MACKY SALL EST ÉBRANLÉ
ACTE 3 - LES PRÉSIDENTS DE RÉGION APRÈS L'AUDIENCE AU PALAIS
Face à la presse hier, les présidents de région ont affirmé qu'aucun accord n'est sorti de leur audience avec le chef de l'Etat, mais que le texte incriminé pourrait bien revenir à l'Assemblée nationale pour modifications dans le sens qu'ils souhaitent.
L'audience que le président de la République Macky Sall a accordée, le lundi 3 février dernier, aux présidents des régions insurgés contre la suppression envisagée de la région par l'acte 3 de la décentralisation a fini en eau de boudin. Aucun accord n'est sorti de cette rencontre qui était pourtant censée arrondir les angles entre les deux parties. Toutefois, avertissent les présidents de région, “qu'on ne soit pas surpris de voir le texte sur l'acte 3 de la décentralisation retourner à l'Assemblée nationale pour modification”.
“Macky Sall a été très sensible à l'argumentaire qu'on lui a fourni”, a soutenu Babacar Gaye, chargé du dialogue politique à l'Association des régions du Sénégal (ARS). “Dans notre mémorandum, il y a eu des éléments qui l'ont ébranlé ; il a fait venir le président (de son) groupe parlementaire (Ndlr : Moustapha Diakhaté) et il (lui) a dit clairement que les lois sont faites pour être modifiées si elles ne sont pas parfaites”, a rapporté Babacar Gaye. Cette évolution “dénote d'une certaine réceptivité du président de la République à rebattre les cartes et à revoir le dispositif qu'on lui a fait signer par ses “experts”.
“Plus à perdre qu'à gagner”
Initiée par le président de la République, la réforme de l'acte 3 de la décentralisation envisage la suppression de la région comme collectivité locale. Selon les présidents de région qui ont organisé la fronde, “les erreurs contenus dans le texte sur la coopération décentralisée posent problème”. “Nous avons plus à perdre qu'à gagner avec cette réforme”, déclament les camarades de Alioune Niang, président de la région de Saint-Louis.
A côté du “saucissonnage du leadership local pour des calculs politiciens”, l'Ars pointe une hérésie juridique dans le texte de l'acte 3. “Macky Sall est ébranlé parce qu'il s'est rendu compte que le code général des collectivités locales a été élaboré précipitamment, n'a pas fait l'objet de partage et a été voté à l'Assemblée nationale en deux jours alors qu'au temps du régime socialiste, l'examen de ce code a duré 4 mois et a connu plus de 300 amendements.”
“Aller vers la réforme de la réforme...”
Parmi les contestataires de certains aspects de cette réforme, outre le Parti démocratique sénégalais (PDS), il y a aussi des alliés de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY). Comme le Parti de l'indépendance et du travail (PIT) et la Ligue démocratique (LD), à en croire Babacar Gaye. “Il n'y a que le parti du président de la République ou peut-être certains de ses alliés des premières heures qui ne se sont pas prononcés de manière négative sur l'acte 3...”, soutient M. Gaye.
MOUSTAPHA DIAKHATÉ, PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE BBY
Il est possible que le texte de l'Acte 3 retourne à l'Assemblée
"Le président de la République n'est pas fermé. Il y a deux questions sur lesquelles il a été très sensible par rapport à ce que les présidents de région ont dit. D'abord sur la mention selon laquelle pour être maire, il faut savoir lire et écrire en français. Cette disposition sera probablement abrogée. On va revenir à l'écriture initiale, se limiter à lire et écrire tout court.
"Ensuite, ils ont exprimé des inquiétudes par rapport aux travailleurs des régions. Là aussi, le président les a rassurés et toutes les dispositions seront prises pour qu'ils soient réintégrés dans les futurs conseils départementaux. Personne ne sera laissé en rade. Il y a 45 départements et le nombre de 1 600 employés des conseils régionaux sera même insuffisant par rapport à la nouvelle configuration des collectivités locales...
"Maintenant, pour ce que le président revienne sur la suppression des régions, je crois qu'il est intransigeant. Il les a supprimées, pas pour la configuration de la décentralisation, mais pour préparer le Sénégal à ce que nous appelons les pôles de développement. La perspective, c'est d'en arriver au maximum à 8 grandes régions pour le pays...”