Ligue 1: Et si Marseille n'était qu'un tigre de papier?
Marseille, encore défait à Nantes vendredi (1-0), voit la Ligue des Champions s'éloigner et a une nouvelle fois laissé penser qu'il n'était qu'un tigre de papier: il n'est craint que jusqu'à ce que ses faiblesses soient mises à nu.
. Les choix de Bielsa
"Une équipe qui perd trois matches de suite dans le sprint final ne peut pas croire au titre", a synthétisé Marcelo Bielsa après la défaite. Maître du champ sportif à l'OM, l'entraîneur argentin a une nouvelle fois pris sur lui la responsabilité de cet énième faux pas. Il faut dire que cette fois, comme contre le Paris SG (défaite 3-2 le 5 avril pour la 31e journée), ses choix tactiques n'ont pas été payants.
Il était en effet inquiétant de voir les difficultés éprouvées par le champion d'automne au moment de répondre à la "surprise" de l'entraîneur de Nantes Michel Der Zakarian: évoluer avec deux attaquants, pour contraindre l'OM à jouer à trois défenseurs et laisser Giannelli Imbula seul au milieu.
Bielsa, dont le sens tactique a pourtant été maintes fois éprouvé cette saison, a peiné à trouver la solution pour réorganiser son équipe, en perdition dans l'entrejeu. Il a tenté de le faire à trois reprises mais cela a semblé perturber les joueurs, en difficulté dans la construction. Et la barrière de la langue n'arrange rien.
. La fébrilité défensive
Conséquence de ces difficultés: Marseille prend beaucoup trop de buts. La cagade de Rod Fanni et Steve Mandanda qui a permis à Nantes de s'imposer n'est pas tellement représentative, mais avec ce 36e but encaissé, Marseille n'est que la 8e défense de la Ligue 1. Bien loin du voisin monégasque (22 buts).
Longtemps privé de Nicolas Nkoulou, auteur d'une prestation solide face à Nantes, Marseille a joué sans défenseurs centraux de métier pendant une bonne partie de la phase retour. Et n'a en outre gardé ses buts inviolés qu'à 9 reprises cette saison (seulement 3 en l'absence de l'international camerounais).
. L'absence de banc
Cette absence qui pèse lourd est significative d'une autre limite de l'OM: son absence de banc. Là où Monaco compte plus d'une vingtaine de joueurs de même niveau, Marcelo Bielsa n'a pas tellement d'alternatives en cours de match, et a déjà dû faire appel à de très jeunes joueurs, comme Bilal Boutobba, 16 ans, pour faire le nombre, voire dépanner sur des bouts de rencontres. Et les difficultés marseillaises contre Nantes s'expliquent aussi par l'absence de Dimitri Payet, suspendu.
En outre, le faible nombre de joueurs disponibles cette saison a visiblement eu pour conséquence d'en lessiver certains. Après avoir encaissé trois buts à domicile contre Caen (3-2) en craquant en fin de rencontre, les Olympiens avaient déjà demandé à leur entraîneur d'alléger certaines séances d'entraînement pour ne pas arriver aux matches fatigués. Le regain de forme entraperçu face à Toulouse (6-1), Lyon (0-0) puis Lens (4-0) s'est depuis abîmé sur la frustration et les illusions perdues après la défaite contre Paris.
. La jeunesse de l'effectif
Cette difficulté à encaisser les mauvais résultats, voire les faits de jeu considérés comme injustes, pourrait être liée à la statistique qui fait de Marseille le plus jeune effectif de Ligue 1. Pas facile, à 20 (Mendy, Ocampos), 21 (Batshuayi, Lemina) ou 22 ans (Thauvin, Imbula), de gérer la pression d'une course au titre. Surtout à Marseille.
Bien sûr ces écueils étaient là, en germe, depuis le début de la saison. Mais les premiers matches canons de l'OM, la confiance qui en découle, le titre de champion d'automne couplés aux difficultés des rivaux les avaient relégués dans l'ombre. Jusqu'à ce qu'ils se rappellent au bon souvenir du club. Cruellement.