LES PREMICES
CHRONIQUE DU JEUDI
A Macky 2012, on ne danse pas au même rythme que l’Union Européenne. En effet, au moment où certaines têtes pensantes de la coalition qui revendique fortement sa participation à l’élection du président de la République (notable fait de gloire, certes, mais elle n’a pas été seule) pour exiger un remaniement ministériel, Dominique Dellicourt, la représentante de l’UE au Sénégal, invite à plus de mesure : « Je pense qu’un an de gouvernement, c’est un peu court pour donner une appréciation sur les résultats obtenus. Le gouvernement s’est mis à l’œuvre. Il est élu pour 5 ans et, donc, il faudra lui donner le temps de dérouler son processus de réformes. Il y a un certain nombre d’actions concrètes qui ont été entreprises ».
Des propos tirés de l’entretien accordé à nos confrères du « Pop », le 26 juillet dernier. Dominique Dellicourt qui a rajouté, « c’est un gouvernement au travail et il faut lui laisser le temps de dérouler son programme et d’analyser ensuite les résultats ». Une lucidité d’excellent aloi, qui est très éloignée des sorties des membres de « Macky 2012 ». « Macky 2012 » veut, en effet, un change- ment de gouvernement. Le disque est devenu usé, tant il est rabâché depuis quelques semaines. La sortie de Dominique Dellicourt mérite un bon décryptage, tant elle aiguillonne sur la nécessité des dirigeants sénégalais de garder leur sérénité. L’heure n’est pas à la guerre de positionnement, mais plutôt au travail pour, ensemble, relever les nombreux obstacles qui se dressent sur le chemin de « Macky Sall ».
Le fractionnisme intense que veut imposer « Macky 2012 » pourrait avoir un impact néfaste sur la stratégie de sortie de crise qu’impulse le président de la République, qui cherche à stabiliser son programme de « Yonnu Yokkuté ». Au moment où de plus en plus de voix invitent à une démarche plus concertée pour la mise en place d’un programme gouvernemental réajusté. Il faut allercau-delà du « Yonnu Yokkuté », clame-t-on dans les instances politiques membres de la coalition au pou- voir.
L’agence de notation Standard & Poor’s s’invite par défaut dans ce débat en faisant passer, récemment, le Sénégal, de la perspective négative à stable. Cela signifie que la note du Sénégal ne serait pas dégradée dans l’année qui vient. Cette perspective démontre aussi que le gouvernement est décidé à poursuivre les réformes structurelles dans le domaine des infrastructures, de l’énergie, etc. Cette perspective stable est justifiée par le fait que les nouvelles autorités sont résolues à appliquer des réformes structurelles. Une démarche qu’Abdoulaye Wade, l’ex président, a longtemps différées en matière d’infrastructure, d’énergie, de simplifications bureaucratiques et institutionnelles et de lutte contre la vie chère, notamment dans le monde rural.
Autant dire, en analysant les déclarations de la représentante de l’Union Européenne et de Standard & Poor’s (que l’on ne saurait soupçonner de collusion) que le Sénégal est dans une bonne démarche pour corriger les dérives du régime libéral sortant. Une note positive pour le gouvernement d’Abdoul Mbaye, même si tout n’est pas parfait. L’actuel khalife général des Tidianes, Cheikh Ahmet Tidiane Sy Al Maktom, a l’habitude de dire que les Sénégalais parlent trop.
Quand on parle trop, on se disperse. On ne travaille pas. L’heure n’est plus au cancan. Fini les grand-places. Se retrousser résolu- ment les manches pour se donner à fond dans le travail, tel doit être le credo de tous, à l’image des inimitables Baye Fall, les disciples de Cheikh Ibrahim Fall, qui incarnent le culte du travail. Quand on vit dans un pays où le seuil de pauvreté est à 47, 7% (enquête Unicef 2011) on ne doit pas avoir trop le temps de gamberger. Il est temps pour chacun de s’arrêter de parler et de se dire que le chemin du développement passe d’abord par moi.