Ligue 1: Marseille-Lyon interrompu 20 minutes, les présidents s'attaquent
Le match Marseille-Lyon a été interrompu pendant vingt minutes dimanche en raison de lancers de projectiles sur la pelouse, notamment autour du meneur lyonnais et ex-marseillais Mathieu Valbuena, et a relancé la guéguerre entre les présidents des deux clubs.
Le match était intense sur le terrain, marqué par le retour houleux du "Petit" dans son ancien jardin, considéré comme un traître par une partie du public et conspué à chaque touche de balle, par un but sur penalty du Lyonnais Alexandre Lacazette en première période et l'exclusion de l'ailier marseillais Romain Alessandrini peu avant la pause pour une faute sur... Valbuena.
Du virage sud, des bouteilles en plastique vides et des boulettes de papiers ont été lancées en direction du gardien lyonnais Anthony Lopes, à la 62e minute. Le public s'est enflammé après un tacle de Milan Bisevac sur Benjamin Mendy dans la surface, réclamant un penalty.
L'arbitre, Ruddy Buquet, a alors décidé de renvoyer les 22 joueurs dans les vestiaires, suivant en cela le protocole.
Quelques minutes auparavant, il avait déjà arrêté le match quelques instants alors que Valbuena devait être protégé par plusieurs personnes pour tirer un corner.
- 'Exercice de non-droit du foot' -
"Au prochain jet de projectile sur la pelouse le match serait arrêté définitivement", a prévenu le speaker du stade Vélodrome au moment du retour des joueurs sur le terrain, alors que des forces de l'ordre étaient déployées devant certaines tribunes.
Pendant l'interruption, les supporteurs marseillais ont scandé un slogan d'insulte à l'attention du président lyonnais Jean-Michel Aulas, et des boulettes de papier atterrissaient également en tribune de presse.
Mais pendant l'interruption, alors que les joueurs ont rejoint les vestiaires, ce sont les présidents qui sont entrés en scène par des déclarations sur Canal+, tout en restant aussi longuement ensemble dans le vestiaire du délégué de la Ligue de football professionnel (LFP).
"Je pense que le score est acquis, a lâché Jean-Michel Aulas. J'ai indiqué qu'il y avait déjà des erreurs qui sur d'autres terrains auraient coûté l'arrêt du match ou des sanctions extrêmement graves. On est dans un exercice de non-droit du football, il faut vite y mettre un terme, ou alors c'est pas la peine d'investir autant qu'on le fait dans les stades et dans les joueurs, parce qu'ici, c'est injouable. Je pense que c'est impossible de reprendre".
"Les propos du président Aulas engagent le président Aulas, a répondu en écho son homologue marseillais, Vincent Labrune, juste avant la reprise du match. Il y a des situations des fois dans la vie, on sait pas si on doit en rire ou en pleurer. Il y a un stade formidable, une ambiance formidable. Et il y a eu malheureusement des faits de jeu qui ont conduit à un ou deux dérapages, c'est vrai".
- 'Deux ou trois bouteilles de bière' -
"Le club assumera ses responsabilités en terme de sécurité et de conséquences par rapport aux deux ou trois bouteilles de bière qui ont été jetées sur le terrain, mais je pense que tout le monde doit les prendre, a-t-il ajouté. A un moment donné, on doit tous être sur la même ligne, et il faut raison garder. Le match va reprendre dans cinq, six minutes, et encore une fois, chacun doit se regarder dans un miroir. Moi, je prendrai mes responsabilités en tant que président, et je veux que tout le monde les prenne à la Fédération, à la direction de l'arbitrage, et à l'Olympique lyonnais également".
Les deux dirigeants sont connus pour s'asticoter régulièrement, entre deux profils distincts: Aulas, 66 ans, président de l'OL depuis 1987, actionnaire numéro 1 avec 34% du club, et Labrune, 44 ans, homme de confiance de la famille Louis-Dreyfus propriétaire de l'OM et président depuis 2011.
Ce match leur a permis de relancer leur guéguerre, alors qu'on les a aperçus dans une image plus empreinte de complicité, plus ou moins vacharde, juste avant la partie, dans les couloirs du Vélodrome filmés par la chaîne cryptée: ils ont fait quelques pas côte à côte, avant que l'aîné ne fasse une poussette sur la tête de son cadet, entre paternalisme et coup de pression, suscitant une réaction mi-amusée, mi-offusquée du jeune président.