LES TURPITUDES QUI DECREDIBILISENT LA CREI
Le Président du Bénin, M. Mathieu Kérékou, ayant constaté un jour que la Magistrature de son pays était «pourrie», prit une décision historique en radiant tous les magistrats, sans chercher à faire une distinction entre les bons et les mauvais. Pour lui, lorsqu’un fruit est pourri, on ne cherche pas à savoir s’il ne reste pas une petite partie saine. On le jette.
Je crains que le Président Macky Sall soit amené à prendre pareille mesure, limitée cependant aux magistrats de la Crei, car ils sont tous mouillés dans le pillage des sociétés de Bibo Bourgi qu’ils ont placées sous administration dite provisoire. La presse a suffisamment mis en lumière toutes les connexions, ce qui nous dispense d’y revenir.
Voilà des gens qui, menés par le chef d’orchestre le Procureur spécial de la Crei et son adjoint, se sont ingéniés à créer les conditions du pillage des sociétés privées en plaçant à leur tête leurs complices, avec des connexions directes au Palais présidentiel, sans appel à manifestation de candidature qui est la procédure normale convenue avec les bailleurs de fonds. Ils l’ont évitée, car elle serait assortie des conditions du profil de la fonction.
- Plus grave le dénommé Abdoulaye Sylla, sans autre qualité que d’être d’abord l’ami très proche de M. et Mme Macky Sall, ensuite le mari de sa propre femme qui décroche pour lui les affaires. En effet, Mme Sylla née Fatimata Zohra Dème, a pu décrocher pour sa société l’administration de la société Ahs Sénégal, mais c’est lui qui gère à la place de la société de sa femme. Il a commencé à renforcer sa mainmise sur la société en plaçant ses hommes dans les différents postes, notamment celui de la comptabilité, sous la couverture des magistrats de la Commission.
- La décision de mettre sous administration des sociétés Ahs qui sont des sociétés privées n’avait pas sa raison d’être, car ces sociétés n’ont aucun rapport avec des deniers publics. Une société, c’est son capital et ses bénéfices (ou ses dettes). Dans le cas présent où se situent, entre les deux, les deniers publics supposés détournés ?
- L’intérêt de ces magistrats n’est pas de faire la lumière, car s’ils avaient cherché à vérifier les déclarations de Karim Wade, Bibo Bourgi et les autres propriétaires officiels de sociétés Ahs, ils se seraient aperçus d’abord qu’il s’agit de sociétés privées dans lesquelles l’Etat n’a rien à voir, ensuite qu’il n’y a pas dans ces sociétés l’ombre de détournement possible de deniers publics. Car l’Etat n’est concerné ni par le capital des sociétés – au demeurant dérisoire (10 millions Cfa) - ni par les bénéfices éventuels, certaines étant même en état de faillite.
- Tous ces individus, Procureur spécial et son adjoint, les magistrats de la Commission d’instruction devraient répondre des délits d’abus de confiance qui visent les gérants de droit et de fait, et complicité d’abus de confiance, et tenus solidairement de rembourser l’argent qu’ils ont pris indûment.
- Les magistrats de la Crei n’ont plus un honneur à sauver. Ils ont perdu toute crédibilité et ne peuvent plus, décemment, convoquer un citoyen quelconque pour l’interroger ou le juger au nom du Peuple sénégalais. Leur place est à Rebeuss et nulle part ailleurs.
Terminons par nous étonner de la décision de Maître Guédel Ndiaye. S’il constate que sa cliente, la société Ahs est pillée, il doit porter plainte pour abus de confiance au lieu de se contenter de lever les bras au ciel en déplorant une gestion non conforme à celle d’un bon père de famille.
Christine Awa Guèye
Doctorante en Droit