LES PETITS MATINS D'OBAMA...
La presse a été très matinale hier. La couverture d’un point de presse du président de la République le plus puissant au monde en vaut la peine. À 7 h du matin, les confrères font le pied de grue devant les grilles du palais. Certains, dont un journaliste de la presse étrangère, sont renvoyés pour avoir porté un pantalon jean. Mais le confrère de la presse étrangère a échangé son pantalon avec celui d’un taximan pour pouvoir accéder au Palais. Ainsi, ce reportage dans les couloirs et coins du palais, vous narre cette matinée de point de presse conjoint des présidents Barack Obama et Macky Sall.
Ce n’est pas n’importe quelle personnalité qui peut ameuter la presse le matin de bonheur. En tout cas, le président des Etats Unis d’Amérique, Barack Obama - qui a été l’hôte du Sénégal durant trois jours - l’a réussi. Mais, le jeu en valait la chandelle pour la presse nationale et internationale. Elle a envahi le palais de la République dès 6 h du matin. Car, pour éviter de prendre le risque de rater un grand événement comme le point de presse de Barack Obama, journalistes, cameramen et photographes se sont présenté jeudi matin devant le palais avant l’heure fixée par le protocole à savoir 7 h du matin. À cette heure, la presse locale faisait le pied de grue sous le building administratif en face du palais. En ce moment, leurs confrères étrangers franchissent les grilles du Palais pour assister au point conjoint des deux chefs d’Etat prévus vers 11h.
À 7 h 15, les gendarmes invitent les journalistes et autres reporters photographes à faire la queue devant la porte. Auparavant, ils ont signifié à deux journalistes, une dame et un homme habillés en pantalons jean qu’ils ne pouvaient pas accéder au Palais. Alors, ces derniers sont allés se changer. Le reste de la troupe forme une file devant la porte. Par galanterie, les femmes ont été épargnées par leurs confrères. Les photographes et cameramen immortalisent le moment.
La sécurité n’est pas corsée comme l’imaginaient beaucoup de gens. Ce fut le contrôle de routine du palais, c’est-à-dire, le passage sous le portique et la fouille des sacs. Nous traversons la cour du secrétariat général du gouvernement pour former de nouveau une longue file devant l’entrée de la présidence. Là aussi, il fallait montrer patte blanche. C’est le même système et le même dispositif de contrôle qu’à la porte d’entrée.
Nous voilà dans la cour de la résidence du chef de l’Etat. Des gendarmes en tenue d’apparat, bien positionnés à quelques endroits et le tapis rouge forment le décor.
Pour la circonstance, le tapis vous mène directement à l’esplanade derrière la résidence du président de la République où se tient le point de presse conjoint.
Tentes bien dressées, chaises bien disposées, les techniciens s’affairent autour de la sono. Il ne faut rien négliger. La puissance de l’hôte le recommande, voire l’exige. À côté de la tente devant abriter le point de presse se dresse sa jumelle pour les besoins du petit-déjeuner.
Serveurs et serveuses pressent le pas pour disposer les tables. Une fois les choses à leur place, les invités du jour peuvent déguster. Et c’est la ruée. On mélange du tout. Le petit-déjeuner est copieux, sans doute parce qu’on est au palais de la République. Ils se retirent petit à petit. De petits groupes se forment selon les affinités. Les débats commencent. Les fumeurs se retirent dans un coin pour griller aisément leur mégot de cigarette.
L’océan qu’on aperçoit derrière est calme. Un vent épais souffle, même si les rayons du soleil chauffent de temps à autre les lieux. «Macky Sall et Barack Obama peuvent venir maintenant parce que nous avons retrouvé nos esprits, oreilles et yeux», ironise un confrère.
Un dispositif sécuritaire souple et effacé
Contrairement à ce que certains journalistes pensent, la sécurité est discrète. Il n’y a rien de particulier dans le dispositif sécuritaire, du moins, ce qu’on a vu. Peut-être que des éléments sont sous le feuillage des arbres. Mais, seuls cinq éléments de la garde rapprochée de Macky Sall sont repérables. La sécurité d’Obama est plus discrète. Les quelques éléments se sont dissimulés dans l’assistance, notamment deux femmes. L’une de taille svelte, lunettes parant le visage, fait des va-et-vient. L’autre femme, un peu plus «engraissée», a pris position derrière les deux pupitres. Elles sont toutes armées.
À 9 h, le staff technique distribue les casques pour les besoins de la traduction. La Rts installe son plateau juste derrière la tente qui abrite le point de presse. À côté, il y a les cabines des traducteurs.
À 9 h 39, les chefs d’Etat sont annoncés. Ils arrivent au palais après avoir eu droit à un accueil des militants sur le long de l’itinéraire allant de Radisson au Palais. Les journalistes retrouvent leurs sièges et leurs confrères qui accompagnent le chef de l’Etat des Etats-Unis débarquent sur les lieux. On entend de loin les échos des tam-tams des militants et sympathisants qui ont accueilli les deux hommes.
Un journaliste échange son pantalon avec celui d’un taximan pour accéder au palais
Le journaliste toubab à qui les gendarmes avaient demandé de changer son pantalon jean arrive. Il est revenu avec un autre pantalon. Le journaliste n’est pas retourné chez lui et n’est pas allé au marché pour s’en payer un. Il porte le pantalon d’un … taximan. Le confrère rapporte que lorsqu’il a pris le taxi pour aller chez lui changer de tenue, pour ne pas perdre de temps, il a négocié avec ce dernier. Finalement, le taximan a accepté le deal. Le journaliste toubab a ôté son pantalon qu’il a remis au chauffeur et ce dernier lui donna le tien. Ainsi est-il rapidement revenu au palais pour retrouver ses confrères.
10 h, le chef du protocole, Bruno Diatta, donne des instructions pour faire quelques réglages. On fait les dernières retouches. Les quatre drapeaux sont fixés derrière les pupitres. Les cameramen et les photographes braquent leur objectif. Les ministres Aminata Touré, Mankeur Ndiaye, Amadou Kane, le général Pathé Seck et le Premier ministre prennent place vers 10 h 54. Quelques minutes plus tard, Macky Sall et Obama descendent des escaliers. Le point de presse peut commencer.
La rencontre avec la presse prendra fin vers 11 h 47. Les journalistes se retrouvent à nouveau sous la tente pour se rassasier. Ensuite, ils prennent congé des lieux. Dehors règne une ambiance particulière. C’est un calme plat. Seuls quelques véhicules et cars Ndiaga Ndiaye bougent. Ils ramènent les militants qui traînent sur le boulevard de la République. Devant le grand portail de la présidence, stationne un véhicule de la sécurité américaine. Les policiers préposés pour le jalonnement se reposent sous les arbres en attendant le retour des chefs d’Etat qui sont allés à la Cour suprême.