LIBERTE PROVISOIRE POUR BARA GAYE, MAIS LE PROCUREUR REQUIERT SIX MOIS FERME
Dakar, 3 déc (APS) - Le procureur du tribunal correctionnel de Dakar a requis six mois ferme pour le jeune opposant Modou Bara Gaye, lequel est toutefois ressorti de l'audience avec une décision de mise en liberté provisoire.
Le délibéré est fixé au 21 janvier 2014, mais le tribunal a accordé une liberté provisoire à M. Gaye, par ailleurs secrétaire général de l’Union des jeunesses travaillistes libérales (UJTL, opposition).
Le prévenu est en détention depuis le 24 mai dernier. Poursuivi pour actes et manœuvres à compromettre la sécurité publique et offense au chef de l’Etat, il a nié les faits qui lui sont reprochés dès l’entame du procès.
‘’Je ne reconnais pas les faits. A la fin de mon propos, c’est la foule qui parlait. Je ne reconnais pas cette partie (contenue dans le procès-verbal de la police)’’, a souligné Modou Bara Gaye.
Selon lui, le meeting de Mbacké où il a eu à prononcer les propos incriminés était au début une marche autorisée par le préfet. La manifestation de protestation était organisée sa formation, anciennement au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS).
‘’Je ne pense pas avoir tenu des mots déplacés’’, a-t-il répondu au procureur après la diffusion de l’enregistrement contenant les propos dudit meeting. ‘’Le président de la République c’est une institution qui mérite respect et considération’’, a-t-il lâché.
Dans ses réquisitions, le procureur a souligné que ‘’malgré les dénégations, il a reconnu avoir dit certains propos dans l’enregistrement’’.
Pour lui, même s’il n’a pas signé les procès-verbaux d'enquête, la matérialité des faits est établie. ‘’Demander à des jeunes de se préparer à la révolution c’est des actes qui compromettent la sécurité publique’’, a-t-il estimé.
‘’Dans l’enregistrement qu’on a écouté, le propos sont choquants donc le délit d’offense au chef de l’Etat lui est imputable’’, a estimé le procureur avant de requérir pour Bara Gaye une peine de six mois ferme.
Les avocats de la défense, Mes Adama Fall, Moustapha Dieng, El Hadji Amadou Sall et Souleymane Ndéné Ndiaye, ont tous plaidé la relaxe pure et simple de leur client.
‘’Le délit d’offense au chef de l’Etat est contraire à l’aspiration démocratique de notre pays. Tout le propos qu’il a tenu doit être replacé dans son contexte. C’est un opposant politique’’, a dit Me Fall.
‘’C’est le parquet qui a voulu interpréter ses propos, mais ils ne sont pas offensants’’, a-t-il ajouté. ‘’Les heurts entre parti au pouvoir et opposition fondent la démocratie’’, a renchéri Me Dieng.
‘’Il faut balayer l’article 80 de notre système judiciaire. Bara Gaye a dit et répété que c’est la foule qui parlait à la fin de son propos’’, a-t-il poursuivi soutenant que ‘’c’est un jeune leader politique qui défend ses convictions politiques. L’affaire doit être ramenée à sa juste mesure’’.