L'ORCHESTRE NATIONAL, UN CREUSET DE LA DIVERSITE CULTURELLE SENEGALAISE

Quand on est avec eux, il y a toujours un brin de solennité, un parfum de sérieux avec des artistes méticuleux, qui répètent consciencieuse- ment leur gamme. Normal, c’est l’Orchestre national du Sénégal. De- puis les années 1980, date de sa création, par le président Abdou Diouf, cette entité du ministère de la Culture fait son bonhomme de chemin, malgré les vicissitudes du temps. Nous avons été à leur rencontre pour découvrir ses talentueux musiciens si mal connus.
Composé de musiciens de talent, l’Orchestre national du Sénégal essaie de se faire une place plus visible dans l’environnement musical sénégalais. Lors d’un tour dans leur salle de répétition, à la Maison de la Culture Douta Seck, nous avons trouvé quatre artistes à cheval entre modernité et tradition. C’est l’atelier de combinaison des sonorités d’ici et d’ailleurs durant lequel les membres initient un véritable dialogue de cultures et de... générations. C’est ainsi que d’un côté, on retrouve le jeune Moustapha Faye (tambours), Baka (kora) et Sidy Koïta (balafon). Et de l’autre, Assane Lô, jeune prodige de l’Ecole des arts (piano), et Alassane Cissé, bassiste et chef d’orchestre, essaient de donner la réplique. Un échange au cours duquel « on recherche la symbiose entre le traditionnel et le moderne », soutient le chef d’orchestre. Le mélange sonne bon à l’oreille et l’orchestre ouvre son album souvenir pour nous présenter quelques uns de ses classiques.
A Baka de pincer sa kora pour en- tonner « Kaye Nékhalma » (vient me chouchouter). Dans sa belle balade dans les tréfonds du pays mandingue, ce musicien aux doigts magiques est appuyé dans sa prouesse par Sidy Koïta, l’homme au balafon. Puis, ce dernier participera à un autre dialogue de générations avec le pianiste Assane Lô.
Deux extrêmes de l’Orchestre national se firent face et montrèrent tout le bien que l’on pensait de ces ateliers où se côtoient anciens et nouveaux. « Sahadou » ou l’hymne à la liberté est pro- posé avec la prégnance de la kora de Baka avant que le lead vocal, Khalifa Ababacar Guèye, ne posa sa voix rem- plie de chaleur sur le morceau « Taara ». La famille Omarienne y est portée au pinacle par ce chanteur dont les clips commencent petit à petit à fleurir l’écran. La pause est belle, les mélodies douces. Il y a des années, avant la grande messe d’informations du 20 heures, les spectateurs de la télé publique se laissaient transporter par le balafon du vieux Balla Doumbouya. Pour rendre hommage à cette icône disparue il y a plus de 2 ans, « Djigui » fut déclamé. Ce morceau nous replonge dans notre jeunesse, durant laquelle, devant la télé, le vieux Balla, assis sur sa natte, nous tenait compagnie en attendant la grande édition. En outre, cette structure compte en son sein quatre ateliers qui répètent à tour de rôle. Il y a celui dit traditionnel dont nous avons assisté, une section jazz, une section variétés locales avec une musique qui évoque toutes les composantes ethniques du pays. A cela s’ajoute l’atelier variétés internationales qui reprend tous les grands classiques des musiciens du monde. En fait, ce qui fait la force de cet orchestre, c’est qu’il peut accompagner les artistes qui se déplacent sans leur orchestre. Des interprètes sans limites, des musiciens de talent qui essaient de léguer leur sa- voir à la jeune génération. C’est en effet le but de ses rencontres studieuses qui accueillent des jeunes comme Assane Lô qui « a toujours rêvé, après ma formation à l’Ecole des arts, de rejoindre cet orchestre, temple de musique au Sénégal ». Ce qui fait le caractère unique de cette structure, c’est que la majorité a appris la musique. Même si certains, de plus en plus formés sur le tas, viennent affiner leur apprentissage. Au finish, comme le rappelle Alassane Cissé, « ces derniers auront des aptitudes quand il s’agira de lire et de créer des partitions ».
Problèmes de promotion de produit En 1993 déjà, parmi les soucis de l’Orchestre national, on évoquait des problèmes de sonorisation. En effet, dans un entretien, Seyba Traoré qui avait en charge cette entité évoquait également les difficultés liées à la visibilité de ses œuvres. Aujourd’hui encore, il est davantage question de faire connaître l’Orchestre national, lui donner la place qu’il mérite pour avoir tant fait. Oui, note Alassane Cissé, « nous manquons de visibilité, mais il faut reconnaître que depuis quelques temps, nous voyons des clips passés à la télé avec nos chanteurs fétiches, Adolphe Coly ou Khalifa Ababacar Guèye, entre autres ». La particularité de l’Orchestre national réside dans le fait que cette structure promeut la diversité culturelle. Il travaille à montrer les différentes couleurs qui composent le Sénégal. C’est ce qui justifie leur récente tournée avec le ministre de la Culture dans le cadre de son programme de promotion de la culture sénégalaise, dans tout le territoire national.
Pour l’histoire, le président Abdou Diouf, afin d’offrir à ceux qui sortent de l’Ecole des arts un endroit pour leur étalonnage et aussi faire la promotion de la culture sénégalaise, avait mis sur pied cette structure. C’est ainsi que, dans «Naforé » (chose utile en langue peule), première production sortie une dizaine d’années après la création de cette entité, la diversité était très pré- sente avec au moins six langues nationales, wolof, diola, peul, mandingue, soninké, sérère qui furent utilisées. Une approche qui continue d’être de mise