L'EXIL D'ALBOURY
DP WORLD : MIMI TOURÉ DEMANDE LE DÉPART DE L'ADMINISTRATEUR PROVISOIRE
Réagissant aux graves révélations sur la gestion de Dp World par l’administrateur provisoire, le ministre de la Justice a demandé que soit entamée la procédure pour son remplacement par un autre.
La gestion sobre et vertueuse commencerait-elle enfin à établir ses quartiers au Sénégal ? Hier, à peine l’information publiée par Le Quotidien connue, la ministre de la Justice Garde des Sceaux a décidé de saisir le Procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Mme Aminata Touré a demandé que la Commission d’instruction de ladite structure soit saisie d’urgence pour relever l’administrateur provisoire de la société Dp World, Papa Alboury Ndao et procéder à son remplacement dans les meilleurs délais.
La ministre a jugé, au regard des informations publiées par Le Quotidien ces deux derniers jours, qu’il était devenu improductif de maintenir le personnage à ce poste plus longtemps. Des proches de Mme Touré ont fait valoir qu’il était difficile de prôner la bonne gouvernance et la traque des biens mal acquis et de couvrir quelqu’un qui, manifestement, avait pour préoccupation première de se servir sans retenue.
En effet, non content d’avoir convaincu la Commission d’instruction de l’autoriser à s’octroyer des honoraires de 18,5 millions le mois, sans compter d’autres millions qu’il a pu décrocher pour les collaborateurs qu’il a amené avec lui à Dp World Sénégal, Papa Alboury Ndao n’a pas hésité à faire quasiment le siège du service de comptabilité de la société, qu’il bombardait littéralement de demandes de sortie d’argent. L’une des toutes dernières étant les deux factures datées du vendredi 26 juillet dernier. En plus de demander paiement anticipé de ses honoraires et de ceux de ses collaborateurs, pour près de 60 millions, Papa Alboury Ndao a demandé que lui soit versée une provision de 150 millions de francs Cfa, pour dit-il, «activités d’investigation», sans en préciser la nature, ni à quel titre d’ailleurs.
Bien que simple syndic, dont la mission officielle consiste à veiller à ce que les activités de l’opérateur du terminal à containers du Port de Dakar ne profitent pas d’une manière ou d’une autre, à Karim Wade ou à l’un quelconque de ses prête-noms, M. Ndao a fini par s’attribuer toute autorité de décision, surtout financière, au sein de la société. Et pour justifier son niveau de traitement, il n’a pas hésité à comparer ses honoraires avec le salaire perçu par le directeur nommé par les Emiratis, et qui a été dessaisi.
C’est sans doute aussi, pour bien coller à ce souci de se mettre au niveau de la direction qu’il a remplacée, qu’il s’est fait accorder par DpW un crédit carburant illimité pour ses deux véhicules. On se souvient qu’interrogé par Le Quotidien, le vendredi 26 dernier, sur ce traitement, l’associé responsable du cabinet Rma s’était contenté de répondre : «Si vous saviez ce qui se passe en interne, vous ne trouveriez pas cela exagéré. Par rapport même au traitement du directeur dessaisi, je trouve que cela n’est pas excessif.»
La décision de «Mimi» Touré vient de montrer que tout le monde n’est pas de l’avis de Papa Alboury Ndao. Ce qui, malheureusement pour lui, met rapidement fin à sa carrière à peine entamée de Buurba du Terminal à containers.