''LES SÉNÉGALAIS SE SENTENT CHEZ EUX AU BURKINA FASO''
SOULEYMANE JULES DIOP, SECRETAIRE D’ETAT AUX SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR
Dans cet entretien, le secrétaire d’Etat aux Sénégalais de l’extérieur se prononce sur la situation des Sénégalais vivant au Burkina-Faso, la coopération avec la France et la préparation du sommet de la Francophonie. Souleymane Jules Diop accuse les libéraux d’avoir manqué de « responsabilité ».
Quelle est la situation des Sénégalais vivant au Burkina- Faso, quelques heures après le début des négociations pour l’installation d’un organe de transition chargé de gérer l’après-Compaoré ?
Elle est bonne, touchons du bois ! Nous sommes en contact permanent avec eux. Les Sénégalais se sentent chez eux au Burkina Faso ! Lors des événements de Ouagadougou, de jeudi dernier, deux parlementaires sénégalais étaient sur place. A l’instar des Sénégalais vivant sur place, ils ont exprimé le sentiment de fraternité et d’amitié qu’ils ont ressenti.
Heureusement, car certains ont failli mettre en péril nos compatriotes. Un drame qui se jouait au Burkina, un pays ami et frère, il y a quelques heures encore ; cette situation engageait la vie de certaines personnes.
C’est un peuple qui s’est soulevé contre leurs autorités gouvernementales. Nos compatriotes ont toujours vécu dans la quiétude, dans la tranquillité aux côtés des Burkinabés. Ils se sentent bien traités dans leur pays d’accueil.
Vous accusez l’opposition d’avoir tenté de jeter de l’huile sur le feu....
Aujourd’hui, il y a des gens, le Pds et son leader Me Abdoulaye Wade pour les nommer, qui ont tenté de faire une exploitation politicienne au point de menacer la sécurité et les biens de nos compatriotes établis au Burkina Faso.
Je me prononce de manière d’autant plus sérieuse que j’ai reçu des appels de ce pays frère, venant de compatriotes qui avaient, à un moment, peur pour leur sécurité à cause des sorties dangereuses, malencontreuses et irresponsables de certains leaders de l’opposition sénégalaise.
Parce que dire que le président Macky Sall aurait soutenu Blaise Compaoré dans son projet, c’est mettre en mal les Sénégalais vivant là-bas avec le peuple burkinabé. Alors que le peuple sénégalais est tout à fait solidaire du peuple burkinabé dans sa quête de liberté. Nous avons naturellement une obligation de réserve et de mesure commandée par un souci de responsabilité.
Mais, il y a déjà un précédent de ce genre, il y a quelques années, quand Me Wade, alors au pouvoir, avait fait une déclaration publique sur ce qu’il avait appelé les conditions de vie des Burkinabé en Côte d’Ivoire, pires que ce que les Africains vivaient en Europe, selon lui.
Au plus fort de cette crise ivoirienne, il s’ingérait de manière intempestive sur les relations entre deux pays frères, au point qu’à l’époque, nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire avaient élevé la voix, pour dire que les sorties du président Wade mettaient en danger leur vie, leur sécurité et leurs biens.
N’est-ce pas lui qui avait conseillé au président Faure Gnassingbé de ne point s’inquiéter, car ayant déjà avec lui, l’armée et le pouvoir, il ne pouvait pas perdre les élections ! Il est donc coutumier des faits.
Selon le Pds, c’est un article de « Jeune Afrique » qui les a informés de cette affaire. Que s’est-il passé lors de la fameuse visite de Mme Girardin, secrétaire d’Etat française chargée du Développement et de la Francophonie ?
Il ne s’est rien passé qui sorte de l’ordinaire dans le sillage du fait que la France et le Sénégal ont les meilleures relations qui puissent être. Nous avons eu l’honneur d’accueillir à Dakar, le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye et moi- même, Mme la secrétaire d’Etat Annick Girardin.
Nous avons défini le cadre dans lequel devaient se dérouler les discussions entre le Sénégal et la France à propos de la préparation du sommet de la Francophonie, en particulier sur ce qui fait l’une des attractions de la rencontre, la succession du président Abdou Diouf à la tête de l’Oif.
Dans les dossiers évoqués, le Sénégal a eu une attitude responsable de neutralité en mettant en avant le souci de démocratie.
Et il n’a jamais été question, au cours de ces discussions, de problèmes relatifs au sort du président Compaoré. Et à aucun moment, cette question n’a été évoquée. Il faut rappeler que certains dossiers comme celui-ci ne peuvent faire l’objet de conversations avec le secrétaire d’Etat à la Coopération et la Francophonie.
J’aurais compris si c’était le ministre français des Affaires étrangères, et encore ! La Francophonie était l’objet exclusif de nos discussions avec notre hôte, Mme Girardin.
Le ministère des Affaires étrangères a eu l’attitude responsable qui a consisté à apporter un démenti immédiat à ces allégations. On ne voit pas le président Macky Sall, qui a décidé d’exercer un mandat de cinq ans alors qu’il a droit à deux ans de plus, accorder son soutien à quelqu’un qui cherche à prolonger le sien par une voie anti-démocratique. Cela n’a pas de sens !