LES VISITEURS DEPLORENT UN SANDAGA BIS, LES TRADIPRATICIENS EN VEDETTE
22ème EDITION DE LA FOIRE INTERNATIONALE DE DAKAR
Ouvert depuis jeudi, la 22ème édition de la Foire Internationale de Dakar bat son plein, même si l’affluence n’est pas encore notée. Ce rendez-vous commercial international, jadis très attendu par les populations du fait de la possibilité d’y trouver de produits originaux, a aujourd’hui, perdu cet aspect. Les articles exposés sont presque ceux que les clients ont l’habitude de voir à Sandaga et autres marchés dakarois.
La 22ème édition de la Foire internationale de Dakar (FIDAK) se déroule depuis jeudi au Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES). Seulement l’affluence reste encore assez timide. Quelques visiteurs squattent les différents stands d’exposition. Un décor calme domine sauf au pavillon orange, où l’ambiance est plus bouillonnante. Accueillant les commerçants sénégalais, ce pavillon n’a rien à envier au marché Sandaga. Chaussures, habillement, bijoux, jouets, bref les clients seront bien servis. Seulement, l’originalité des articles fait défaut. Un fait déploré par cette visiteuse. Croisée au pavillon orange, Daba habitante des Parcelles Assainies ne cache pas sa déception après avoir effectué le tour des stands. «Je suis venue visiter et éventuellement acheter quelque chose mais vraiment, les produits que j’ai vu, ne m’ont pas séduits. Ce sont les mêmes qu’on trouve à Sandaga ou à Petersen», remarque la jeune fille, vêtue d’un haut marron et d’un jean de la même couleur. Poursuivant sur cette lancée, elle propose aux organisateurs de revoir l’organisation consistant à élargir l’offre de stands à certains vendeurs comme les marchands ambulants. «Une foire doit être différente des marchés. Mais ici, ce n’est pas le cas. Les marchands ambulants gâchent de trop l’originalité de la foire», regrette-t-elle.
La dame Oumy Faye abonde elle également dans le même sens. La quarantaine bien sonnée, elle est, elle aussi, gagnée par la déception après un tour des différents pavillons. Un foulard rose autour de la taille, elle est bien emmitouflée sous un grand boubou wax. Ménagère de son état, Oumy est une habituée de la Foire qu’elle dit visiter à chaque édition. Et pour elle, ce rendez-vous commercial perd de plus en plus son originalité. «On a ouvert de trop l’espace aux marchands ambulants. De ce fait, ils snobent les étrangers et c’est eux qui font la différence. Car qui dit foire pense forcément à la nouveauté et à l’innovation et ça, ce sont les exposants étrangers seulement qui peuvent l’apporter», peste-t-elle. Pour elle, autant les organisateurs élargissent l’espace aux marchants ambulants, autant la Fidak perd son caractère son lustre d’antan.
UNE GRAINE D’ORIGINALITE CHEZ LES ETRANGERS.
Toutefois, avec les exposants étrangers, les visiteurs peuvent découvrir des articles qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. C’est le cas chez les Pakistanais avec leurs chaussures, costumes et couvertures bien de chez eux. Des produits que semblent appréciés les clients. A l’image de Moussa Timbo. De nationalité malienne, il est étudiant dans une école de formation privée de la place. Interrogé sur les raisons de sa présence et son dévolu sur le stand du Pakistan, il affirme tomber sous le charme des costumes proposés par les Pakistanais. «Ils offrent des produits de qualité. L’année dernière, j’en avais procuré trois costumes à de bons prix. Ca m’a vraiment aidé avec le froid. C’est pourquoi, cette année encore, je suis venu ici en acheter d’autres», explique le sieur Timbo. Un avis partagé par Rokiya, une exposante burkinabée. Ayant son stand au Pavillon Sénégal, elle a quitté momentanément son emplacement pour venir jeter un coup d’œil sur les produits des Pakistanais. Selon elle, c’est eux qui apportent les bons produits. «Ils ont de jolies chaussures. L’année dernière, j’en avais acheté et depuis lors ça dure. C’est la raison pour laquelle, je suis venue encore pour en avoir», nous a-t-elle fait savoir.
BIENVENU A LA PHARMACOPEE DU CICES.
En dépit de l’absence d’articles différents de ceux cédés dans les marchés dakarois, la Fidak est marquée par une très forte disponibilité de médicaments venant des tradipraticiens. Offert pour la plupart par des exposants étrangers venus de la sous-région, il y a des remèdes à presque toutes les pathologies. Chez Simon Kpongan, un exposant béninois, la liste des maladies qu’il propose de guérir s’étend à une soixantaine. En sachet ou en boite, ces médicaments sont vendus avec un bout de feuille expliquant le mode d’utilisation. Chose qui n’est pas sans risque. En effet, aucune information sur les composants du médicament n’est donnée, encore moins les éventuels effets secondaires. Engagé par un vendeur de ces remèdes, Sokhna tente de rassurer les clients. «Depuis trois ans, je travaille avec ce béninois, mais ces produits sont efficaces. Je n’ai jamais vu quelqu’un venir se plaindre. En plus, ils ont des représentants ici au Sénégal. De ce fait, s’il y a des complications, les gens peuvent venir directement les voir», a essayé de tranquilliser la jeune fille.
Ce qui est loin de convaincre ce sieur. Sous le couvert de l’anonymat, il déplore avec force la présence de ces tradipraticiens. A son avis, les initiateurs de la Fidak doivent penser à revoir leur présence. «Ils proposent toutes sortes de médicaments et les gens se ruent vers eux. Si une personne en prend et a des complications, à qui va-t-il s’adresser ? Parce que la plupart viennent de la sous-région. Après la foire, ils rentrent. Les visiteurs se réjouissent de leur présence, mais il faut faire attention à ce qu’ils amènent ici», s’inquiète notre interlocuteur.
Une crainte qui ne semble pas habiter tous les visiteurs. Car à la foire, l’affluence chez ces exposants a fini d’être une tradition, perpétuée à chaque édition. Raison suffisante pour que les autorités jettent un regard sur ces médicaments bons pour toutes les pathologies.