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Les industriels du tabac mettent la pression sur le Sénégal en résistance à la loi sur la hausse de la taxe sur la cigarette
À quelques semaines de la conférence à Moscou sur la vente de la cigarette, les industries du tabac essayent de décourager les autorités sénégalaises en leur adressant des lettres dans lesquelles ils leur demandent de ne pas suivre les directives sur la hausse de la taxation.
Au moment où les Sénégalais attendent avec impatience les décrets d’application de la loi antitabac votée le 14 mars 2014 et promulguée le 28 du même mois par le président de la République Macky Sall, les industries du tabac essayent de leur côté de dissuader les autorités. La compagnie de tabac British American Tobacco (BAT) est en train de mener une campagne visant à décourager les gouvernements de s’acquitter de leurs engagements sur les mesures fiscales.
Selon l’Alliance africaine pour le contrôle du tabac (ATCA) qui tenait hier un point de presse, la compagnie a adressé des lettres aux ministères de l’Agriculture, des Finances et du Commerce, leur demandant de ne pas prendre position sur la prochaine directive concernant l’article 6 de la convention cadre lors de la prochaine conférence à Moscou. C’est-à-dire d’éviter toute augmentation de la taxe au niveau sous régional.
Face à cette situation, les organisations internationales et régionales de santé publique ont dénoncé l’intrusion en cours de l’industrie du tabac dans l’adoption du projet de directives communautaires en matière de taxes sur le tabac. Elles demandent par la même occasion aux Etats membres de la CEDEAO et de l’UEMOA de ne pas se laisser distraire par "l’ingérence" de BAT.
"Le Cres (Consortium pour la recherche économique et sociale), est en train de travailler avec l’UEMOA et la CEDEAO pour harmoniser la taxation sur les produits tabac. On veut que cette politique soit harmonisée et qu’on augmente les taxes, et l’industrie a peur qu’on augmente les taxes au niveau sous-régional", renseigne Mamadou Bamba Sagna représentant de ATCA.
Selon ce dernier, malgré les milliards de ces industries, nos gouvernants sont en train de comprendre le danger que présentent la cigarette et l’industrie du tabac. "Certes elles donnent des milliards, mais elles laissent aussi des dépenses coûteuses de frais hospitaliers. C’est pourquoi nous demandons au Sénégal de ne pas suivre ces industries", prévient-il.
S’agissant de la lettre adressée au ministère de l’Agriculture, M. Sagna soutient qu’elle ne concerne pas le Sénégal, car on ne cultive pas du tabac. "Cette lettre n’a pas de sens et les dispositions de l’article 17 et 18 de la convention cadre concernent les alternatives à la culture du tabac. Cet article demande aux états producteurs de quitter la culture du tabac et de s’investir dans des cultures plus utiles à la population, c'est-à-dire les cultures vivrières et autres.
En Afrique, ce sont trois pays qui cultivent le tabac : il s’agit du Malawi, du Zimbabwe et du Kenya", souligne Mamadou Bamba Sagna. Tous les ministères qui ont été saisis ont envoyé les lettres à celui de la santé parce qu’il est le point focal de la convention cadre de lutte antitabac ici au Sénégal.