LES VICTIMES DE «AGIR IMMO» MENACENT DE RENDRE LE PAYS INGOUVERNABLE SI...
DEPITEES PAR LES NOMBREUSES PROMESSES NON TENUES

Victimes d’escroquerie foncière portant sur la somme de 2.5 milliards de francs Cfa, les membres du Collectif «Agir immo», du nom de cette agence immobilière appartenant à Abdoulaye Youssou Diagne, ont sonné le glas. Ils ont lancé un ultimatum de deux mois pour rentrer dans leurs fonds, à défaut, ils menacent de rendre le pays ingouvernable.
Les éternelles promesses non-tenues par le patron Abdoulaye Youssou Diagne constituent une pilule amère que ne veulent plus avaler les membres du Collectif des victimes de «Agir immo». Ces derniers qui, globalement, ont été des victimes d’une escroquerie au foncier portant sur la somme de 2.5 milliards de francs Cfa, au moins, qu’ils imputent à cette agence spécialisée dans la gestion immobilière et le recouvrement, ont été samedi dernier en Assemblée générale.
Une rencontre où plus d’un millier de personnes ont été présentes et au cours de laquelle, plus d’un a haussé le ton pour exprimer leur ras-le-bol face au chapelet d’engagements faits, à plusieurs reprises, par le sieur Diagne et jusque-là jamais respectés. Le collectif qui nourrit encore l’espoir de voir l’Etat peser de tout son poids sur la question foncière tout comme il l’a fait avec le loyer, a surtout dénoncé la liberté conditionnelle accordée au mis en cause.
Se disant surpris d’avoir appris «la libération avant jugement de Abdoulaye Youssou Diagne, malgré plus de 1000 plaintes déposées contre sa personne pour escroquerie », le Collectif des victimes, dit dénoncer «avec la dernière énergie cette complaisance de la justice sénégalaise par cette libération qui confirme, une nouvelle fois de plus, que le sieur Diagne bénéficie de complicités à tous les niveaux de la République. Ce qui lui a permis, au demeurant, de spolier des milliers d’honnêtes Sénégalais, allant de la vendeuse de cacahuètes au plus haut fonctionnaire et dont le seul tort aura été de vouloir obtenir un toit à la sueur de leur front».
Dans un communiqué rendu public, les victimes de hausser le ton : «Nous interpellons toute la nation sénégalaise sur le drame que nous vivons depuis plus de 5 ans du fait des agissements de M. Diagne et tenons à aviser à qui de droit que nous nous opposerons par tous les moyens possibles à ce qu’il puisse jouir en toute liberté des deniers que nous avons capitalisés au prix de sacrifices et d'innombrables privations pendant des années et des années».
En ce sens, ils disent mettre «en demeure M. Diagne et ses protecteurs de nous livrer les terrains pour lesquels plus de 2.5 milliards de francs Cfa lui ont été versés à ce jour, ou de nous rembourser ledit montant dans un délai maximum de 2 mois. A défaut, nous mettrons en exécution le plan d’action déjà concocté et qui rendra le pays ingouvernable», préviennent les victimes.
Lors de cette Ag les victimes qui ont été très virulentes dans leurs déclarations ont émis même l’idée de réclamer la saisie de tous les biens du sieur Diagne. Ne serait-ce que pour lui éviter de prendre la fuite. Il en est de même qu’une plainte contre Ousmane Diagne, l’ancien procureur de la République.
Le président dudit Collectif, Alioune Badara Guèye, qui a pris la parole à la suite de ses camarades, a voulu éclairer la lanterne de certains membres. Il leur a, cependant, bien signifié qu’en réalité ce n’est pas le Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, qui a offert une liberté conditionnelle au patron de «Agir immo», mais c’est bien la Chambre d’accusation, qui en est l’auteur. «L’Etat a intérêt à régler ce problème», a confié M. Guèye qui soutient encore la loi «du tout ou rien : On refuse qu’on nous donne une partie et non l’intégralité de ce qu’on nous doit, nous les victimes».
ABDOULAYE YOUSSOU DIAGNE TEMPERE ET BAT SA COULPE - «JAMAIS IL N’A ETE DE NOTRE INTENTION DE MAL AGIR»
Traqué par les membres du Collectif des victimes de son agence, Agir/immo, Abdoulaye Youssou Diagne s’est confondu en excuses pour calmer ses clients. En atteste la correspondance qu’il a adressée au bureau dudit collectif, pour dire : «Jamais il n’a été de notre intention de mal agir. Conscients du fait que les clients constituent notre raison d’exister ; qu’ils ne sont ni nos ennemis, ni nos adversaires, qu’ils sont plutôt nos partenaires stratégiques, nous venons aujourd’hui solliciter votre compréhension bienveillante pour nous accompagner dans la voie de la résolution définitive de toutes les difficultés dans les 6 mois à venir (1er janvier – 30 juin 2014)».
Dans sa lettre rédigée à la veille de l’Ag des victimes, il y annonce avoir «pris des engagements fermes de régler avant le 30 juin 2014 toutes les questions soulevées, notamment celle concernant la mise à disposition des parcelles et le remboursement, selon le calendrier d’exécution des engagements défini en vue de satisfaire la clientèle.
Ainsi, le sieur Diagne s’est engagé à procéder, du 1er janvier à la fin du mois de février 2014, à la viabilisation, la régularisation administrative, la mutation et l’autorisation de lotir et de construire». Ensuite, de mettre à disposition 1000 parcelles dans les délais compris entre le 1er mars et le 30 juin 2014.
Et enfin de se consacrer au «remboursement intégral de toutes les dettes envers les clients et les partenaires financiers et techniques». Ce, entre le 2 mai et le 31 juillet 2014, a promis Abdoulaye Youssou Diagne, par ailleurs, président du Conseil des investisseurs, avant de préciser que «la société Agir/immo dispose effectivement à son actif de suffisamment de surfaces foncières pour satisfaire l’ensemble des clients».
Selon lui, ce sont des circonstances indépendantes de leur volonté qui ont porté un lourd préjudice à l’exécution concrète de certains de leur programme. «Un ensemble de facteurs exogènes suscitant toutes sortes de difficultés aptent à freiner ou ralentir le rythme des travaux en cours s’est dressé devant la société. Nous avons subi les conséquences dommageables d’une expropriation imprévue ; des lenteurs dans les procédures de mutations imputables à certains notaires. Des lourdeurs administratives dans les procédures de régularisation et d’obtention d’autorisation de lotir et de construire. Des goulots d’étranglements dans les démarches administratives préalables à tout projet immobilier. Ce qui explique les retards regrettables et regrettés dans la mise à disposition de parcelles, villas, cantines et appartements», explique M. Diagne
ME SIDIKI KABA DIT AVOIR DEMANDE AU PROCUREUR DE PRENDRE TOUTES LES DISPOSITIONS APPROPRIEES
L’implication de l’Etat dans leur différend les opposants à Abdoulaye Youssou Diagne est, aujourd’hui, un des voeux les plus chers pour les victimes du Collectif de «Agir/immo». Voilà pourquoi, comme à l’entame de leurs activités pour recouvrer leurs biens les membres dudit collectif avaient sollicité
l’implication de l’Etat pour solutionner leur problème.
Successeur de Aminata Touré, au ministère de la Justice, laquelle a été saisie, en son temps, Me Sidiki Kaba a réagi à la correspondance de «Agir/immo» datée de 22 novembre 2013. Dans sa correspondance en date du 24 juin 2014, le ministre confie au collectif avoir «demandé à M. le Procureur de faire prendre toutes les dispositions appropriées».
Un choix qui s’explique, selon lui, par le fait que la lettre dudit collectif «a, en effet, tenu toute (son) attention, eu égard à l’importance du préjudice (et) au nombre important de victimes recensées mais également à (sa) détermination à promouvoir une justice rapide et efficace et une lutte contre toute forme d’impunité».