"MACKY RESTE MON FRÈRE"
ALPHA CONDÉ S'INTERROGE : LE PEUPLE SÉNÉGALAIS DOIT-IL SE PROTÉGER CONTRE LE PEUPLE GUINÉEN ?
La fermeture des frontières avec la Guinée par les autorités sénégalaises pour contrer le virus ébola laisse un goût amer au président Alpha Condé. En conférence de presse à Dakar, ce dimanche, en marge du XV sommet de la Francophone, le chef de l'État guinéen estime que cette décision des autorités sénégalaises est la preuve que le sort des Guinéens ne les préoccupe pas.
Le virus Ebola continue de dégrader l’axe Dakar-Conakry. Les relations entre les présidents des deux pays restent tendues depuis que le Sénégal a décidé de fermer ses frontières avec la Guinée, un des trois pays les plus touchés l'épidémie. Elles ne sont pas près de s'améliorer au vu de l'amertume affichée par le chef de l'État guinéen qui, face à la presse ce dimanche, en marge du XVe sommet de la Francophonie, trouve cette mesure inutile et inefficace.
"Quand vous fermez les frontières, les gens passent par les pistes. Je ne stigmatise personne, a déclaré Alpha Condé. La mesure de fermeture des frontières est un manque manifeste de solidarité et de compassion à l’endroit des populations de Guinée. Dire que le Sénégal veut protéger ses populations en fermant ses frontières, revient à protéger le peuple sénégalais contre le peuple guinéen. Ça veut dire que le peuple guinéen peut mourir là-bas, ce n’est pas le problème du peuple sénégalais. Et si demain vous (les Sénégalais) êtes malades ? Être malade, c’est un crime ?"
"Macky reste mon frère"
Alpha Condé dit comprendre la nécessité pour le Sénégal de protéger se populations. Mais c’est seulement la manière qui lui pose un problème. "Si ton chien est enragé comment veux-tu que les autres n’aient pas peur de ton chien ? a-t-il martelé. Avant d'indiquer qu'il est plus simple de prendre des mesures de contrôle aux frontières pour que les gens passent par les frontières normales et éviter que les malades se promènent.
Alpha Condé jure que sa position par rapport à son homologie sénégalais n'est pas dictée par des considérations subjectives. Estimant que ses relations personnelles avec ce dernier sont au beau fixe : "Je n’ai pas de problème avec Macky Sall. Je dois défendre l'intégrité du peuple guinéen, mais Macky reste mon petit frère. Et puis de toute façon, les peuples sénégalais, guinéen et malien sont des peuples frères. Pour moi, ce qui est important, c’est le rapport entre les peuples. Les présidents passent, mais les peuples restent. Je ne veux pas que les présidents créent des problèmes aux peuples. Je suis président, mais dans quelques années, je ne serai plus président. Wade était président, Wade n’est plus président. Mais est-ce que les peuples ne seront plus là ?"