LETTRE OUVERTE À IDRISSA SECK
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Monsieur l’ancien Premier ministre,
Je suis au regret de vous informer que lors de votre dernière visite parmi nous, vous avez malheureusement transgressé une des règles d’or de la cité de Khadim Rassoul qui l’a voulue une cité de paix, d’harmonie et de concorde : la «biendisance».
On vous savait opposant à la politique menée par le Président Sall, et on saluerait une telle voix dissonante qui nous épargnerait les affres de la pensée unique et servirait d’alerte, si nécessaire, à toute vibrante démocratie.
Libre à vous de défendre que le premier procès de la traque des biens mal acquis est bel et bien un procès politique, bien que je vous inviterais à revoir la définition et, surtout, l’historique des procès politiques. Je vous inviterais à faire la différence entre un procès politique et un procès politisé par un parti ayant réduit son programme d’idées admirables de shadow cabinet à un culte désespéré de personnalités.
Libre à vous de penser et de promouvoir que les fonds politiques alloués au président de la République du Sénégal peuvent être disposés par celui-ci «comme bon lui semble», même si l’intention du législateur sénégalais et de la constitution sénégalaise est claire en stipulant que tout argent du contribuable (et/ou au nom du Sénégal) n’est pas à usage de promotion d’intérêts personnels et/ou privés comme vous semblez le suggérer.
Libre à vous de chercher à «épicer» vos discours avec nombre de sophismes même si vous versez souvent dans des travers comme la promotion d’anachronismes posant Aristote comme géniteur des mathématiques et Platon renforçant les thèses d’Aristote bien que mort 36 ans avant sa naissance, violant un principe que votre fameux professeur de biologie à Princeton aurait dû vous dire : «KISS or keep it simple, Seck» pour bien parler.
Libre à vous de persister dans l’usage inopportun des paraboles religieux même si cela vous a valu beaucoup de désagréments comme récemment de réussir l’exploit rarement égalé de heurter inutilement la sensibilité de nombres de chrétiens et de musulmans à la fois.
Libre à vous de toujours verser dans le sensationnalisme superficiel de façon presque incontrôlable même si cela signifie de railler tout le Djoloff et de ne point vous excuser auprès des djoloff-djoloff comme après le fameux canular de tiéré-rakkal à Kamb qui fut formellement démenti dans DjoloffActu.com
Libre à vous de faire état et de dénoncer une certaine influence et présence des membres de la famille présidentielle, nucléaire ou élargie, même si cela sonne dissonant venant de la même personne qui s’est autoproclamé l’architecte du retour et de la première insertion dans le dispositif présidentiel d’un certain fils de son père de président, chose qui était à l’époque farouchement défendue avec les mêmes arguments que vous refusez aujourd’hui à Mansour Faye.
Libre à vous de trouver que depuis 2 ans rien ne va dans ce pays, même si naguère, membre du cabinet de Wade d’après 2000, il vous a fallu au moins 4 ans pour relâcher les prises du léviathan qu’est l’administration sénégalaise sur la bonne marche de notre pays et commencer à faire des «réalisations» avec l’ingénieuse trouvaille des agences d’exécution pour contourner une administration totalement acquise à la cause des socialistes. Délai d’ajustement que vous semblez refuser au Président Sall qui a trouvé une totale déstructuration des fondements de notre jeune République.
Libre à vous d’essayer pour une énième fois de faire comme fonds de commerce politique le désarroi des populations sénégalaises face à une saison de pluies tardive et probablement courte du fait des effets du phénomène météorologique global El Niño, en accablant férocement le gouvernement sénégalais avec beaucoup de libéralités dans les omissions de causes et responsabilités, sans proposer de solutions, en occultant le travail remarquable de Mme Aida Diongue de l’ANACIM et les efforts du gouvernement d’encourager la variété 55 pour l’arachide, si centrale à notre agriculture et tout en anticipant malicieusement les actions de réconfort du gouvernement dans le Djoloff.
Libre à vous de toujours dire que le «rythme est actuellement trop lent» même si à Touba où vous vous trouviez, l’administration Sall a déjà investi plus de 7 milliards pour un réseau moderne d’évacuation des eaux pluviales et a complété le réseau de routes intra-urbain arrêté par les Chinois par défaut de paiement sous l’administration Wade. Informations que les services techniques semblent refuser de partager pour une plus grande vulgarisation.
Libre à vous de voir le mal partout et de chercher à «cravacher» pour tout et un rien, même si vos propos et positions ne résistent pas toujours à une analyse profonde et objective.
Mais il est malheureux de déceler dans vos propos tout dernièrement une tendance à personnaliser à outrance le débat politique et à descendre dans des caniveaux que l’on croyait réservés à la presse à sensation, aux politiciens en déclin et/ou aux jeunes second-couteaux qui ne reculent devant rien pour plaire à leur mentor du moment.
Et cela est totalement inacceptable venant de vous !
Monsieur Seck, permettez-moi de vous rappeler que vous êtes un homme publique qui aspire à diriger ce pays et que vos mots et gestes sont épiés et amplifiés jusqu’à atteindre des audiences insoupçonnées. À cette station vous avez une responsabilité inéluctable et un devoir moral à choisir des paroles sages, dignes et dignifiant surtout dans l’expression de ce qui semble être votre vérité, vérité qui doit être protégée de la souillure des considérations crypto-personnelles et autres manquements qui font le lit de la déception.
Nonobstant les propos irresponsables du ministre Mbagnick Ndiaye qui semblent avoir soulevé votre ire comme nombre de gens d’une certaine pudeur, vous n’avez pas le droit d’envahir le domaine de la vie privée de votre adversaire du moment en invoquant des images d’un homme qui aurait «peur de sa femme» à l’encontre de votre némésis du moment et de vous adonner à des médisances en conjurant des images tout aussi insultant au Président Sall qu’aux Saltigués qui sont aussi nos concitoyens.
De telles vulgarités, à la limite de la diffamation, que l’on pourrait attribuer en partie à l’euphorie et l’adrénaline des micros pour un novice, ne grandissent guère un pro comme vous.
Monsieur Seck je fais appel à votre sens de l’urbanité pour vous inviter à vous ressaisir et bannir à jamais cette forme de partisannerie des plus crasseuses de vos discours et ceux de vos émissaires. Vous conviendrez avec tous les Sénégalais d’une certaine dignité et sensibilité que ce discours de bas étage n’ajoute en rien à la richesse et l’utilité du discours politique dans notre pays.
Au contraire, notre pays a besoin d’une opposition forte, cohérente et crédible pour aider à recadrer l’action de l’exécutif avec des critiques objectives et constructives allant dans le sens de proposer au peuple sénégalais une alternative crédible.
Je ne saurais terminer sans vous rappelez qu’à l’apex de votre combat politico-financier avec la famille Wade, vous même aviez été victimes de ce genre de conduite de la part de gens qui semblaient être à court d’arguments objectifs à vous opposer et ont préféré glisser dans la fosse des attaques crypto-personnelles et ad-hominem ne laissant aucun aspect de votre vie privée susceptible de diminuer l’estime dont vous bénéficiiez auprès de certaines franges de la population sénégalaise.
Alors Monsieur l’ancien Premier ministre, je vous serai très reconnaissant de vous réévaluer et d’observer ces règles de bienséance et de biendisance la prochaine fois que vous serez parmi nous dans l’enceinte de la demeure de Khadim Rassoul et de porter ce message de paix partout où vos affaires vous appellent.
Sincèrement,
Serigne Falilou Diop
Acteur politique de développement
Militant APR Département de Mbacké