LES QUOTIDIENS ADMIRENT LE PARCOURS DOUDOU NDIAYE ROSE
Dakar, 20 août (APS) – Les quotidiens sont largement revenus sur l’œuvre du percussionniste Doudou Ndiaye Rose, décédé mercredi, à l’âge de 85 ans.
"Le tambour perd son major", titrent Le Soleil et Le Quotidien, comme s’ils s’étaient passé le mot.
Doudou Ndiaye Rose a récemment été "l’objet de nombreuses cérémonies d’hommage [organisées par les] ambassades du Japon et des Etats-Unis" au Sénégal, souligne Le Soleil. Il revient sur l’itinéraire d’"un maestro", en publiant de nouveau un portrait du défunt percussionniste paru dans ses colonnes le 11 août 1988.
De ce texte on peut apprendre que Ndiaye avait obtenu un diplôme de plombier, un métier qu’il aurait exercé pendant 45 ans. Pris par "la rage de vaincre", selon les termes du Soleil, le percussionniste avait conquis l’Afrique, l’Amérique, l’Europe et l’Asie, grâce à son "tam-tam admirablement joué par des hommes, mais aussi par des femmes, les rosettes".
Mais il y avait à se demander si Doudou Ndiaye Rose avait conquis son propre pays lorsqu’on l’entendait dire qu’"au Sénégal, on attend la mort des gens pour leur rendre hommage. Quiconque me le fait, je ne le lui pardonnerai pas", des propos repris par Le Quotidien.
Des propos que tentent d’expliciter le billettiste du même journal : "Le vénérable artiste voulait d’une reconnaissance de son vivant, pas d’un hommage posthume."
L’As se désole que Ndiaye, "malheureusement, aura été prophète ailleurs que dans son pays, le Sénégal". "Il n’a pas pu obtenir les titres de propriété du terrain qu’Abdou Diouf lui avait offert (…) pour la construction d’un institut international de rythmes et danses", écrit-il.
Le billettiste du Quotidien se désole qu’à l’occasion de ses funérailles prévues ce jeudi, à Dakar, "tout le Sénégal va se précipiter à la levée du corps, pour vanter et chanter ses vertus", une mobilisation dont il n’a peut-être pas eu droit de son vivant.
Honoré de son vivant ou pas, "Doudou Ndiaye a eu un parcours tout en rose. L’artiste a été de tous les grands moments de la culture au Sénégal", de l’indépendance à nos jours, selon Le Quotidien.
Il retient que "du Festival mondial des arts nègres, en 1966 (à Dakar), en passant par la célébration du bicentenaire de la Révolution française, à Paris, en 1989, jusqu’à son inscription au fronton de l’Unesco comme un ‘Trésor humain vivant’, [Ndiaye] aura marqué l’Histoire".
Sud Quotidien se souvient d’un "monument". "Ce virtuose de la percussion aura marqué de son empreinte la scène musicale sénégalaise en se faisant remarquer au stade de l’Amitié (devenu stade Léopold-Sédar-Senghor, Ndlr), le 4 avril 1960, jour de l’indépendance, en jouant devant le président Léopold Sédar Senghor, accompagné de 110 joueurs de tam-tam", rappelle ce journal.
L’As va même plus loin en laissant entendre que Doudou Ndiaye Rose semblait symboliser la Fête nationale : "S’il y a un événement national avec lequel le défunt est confondu, c’est bien le défilé du 4-Avril." "A chaque célébration de la Fête nationale (…), le virtuose du ‘sabar’ enflamme le boulevard général-de-Gaulle, à travers des rythmes (…) savamment composés", se souvient L’As.
"Un monument s’effondre", écrivent Sud Quotidien et Enquête, ce dernier publiant, comme d’autres quotidiens, une photo montrant le percussionniste à l’oeuvre, habillé aux couleurs nationales.
"L’Unesco l’avait ‘sanctifié’ en le classant ‘Trésor humain vivant’. Il le mérite bien. Mais quel paradoxe ! Voilà un homme qui a illuminé les plus grandes scènes du monde et joué avec les plus grands artistes de la planète, dont Miles Davis et Peter Gabriel", rappelle Enquête, regrettant que Doudou Ndiaye Rose "était presque resté anonyme au Sénégal".
Le Témoin Quotidien évoque le souvenir d’"un géant", un "mathématicien du rythme", un "monument culturel", un "homme de refus, d’une valeur rare et arrimée à ses convictions culturelles, religieuses et politiques, jusqu’à sa mort".
Le Populaire retient que "l’immense Doudou Ndiaye Rose (...) a conquis le monde par la richesse et l’originalité de son art".