L'OPPOSITION CRIE AU FORCING
VOTE DE LA LOI SUR LA PROROGATION DES MANDATS DES CONSEILLERS
Le projet de loi portant prorogation des mandats des conseillers, régionaux, municipaux et ruraux jusqu’au 29 juin prochain, a été voté par une majorité absolue des députés, hier, jeudi 19, à l’hémicycle. Cependant, l’opposition parlementaire, qui a dit un niet catégorique au décalage des élections locales, crie au «forcing du gouvernement, qui n’avait pas mené des concertations sérieuses».
Les députés ont, dans leur écrasante majorité, voté le projet de loi portant prorogation des mandats des conseillers, régionaux, municipaux et ruraux. L’opposition parlementaire elle, l’a rejeté. C’était hier, jeudi 19 décembre lors d’une séance plénière à l’Assemblée nationale. Les députés de la mouvance présidentielle estiment que ce projet a fait l’objet de larges concertations entre les différents acteurs de la vie nationale, notamment les partis politiques, la société civile, les experts et techniciens.
Des propos confirmés par le Ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, qui déclare que le consensus était mené d’une manière largement majoritaire. Pour les élus de la mouvance présidentielle, cette mesure entre dans la dynamique démocratique que suit le Président. Selon Moustapha Diakité, Président du Groupe Parlementaire majoritaire, Benno Bokk Yakaar, «Macky Sall avait le pouvoir d’envoyer des délégations spéciales pour remplacer ces élus, dont le mandat devait prendre fin le 16 mars 2014, comme l’avait fait le régime précédent. Un fait dont ils étaient victimes en 2009, et qu’ils ont combattu avec rage jusqu’à ce que mort d’homme s’en suive».
Pour les députés de la majorité, ce report est une manière d’éviter le recours aux délégations spéciales. Ils déclarent que le Président n’a aucun intérêt, ni calcul pour ce décalage de trois mois des élections. Ainsi, ils estiment que les enjeux de la décentralisation méritent beaucoup de temps pour préparer et conduire sereinement cette réforme. Dans le même registre, ces derniers prétendent que c’est dans le but de «mener les concertations nécessaires à sa bonne appropriation pour les acteurs concernés et intégrer les nouveaux textes législatifs et réglementaires qui en découleront dans l’ordonnancement juridique du pays».
Pour ce qui est du respect du calendrier républicain, tant brandi par l’opposition, les députés de la majorité présidentielle pensent que l’opposition devrait aussi parler de la décision du Président de réduire son mandat présidentiel de 7 à 5 ans tel que lui reconnaît la Constitution. Quant à l’opposition parlementaire, elle a refusé de voter le projet de loi portant prorogation des mandats des élus. Elle estime que c’est un «forcing » du gouvernement. Mamadou Diop Decroix prétend que le Président a décidé du report avant de convoquer des concertations. Sur ce, Decroix a quitté la salle car il a été interdit de parole à cause de sa tenue vestimentaire.
Dans le même registre, Moudou Diagne Fada estime qu’un consensus suppose une entente entre la majorité présidentielle et la minorité. Ce qui n’a pas été le cas, car il soutient que le Pds n’a pas pris part à ces concertations. Pour sa part, Me El Hadji Diouf souligne que le prétexte de l’acte III de la décentralisation, pour reporter les élections locales, ne tient pas la route. Selon lui, on ne peut pas demander de repousser des élections pour un projet qui n’a pas été encore voté par les députés.
Selon lui, c’est le vote de l’Acte III de la décentralisation qui doit précéder celui du report des élections et la prorogation du mandat des conseillers. Aussi s’inquiète-t-il de la pertinence du report des élections, si toutefois l’acte III n’est pas été voté par ses pairs. Selon lui, ce projet n’avait pas besoin de procédure d’urgence. Les députés de l’opposition, ont par ailleurs, estimé que le ministre de l’intérieur ne devait pas cautionner le report des élections, car il doit être le garant des Institutions du pays. Ils taxent le projet de « clandestin car ayant bafoué les textes de la Cedeao pour faire un forcing à la population sénégalaise »
Des accusations auxquelles le ministre Abdoulaye Daouda Diallo n’a pas voulu répondre, car considérant la démarche de l’Etat en parfaite accord avec les textes de la Cedeao. Il a toutefois rappelé que le 29 juin 2014 sera une date ferme qui s’inscrit dans la volonté du Chef de l’Etat de ne pas sortir du deuxième trimestre de 2014. Cependant, il déclare que des mesures seront prises pour permettre aux électeurs de retirer leur carte même pendant les week-ends.