LES PATRONS DE PRESSE SOUS PRESSION
...TRAQUÉS PAR LE FISC
Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) a tenu hier une réunion dans les locaux de la chaîne de télévision privée 2Stv. Ils se sont rassemblés pour discuter de la fiscalité des entreprises de presse et solliciter une rencontre avec le président de la République.
Si le nouveau Code des impôts adopté le 27 décembre 2012 fait réjouir plus d’un avec la baisse de l’impôt sur le revenu, c’est tout à fait le contraire du côté des entreprises et notamment des patrons de presse. Le Code prévoit une révision des charges fiscales sur les sociétés qui passe de 25 à 30%. Une donne que dénonce le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) ; d’autant plus que depuis quelques jours, la plupart des entreprises de presse du Sénégal font l’objet de procédure de recouvrement forcé, du fait d’arriérés d’impôts. Ces derniers remontent au 1er août 2011.
Aucune entreprise de presse ne va fonctionner dans ce pays, si…
Le président du Cdeps, Madiambal Diagne, estime que la situation des entreprises de presse devient inquiétante, puisque certaines d’entre elles ont vu même leur compte bancaire faire l’objet de saisie. Parmi celles-ci, on peut citer la Rts et Le Soleil. Les autres entreprises comme le Groupe Futurs médias sont obligées de négocier des paiements par moratoires avec la Direction des impôts pour éviter la même situation.
Les patrons de presse déclarent être incapables de s’acquitter des montants des impôts qui leur sont exigés. Selon Madiambal Diagne, si l’administration fiscale fait prévaloir toutes ses prérogatives, aucune entreprise de presse ne va fonctionner dans ce pays que ce soit les radios, les journaux comme les télévisons. Le président du Cdeps souligne que toutes les entreprises croulent sous le poids d’une fiscalité très lourde.
Le Cdeps réclame la mise en place d’un système de fiscalité approprié, adapté à l’activité de presse. Dans leurs revendications, ses membres veulent s’asseoir dans un premier temps avec le ministre délégué chargé du Budget, la Direction générale des Impôts et domaines et le ministre de l’Economie et des Finances pour demander que toutes les procédures de recouvrement forcé soient suspendues.
Pour une audience avec le Président Macky Sall
Le Cdeps exige également que soit levé l’assujettissement à une présentation du quitus fiscal par les entreprises de presse à l’occasion de paiement de factures dues par les administrations publiques. A côté de ces deux mesures, les membres de la structure ont pris la résolution d’aller voir le chef de l’Etat pour une convocation des Etats généraux de la presse. Ils veulent échanger avec Macky Sall sur la situation des entreprises et préconiser avec lui des solutions définitives pour régler cette question.
D’après Madiambal Diagne, président du Cdeps, ils ne veulent pas rester dans une situation d’incertitude fiscale, car voulant s’acquitter des impôts comme tout bon citoyen. Mais il faudrait avant tout un système de fiscalité adapté. Il cite en exemple la France comme un pays où le recouvrement fiscal des entreprises est fait de telle sorte que celles-ci puissent survivre. Et le président du Cdeps de penser que la même chose doit être reproduite au Sénégal.
Pour ce qui est des pistes de solution, M. Diagne explique que des consultants leur ont proposé des solutions pertinentes. Il pense qu’il reste à s’accorder avec la Direction générale des Impôts et domaines pour pouvoir mettre en œuvre ces solutions pertinentes. Il rassure que le Dg des Impôts lui a semblé, d’après leur dernier entretien, «être dans de bonnes dispositions pour aider la presse à aller dans un sens de trouver des solutions qui lui permettent de pouvoir s’en sortir sans trop de dégâts».