LIBÉRER KARIM : POURQUOI
LA RADDHO PLAIDE POUR UNE LIBERTÉ PROVISOIRE EN FAVEUR DE L'ANCIEN MINISTRE D'ÉTAT
Si cela ne tenait qu’à la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), l’ex-ministre d’Etat Karim Wade, emprisonné à Rebeuss depuis la mi-avril 2013 dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis, serait rendu à la liberté, du moins provisoirement, ainsi que les mis en cause dans cette sulfureuse affaire de reddition des comptes. Pour cause, a affirmé dans un débat radiophonique hier, lundi, le secrétaire général de la Raddho, Aboubacry Mbodji : «la Crei peinant à démontrer l’abus de deniers publics…, il faudrait au moins accorder la liberté provisoire aux personnes en attendant qu’on puisse trouver des preuves probantes qui puissent permettre un jugement».
La Raddho (Rencontre africaine de défense des droits de l’homme) serait-elle en train de «voler au secours» de Karim Wade et cie, sous les liens de la détention dans le cadre de la lutte contre l’enrichissement illicite déclenchée par les pouvoirs publics au lendemain de l’accession de Macky Sall au pouvoir ? Certains esprits ne sont pas loin de le croire, après la sortie sur la question hier, lundi 06 janvier 2014, d’Aboubacry Mbodji, le secrétaire général de la réputée organisation «droit-de-l’hommiste».
Intervenant dans un débat suscité par la Rfm (radio privée) sur cette question de la traque des biens dits mal acquis, le successeur d’Alioune Tine, actuel patron du Comité sénégalais des droits de l’homme (Csdh), a plaidé pour un élargissement du moins provisoire des mis en cause face aux difficultés de la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite) d’étayer ses accusations contre Karim wade et cie. «Aujourd’hui, on se trouve presque dans l’impasse. Si la Crei ne peut pas démontrer aux Sénégalais qu’il y a eu un abus sur les biens publics, il faudrait au moins accorder la liberté provisoire aux personnes en attendant qu’on puisse trouver des preuves probantes qui puissent permettre un jugement», a notamment dit le défenseur des droits de l’homme.
Confirmant par là la posture jusque lors très critique de son organisation envers la Cour ayant en charge la répression des biens dits mal acquis, Aboubacry Mbodji a porté plus loin les réserves de la Raddho sur le travail de la Crei, allant même jusqu’à réclamer la libération même si ci n’est que provisoire, des personnes détenues dans le cadre de la traque des biens supposés mal acquis. La brèche ouverte par la énième sortie de la Raddho sur les procédures engagées par la Crei n’a pas manqué d’être enfourchée par le Parti démocratique sénégalais (Pds) qui voit progressivement certains des ses membres emprunter, un par un, le chemin de la Citadelle du silence, sous les coups de boutoir d’Alioune Ndao, le procureur près la Crei, et de dame justice. Babacar Gaye, le porte-parole de l’ancien parti au pouvoir et non moins président du Conseil régional de Kaffrine, a saisi l’occasion pour tempêter, encore une fois, contre la Crei taxée de cour «illégitime et illégale».
Sur les ondes de la Rfm, il a ainsi affirmé que «fondamentalement, le Sénégal n’a pas besoin d’avoir une cour illégale, illégitime et qui ne respecte pas les droits de l’homme». Et de se faire plus mordant en indiquant sans ambages : «Le Sénégal gagnerait à avoir des institutions assez solides pour pouvoir traquer toute corruption et tout détournement de deniers publics, mais tel que c’est parti, c’est le premier échec constaté par les populations du régime actuel».