LES RAISONS DE LA SUSPENSION NE SONT PAS VALABLES
EMPRUNT OBLIGATAIRE DE LA MAIRIE DE DAKAR
Dakar, 13 mars (APS) - Le maire de Dakar, Khalifa Sall, a jugé vendredi non valables les "raisons techniques" invoquées par le gouvernement du Sénégal pour suspendre l'emprunt obligataire de 20 milliards de francs CFA prévu par la municipalité de la capitale.
"Pour la suspension de l'emprunt, ils (les membres du gouvernement) ont dit que c'est des raisons techniques, mais il n'y a plus d'arguments techniques valables'', a-t-il déclaré à des journalistes à l'issue d'une session extraordinaire du conseil municipal de Dakar.
"Sur toutes les interpellations, a soutenu Khalifa Sall, d'abord avec le ministre des Finances, en comité technique, en sa présence et en présence des bailleurs, sur la base de mémoires (…) nous avons démontré que ces arguments n'étaient pas recevables."
Il trouve "navrante" cette "attitude du gouvernement du Sénégal qui, à trois reprises, a donné à la mairie son avis de non-objection et qui, aujourd'hui, lui oppose des arguments ne pouvant pas prospérer".
"Que ce soit des arguments sur la discontinuité, que ce soit des arguments sur les effets contingents, sur la délibération de mars 2014, sur l'endettement de la Ville ou sur les avances de trésorerie, l'Etat disposait de tous les éléments en juillet 2014 quand il donnait son avis de non-objection", a fait valoir Khalifa Sall.
En 2014, le conseil municipal de Dakar a autorisé la mairie de lancer un emprunt obligataire de 20 milliards de francs CFA sur le marché financier de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dans le but de trouver de l’argent pour financer des infrastructures.
Le 19 février dernier, la mairie Dakar s’apprêtait à lancer l’emprunt obligataire de 20 milliards pour une durée de sept ans.
Mais le gouvernement du Sénégal s’y est opposé, deux jours avant le lancement de l’emprunt. Cette décision a mis l’organe de régulation des marchés financiers de l’UEMOA dans l’obligation de suspendre le lancement de l’emprunt.
La suspension de l’emprunt obligataire prévu par la mairie de Dakar n’est pas d’ordre "politique", elle s’explique par des raisons "techniques", a précisé jeudi le Premier ministre Mahammed Dionne.
"Concernant l’emprunt de la Ville de Dakar, on parle de dossier politique. Non, c’est un dossier technique", a-t-il dit en répondant aux "questions d’actualité" des députés, à l’Assemblée nationale.
"L’endettement (…) nécessite un regard extrêmement exhaustif", a souligné M. Dionne, ajoutant que l’opération a été suspendue, en attendant de savoir si la mairie de Dakar "peut supporter un endettement supplémentaire de 20 milliards de francs CFA".
Selon le chef du gouvernement, "les avances" faites par l’Etat à la mairie de Dakar s’élèvent à 12,3 milliards de francs CFA. La dette à payer par cette collectivité locale aux banques s’élève à 19,7 milliards de francs CFA, a-t-il signalé.
Le maire de Dakar affirme que "la dette sur les investissements de la municipalité concerne la voirie et l'éclairage public et ont des intérêts faibles de 2% sur sept ans, que la mairie peut bien payer".
Les prêts de rentabilité "peuvent se rembourser par eux-mêmes, à l'exemple du marché Kermel", a indiqué Khalifa Sall. Il dit que "toutes les dettes de la Ville de Dakar peuvent se payer suivant un remboursement de 1,7 milliard par an, jusqu'en 2032''.
La mairie "est capable d’assurer cela", a-t-il soutenu, soulignant que d'autres villes africaines pourraient être handicapées par "un éventuel échec de Dakar" sur ce dossier.