le quotidien des Sénégalais, déjà désespérément éprouvés par la cherté de la vie et son lot de vicissitudes. La pénurie d’eau de presqu’une semaine vécue dans Dakar et sa banlieue est en réalité l’arbre qui cache la forêt. Selon des sources au fait des tenants et aboutissants de cette situation déplorable, il y a de réels motifs d’inquiétude.
Le tuyau endommagé de l’usine hydraulique de Keur Momar Sarr (à Louga), qui n’a même pas dix ans d’existence, devait tenir au moins 30 ans. «Il serait bon que l’opinion sache que l’usine d’exploitation d’eau de Louga, qui alimente 45 % du réseau de Dakar, a été réalisée suite à un appel d’offres avec la supervision de la Société nationale des Eaux du Sénégal (Sones), qui l’a ensuite remise à la Sénégalaise des Eaux (Sde). Normalement, l’usine a une espérance de vie de 30 ans», explique notre source.
Et de poursuivre pour dire que la conduite en question a eu une fonte, parce qu’elle n’a pas pu supporter la pression de l’eau. Elle était gondolée et fissurée. Ce qui laisse penser que sa qualité laisse à désirer. «Est-ce-qu’au moment des travaux, on a respecté l’épaisseur ? La casse a été réparée. Qui va prendre en charge les frais de réparation ? La Sde ou le contribuable ? Il est fort probable que ce dernier paie les pots cassés. Ensuite, pourquoi n’entend-on que la Sde ? Et la Sones ? En principe, si les travaux sont mal faits, il faut demander à l’entreprise qui les avait exécutés de les reprendre», estime notre interlocuteur.
Un autre point essentiel préoccupe la même source. A la signature de contrat, y avait-il une retenue de garantie ? En effet, quand une entreprise gagne un marché, elle se fait retenir 10 % du montant total à gagner. Et si pour une période donnée un incident qui relève de sa responsabilité survient, on prend sur les 10 % pour réparer les dégâts.
Pour conclure, notre source, sur un ton pessimiste, déclare : «nous ne sommes pas sortis de l’auberge et ce qui s’est passé ces derniers jours risque de se reproduire si le problème n’est pas entièrement cerné et qu’aucune mesure n’est prise».
A bon entendeur !