L'OPPOSITION PRO-GBAGBO SE DIT "SCANDALISÉE" PAR LE CONTENU DU RAPPORT DE L'ONU
TENTATIVE D'ASSASSINATS AU GHANA
ABIDJAN, 04 déc 2013 (AFP) - Le président du parti de l'ancien chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo, Affi N'Guessan, s'est dit "scandalisé" mercredi par le contenu d'un rapport de l'ONU, qui affirme qu'Abidjan a envoyé des agents au Ghana pour tenter d'assassiner ou d'enlever des partisans de l'ex-président ivoirien.
"Nous sommes scandalisés par l'information rendue publique" dans ce rapport, a déclaré M. N'Guessan, ancien Premier ministre (2000-2003) sous Laurent Gbagbo et actuel président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), au cours d'une conférence de presse.
"Nous avons des raisons substantielles de croire que quelque chose s'est passé, d'autant plus que nous vivons nous-mêmes quotidiennement cette situation en Côte d'Ivoire", a-t-il dit. "Ce n'est pas la première fois que le régime actuel procède à l'enlèvement d'un exilé politique", a estimé le dirigeant du FPI, détenu pendant deux ans, qui s'est vu accorder la liberté provisoire en août au nom de la réconciliation.
"Des dizaines", voire "des centaines" de "compagnons" du FPI "croupissent" ainsi à la Direction de la surveillance du territoire (DST) "ou dans des prisons qui ne sont pas connues", a affirmé Affi N'Guessan dont c'était la première conférence de presse depuis sa sortie de prison.
"Nous savons que ces commandos existent. La DST est devenue une véritable Gestapo (police secrète de l'Allemagne nazie, ndlr). C'est là-bas qu'on torture les gens, c'est là-bas qu'on les détient", a ajouté le président du FPI, sans toutefois s'appesantir sur le volet "tentative d'assassinats" du rapport.
"Le gouvernement gagnerait à sortir du brigandage, du banditisme", a affirmé Affi N'Guessan, accusant le président Alassane Ouattara d'avoir mis en place une "tyrannie" et une "dictature", et de diriger un "Etat-voyou".
Selon le rapport de l'ONU, le gouvernement ghanéen a indiqué en juillet dernier aux experts chargés de surveiller l'application de sanctions internationales contre le Liberia qu'Abidjan avait "envoyé des agents ivoiriens dans le but d'assassiner ou de kidnapper des militants pro-Gbagbo réfugiés" au Ghana.
"Les autorités ghanéennes affirment avoir fait échouer au moins deux de ces missions" au début 2013, ajoute le rapport. Au moins un ancien partisan de Gbagbo, qui était rentré en Côte d'Ivoire, "a été enlevé et a disparu".
La Côte d'Ivoire a connu de graves violences en 2010-2011 après que l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo eut refusé de reconnaître sa défaite à la présidentielle de 2010 face à Alassane Ouattara. Plus de 3.000 personnes ont péri en quelques mois.
La présidence ivoirienne a qualifié mardi d'"allégations mensongères et irresponsables" le rapport et a appelé l'ONU à "veiller à un meilleur choix" de ses experts.