Les travailleurs projettent une grève illimitée qui affectera le réseau…
BRAS DE FER ENTRE LA DIRECTION DE TIGO ET LE PERSONNEL
Le différend qui oppose la société de téléphonie Tigo et son personnel n’a pas encore connu de dénouement. En effet, hier, les travailleurs, réunis au sein du Collectif pour la défense des intérêts des travailleurs de ladite structure, ont observé une journée de grève qui a sensiblement perturbé les activités de la deuxième société de téléphonie mobile du Sénégal. Un mouvement d’humeur marqué notamment par une désertion des agences Tigo à Dakar où les clients n’ont pas pu trouver d’interlocuteurs et aussi par des dysfonctionnements sur le réseau.
Les travailleurs, qui réclament des hausses de salaires et le dégèle des avantages bloqués depuis 2006, ont fait face à la presse pour dénoncer «l’injustice» dont ils se disent victimes. Assane François Seck, coordonnateur des délégués du personnel, s’est indigné des menaces et intimidations dont sont victimes les employés. «La Direction générale va essayer d’utiliser tous les moyens pour nous intimider, pour ramollir notre mouvement. Ils ont servi des demandes d’explication et il s’est ensuivi des avertissements», déclare-t-il.
«Cela était prévisible, nous savions aussi que ces gens ne vont pas reculer devant nos réclamations. Aujourd’hui, par rapport à ces sanctions, nous avons introduit une demande d’annulation au niveau des autorités compétentes. Cette demande est en train d’être examinée. Quoi qu’il advienne, nous nous dresserons comme un seul homme pour défendre les intérêts de tous les travailleurs de Tigo», a-t-il ajouté. Et Assane Fall et ses camarades d’avertir que «si l’on touche injustement un employé, la Direction générale assumera la responsabilité de toutes les conséquences, en particulier celles affectant directement le fonctionnement correct du réseau. Car une grève illimitée s’ensuivra».
«Nous sommes au Sénégal et nous ne nous laisserons pas intimider par ces pratiques néocolonialistes. Aussi, nous demandons à l’Etat de jouer son rôle avant que la situation ne dégénère», ont-ils inscrit sur leur texte liminaire. Le collectif a aussi déploré en outre, le recours excessif et injustifié aux expatriés. Selon Mody Guiro, Secrétaire Général de la Cnts, «cette situation est déplorable, parce que ce sont des travailleurs qui ont montré leur ouverture au dialogue, qui ont fait preuve de beaucoup de responsabilités, qui se sont solidarisés avec la direction de Tigo. Ils ont volontairement renoncé à leurs acquis. Ces travailleurs sont confrontés à une direction réfractaire et il faut qu’elle reste ouverte».
…La Direction de Tigo n’exclut pas de licencier
Interpellée sur cette grève des travailleurs, la direction de Tigo a fait dans la fermeté. Selon la Directrice des ressources humaines, Yasmina Cissé Dagassan, «les salariés qui effectueraient une grève, sans respecter les conditions légales de cette grève, pourraient être licenciés effectivement pour faute, de la même façon qu’ils pourraient être licenciés pour un autre motif».
Au micro de nos confrères de la Rfm, la Directrice des ressources humaines de Tigo a expliqué que les revendications qui ont mené à ce mouvement sont , à avis, «injustifiées». En effet, pour elle, «quand on parle de non écoute et de travailleurs qui ne sont pas attendus», cela pose problème dans la mesure où il y a eu «quatre mois de négociations, plus de vingt réunions, des échanges».
«Aujourd’hui, la Direction générale, sur 30 points de revendications qui avaient été posés, en a accepté 21. Les 9 qui restent ne sont pas des points de droit. Mais c’est des points de rallonge de primes, d’indemnités qui sont basés sur des choses complètement utopiques et déraisonnables. Parce que la situation de l’entreprise ne permettrait, afin d’être pérennisée, absolument pas d’accepter les requêtes des salariés», a-t-elle précisé.