LES SÉNÉGALAISES FONT DE MOINS EN MOINS D'ENFANTS
ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE ET DE SANTÉ
Présentée hier, l'enquête démographique et de santé continue 2012-2013 établit des progrès dans la contraception et incidemment une baisse du taux de fécondité au Sénégal.
Au Sénégal, les femmes donnent naissance en moyenne à 5,3 enfants durant leur vie féconde.
C'est ce que note l’Enquête démographique et de santé continue Sénégal (EDS-CS) 2012-2013, réalisée par l'Agence nationale des statistiques et de la démographie (Ansd). Cette étude, dont la première phase a été présentée hier, est menée sur une périodicité de cinq ans.
Elle a montré qu'il y a une baisse de la fécondité par rapport aux années 1997, passant de 5,7% à 5,3%. Cependant, en milieu rural, le taux est de 6,3% contre 4,1 % en milieu urbain. Ce qui veut dire que le nombre de naissances en zone rurale reste toujours élevé et a même dépassé la moyenne nationale. De fait, le Sénégal occupe la 4e place au niveau de la sous-région après le Niger (7,6%), le Burkina Faso (6%) et la Gambie 5,6%.
Cette baisse du taux de fécondité est liée à la prévalence élevée de la contraception. Selon toujours l'enquête de l'Ansd, 16% des femmes de 15-49 ans actuellement en union utilisent une méthode contraceptive moderne.
Par ailleurs, l'étude relève que 18% des femmes utilisent n'importe quelle méthode contraceptive, 6% utilisent les injectables, 5% prennent les pilules, 3% font des implants et 2% ont recours aux méthodes traditionnelles. Toutefois, l'enquête indique que l'utilisation de la contraception est très faible en milieu rural, 9% contre 27% en milieu urbain. Cette situation s'explique par la non accessibilité des femmes aux méthodes contraceptives et leur ignorance.
Dans les régions, le Sud a un faible taux d'utilisation de la contraception (9%), tandis que le Nord est à 13%, le centre 10% et l'Ouest 27%. Cela s'explique aussi par la non accessibilité et l’ignorance des populations.
Au Sénégal donc, 24,4% des femmes de 15-49 ans actuellement en union ayant un niveau d'instruction primaire utilisent une méthode moderne de contraception. Cette situation place le pays en troisième position après le Congo 20% et le Gabon avec (19%).
Beaucoup de femmes veulent espacer les naissances mais se heurtent à l’accès aux méthodes contraceptives. Pour y remédier, le ministre de la Santé et de l'Action sociale a lancé une campagne de sensibilisation de la planification familiale, vendredi dernier en vue d'une décentralisation des méthodes et d'un accessibilité à tous.
Selon le directeur adjoint de l'Ansd, Mamadou Fallou Mbengue, l'enquête a permis de voir un certain nombre de progrès en matière de mortalité, de fécondité, de planification familiale, ainsi que dans le domaine de la santé de la mère et de l'enfant.
''Nous allons réaliser cette enquête sur une base annuelle. L’intérêt aujourd'hui est au lieu d'attendre une périodicité de cinq ans, chaque année nous aurons des résultats dans le domaine de la santé qui permettent de savoir un peu quel est l'effet des politiques appliquées dans les différents domaines, mais également de prendre des mesures d'ajustements éventuels ou de correction des politiques des programmes qui sont mis en oeuvre'', a dit M. Mbengue.
L'étude s'est intéressée aux établissements prestataires des soins de santé et aux ménages. L'objectif, a indiqué M. Mbengue, c'est la couverture maladie universelle et les informations vont être utilisées dans ce cadre.
65 enfants décèdent sur 1 000 naissances vivantes
La mortalité des enfants de moins de 5 ans constitue toujours une préoccupation majeure. Selon l'enquête démographique de la santé continue, sur 1 000 naissances vivantes, 65 décèdent avant d'atteindre l'âge de cinq ans. Le Sénégal est classé 6e avant la Gambie (54 pour 1 000). Les résultats ont aussi montré que la mortalité infantile : celle néonatale à 1 mois est de 26 pour 1 000 ; celle post-néonatale (de 1 à 11 mois) est de 17 pour 1 000 ; et la mortalité juvénile (1-4 ans) à 23 pour 1 000.
Par ailleurs, au Sénégal, 71% des enfants de moins de cinq ans sont anémiques et 19% souffrent d'une malnutrition chronique. Cependant, l'anémie chez les enfants a considérablement baissé par rapport en 2011-2012 où elle était à 76% et à 83% en 2005. En milieu urbain, la prévalence de l'anémie est établie à 65% contre 75% en milieu rural.