Ligue des champions dames: Lair, un entraîneur aux méthodes radicales
<p>Entraîneur de l'Olympique lyonnais féminin, à la recherche d'une troisième Ligue des champions d'affilée, Patrice Lair est un technicien à l'ambition contagieuse et aux méthodes radicales, quitte à assumer l'étiquette de "con".</p><p>Il est loin le temps où ce Breton de 51 ans originaire de Saint-Brieuc entraînait des équipes masculines, en National. Jeudi, ses joueuses seront sur la pelouse de Stamford Bridge, à Londres, face au club allemand de Wolfsburg, avec en ligne de mire une troisième C1.</p><p>"J'ai un coaching parfois violent, reconnaît Patrice Lair. J'essaie de piquer mon groupe tout le temps, de le garder en éveil, pour le faire progresser. (...) Mais je préfère être un con et gagner des matches qu'un agneau et tout perdre."</p><p>Entraîneur aux méthodes radicales, le Breton assume, même s'il sait que son discours peut heurter: "Même si de temps en temps je vais loin, (...) si le discours plaît à mes joueuses, cela me suffit."</p><p>Lair a découvert le football féminin à Montpellier en 2005, avec à son CV dans l'Hérault deux coupes de France (2006, 2007) et une demi-finale de Coupe de l'UEFA (2006). "Je pense que je me suis fait un petit nom dans ce milieu avec ces résultats", estime-t-il.</p><p>"Initialement, je devais aller à Fréjus, alors en CFA. Cela ne s'était pas fait. J'ai alors été contacté par Louis Nicollin qui cherchait quelqu'un d'expérimenté car son équipe jouait la coupe d'Europe", se souvient le technicien.</p><p>Jusque là, il avait été un modeste joueur de milieu de terrain, jusqu'en division 3 à Saint-Brieuc, puis entraîneur-joueur et entraîneur dans des clubs régionaux à travers la France. Adjoint ensuite, à Reims en National (2001-2002), puis à Angoulême, encore en National. Toujours dans le foot masculin.</p><p>"Après mon séjour à Montpellier, je suis retourné chez les hommes, en Afrique, durant quatre ans, car je ne voyais pas un grand avenir dans le football féminin", explique Patrice Lair, finalement contacté par l'OL en 2010.</p><p>"Lyon cherchait quelqu'un pour gagner la Coupe d'Europe après son échec en finale contre les Allemandes de Potsdam. Je voulais gagner cette épreuve et je suis tombé sur un président ambitieux. Tout s'est fait rapidement", raconte-t-il.</p><p>Du football masculin à celui des dames, celui-ci n'a pas changé de méthode: rigueur, travail et des entraînements adaptés.</p><p>"Les filles se sont pliées à mon discours. A mon arrivée à Montpellier, j'ai demandé aux joueuses de se lever à 7 heures et d'aller courir. Elles ont apprécié que je les considère comme des professionnelles, au même niveau que les garçons, et qu'on les prenne au sérieux", se souvient-il.</p><p>A Lyon, il jouit en plus de conditions financières et matérielles au dessus de la moyenne pour le football féminin, ainsi que de joueuses de niveau mondial, pour des objectifs largement supérieurs que dans l'Hérault.</p><p>"Maintenant, c'est bien de les atteindre mais il faut aussi se maintenir au plus haut niveau", souligne Lair, qui espère que son passage "servira à faire progresser le football féminin français".</p><p>"J'ai aidé en club, un peu. J'aimerais que ce soit le cas au niveau international également. Le manque d'ambition me dérange, surtout lorsque le potentiel actuel est énorme", lâche l'entraîneur, souvent en opposition, par son exigence, au sélectionneur national Bruno Bini.</p><p>S'il espère que la France "gagnera le championnat d'Europe", Lair est toujours Lyonnais et il garde la confiance de Jean-Michel Aulas, à l'OL, où il lui reste encore deux ans de contrat.</p><p>"Parfois, j'ai des doutes que ce football (féminin) puisse évoluer", confie-t-il, en évoquant son avenir. "A un moment, il y aura peut-être une sélection nationale. Je n'ai pas connu la Ligue 1 messieurs. Peut-être un jour, j'espère. J'ai toujours envie de progresser", conclut-il.</p>