LUTTE DE CASTES À MBOUMBA
EXCLUSIF SenePlus : Me SADEL NDIAYE, MAIRE DE LA COMMUNE, FACE À UN CLAN FÉODAL
A la faveur de la communalisation de Mboumba, en 2008, le pouvoir traditionnel a cédé la place au pouvoir démocratique, issu des urnes. Une transition qui, selon le maire de la localité, Sadel Ndiaye, n’est pas du goût, notamment, des descendants des ‘’almami’’, titre des chefs locaux de naguère. Les rivalités nées de cette transition pollue la révision en cours des listes électorales.
‘’A Mboumba, précise Me Sadel Ndiaye, maire de la localité, il y a deux catégories de Wane (descendants des ‘’almami’’, détenteurs du pouvoir local jusqu’à la communalisation en 2008). Il y a ceux qui, bien que digérant mal la perte du pouvoir par leur lignée, suite à la communalisation de la localité, respectent le jeu démocratique.
Il y a une deuxième catégorie de gens qui, par contre, estiment que tous les moyens sont bons pour porter le candidat des Wane au pouvoir. Ces gens-là sont en train d’user de méthodes frauduleuses pour arriver à leurs fins.’’
Première alerte du maire de Mboumba : l’ordonnance d’inscription sur les listes électorales délivrée à Thierno Seydou Niane, son adversaire politique, ‘’candidat des Wane’’. Pour Me Ndiaye, le président du tribunal départemental de Podor, qui a signé le document en question, n’avait pas à intervenir avant la phase contentieuse de la période de révision en cours des listes électorales. Ainsi, estime-t-il, Niane, à qui l’officier d’état civil a refusé un certificat de résidence, indispensable pour s’inscrire sur les listes électorales de la commune, doit être radié.
Pour contester cette décision, le maire de Mboumba avait saisi la Cena par courrier. Laquelle, en réaction à sa saisine, a demandé au gouverneur de Saint-Louis de diligenter une enquête. Me Sadel Ndiaye espère qu’à la suite de cette suggestion, la commission électorale départementale procédera au correctif qu’il souhaite. Sinon, il n’écarte pas de saisir la Cour suprême comme l’y autorise l’article 48 du Code électoral, pour faire invalider la décison du tribunal départemental de Podor.
‘’Des audiences foraines fictives’’
Deuxième alerte : les audiences foraines organisées dans la localité. A en croire Me Sadel Ndiaye, le président du tribunal départemental ‘’organise des audiences fictives’’. Il en veut pour preuve les 556 jugements effectués lors de la seule journée ‘’du 3 ou du 4 juin’’ dernier. Un chiffre qui ‘’dépasse l’entendement’’, selon l’avocat, qui pense que ‘’cette manœuvre’’ vise à truquer les prochaines Locales. L’officier d’état civil de Mboumba, Mamadou Bâ, 73 ans, qui a osé dénoncer les audiences foraines, a été condamné à un mois ferme pour ‘’outrage à magistrat’’.
Portant généralement sur l’état civil, les audiences foraines sont une occasion pour les populations non déclarées à la naissance de se faire enregistrer. Ainsi ils pourront, entre autres droits, exercer celui de voter et d’hériter.
‘’Vu les lenteurs de la procédure d’enregistrement des demandes, avec des entretiens préalables, on ne peut pas accueillir beaucoup de monde par jour, affirme Me Ndiaye. Alors il est curieux de procéder à 556 jugements en une seule journée. Même certaines juridictions ne rendent pas autant de décisions en une année.’’
Le maire de Mboumba informe avoir saisi le ministère de la Justice pour attirer son attention sur cette affaire. En vain : ‘’La ministre est restée les bras croisés. Il est temps qu’elle diligente une enquête pour tirer cette affaire au clair’’, regrette Me Sadel Ndiaye.
L’avocat reste convaincu qu’il y a ‘’des velléités de fraude’’ à travers ces ‘’irrégularités et que leur but est de l’écarter de la tête de l’équipe municipale. ‘’Certains Wane, pas tous, ont leur candidat. Ils veulent l’imposer par tous les moyens.’’