MACKY SALL S’EVALUE, RASSURE ET PRECISE
APRES 15 MOIS D’EXERCICE DU POUVOIR
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Les journalistes étaient, samedi dernier, les convives du chef de l’Etat, qui a partagé son «ndogu» avec eux, au Palais de la République. Mais, Macky Sall n’a pas raté cette occasion, qu’il a mise à profit, pour lister ses réalisations, apporter des précisions sur certains débats, et rassurer son peuple. Nous vous proposons là, des extraits de ses échanges avec la presse.
«Lorsque j’étais porté à la tête du pays, les priorités étaient dans tous les domaines. Les ménages espéraient une réduction rapide des prix des denrées. Les travailleurs demandaient des augmentations de salaires. Les chômeurs voulaient du travail et dans l’immédiat. Trois mois après la mise en place du gouvernement, je devais apporter une solution d’urgence par rapport au monde rural en raison d’une précédente campagne désastreuse. Au même moment, il fallait préparer la campagne agricole 2012-2013 et organiser les secours dans les zones inondées en raison d’une pluviométrie particulièrement abondante l’année dernière. Mon gouvernement et moi, nous nous sommes mis immédiatement à la tâche en privilégiant l’acte sur la parole».
Des soucis dans la communication
«Nous avons fait le pari de l’action, en oubliant parfois, à notre détriment, la nécessité de la parole, pour expliquer ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, comment nous le faisons, et avec quel impact sur les populations. Nos adversaires en ont profité et parfois versé dans la pure désinformation. Nous avons en réalité beaucoup fait en 15 mois. Je voudrais rappeler la baisse de l’impôt sur les salaires, un renoncement de 29 milliards sur les recettes de l’Etat qui sont allés sur les revenus des salariés. Nous avons mené un véritable contrôle des prix des denrées de première nécessité. Lorsque j’entends les gens dire que rien n’a encore baissé, vraiment il y a problème».
Nous efforts en faveur du monde rural ont été récompensés par une excellente campagne agricole. Nous avons payé toutes les dettes antérieures dues au monde rural. Et grâce à une bonne politique, les paysans ont pu vendre leurs productions à des prix au producteur rémunérateur jusque-là jamais atteint».
«Le meilleur est à venir»
«Vous avez noté une nette amélioration de la fourniture en électricité. Et le mieux est à venir. Nous avons privilégié la solution structurelle. Le problème de l’électricité au Sénégal ne peut pas être réglé sans des réformettes. Il fallait changer le système de production qui faisait que la Senelec était structurellement déficitaire. Le coût de revient de l’électricité produite était supérieur au prix de vente. Donc, il fallait trouver des solutions structurelles, ce que nous avons fait. Et avec la confiance des bailleurs, des sociétés privées ont signé et se sont engagés à produire, d’ici 2016, 508 Mw. Et cette réforme est en cours, les contrats ont été signés et nous avons d’autres qui vont porter cette production à 800 Mw, soit deux fois plus que la capacité que j’ai trouvée ici en venant au pouvoir».
«Plus aucun sou ne peut être dépensé sans justification»
«Il y a eu une baisse, cette semaine, des prix du lait en poudre végétal. Dans le domaine de l’emploi, nous avons mis en place des fonds, signé des conventions avec nos partenaires qui nous font confiance plus que par le passé. Et les ressources mobilisées en 15 mois en témoignent. C’est plus de 1080 milliards de Cfa en termes de conventions de financement, au moment où, difficilement, par an, on pouvait dépasser les 500 milliards. L’autre réforme majeure, c’est la réforme de l’Etat, la réforme de la gouvernance. Nous avons initié une culture de l’évaluation puisque aucun sou de l’Etat aujourd’hui ne peut être dépensé sans justification grâce à des mécanismes appropriés mis en œuvre. Et ces mécanismes se trouvent dans le schéma directeur de la réforme de l’administration publique».
Le gouvernement,tous les 3 mois devant l’Assemblée
«Aujourd’hui, la Cour des comptes a l’ensemble des dispositions législatives, réglementaires lui permettant de faire son travail en toute autonomie, en toute transparence, sans contrainte aucune. Nous avons mis en place la loi sur la transparence budgétaire qui a été votée et qui va apporter des contraintes nouvelles au gouvernement, d’avoir la nécessité tous les trimestres de retourner au Parlement, de faire le point sur l’exécution trimestrielle du budget et sur la programmation budgétaire dans une programmation de 3 à 5 ans (…). Nous avons adopté en Conseil des ministres récemment une loi portant sur la déclaration de patrimoine qui va élargir le champ. Jusque-là, il n’y avait que le président de la République qui était contraint par la Constitution, qui avait l’obligation de faire sa déclaration de patrimoine à l’entrée et à la sortie de son mandat. Désormais, l’ensemble des ordonnateurs de dépenses publiques et ordonnateurs de crédits seront assujettis à la déclaration de patrimoine. Et pour ne pas mettre l’ensemble du pays, nous avons fixé un plafond de 500 millions par an».
«Pas de gré à gré vulgaire»
«Et nous avons l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). Je viens de nommer le responsable en attendant le choix des membres qui viendront de la société civile, du secteur privé et de l’administration. Et l’Ofnac est doté de moyens d’auto saisine et ses rapports seront transmis directement au procureur de la République. Donc, ce n’est pas un machin qu’on crée pour faire bon usage, mais un instrument pour lutter résolument contre la corruption.
Ces réformes ont pour objectif de donner un contenu réel à la gouvernance. Et c’est pourquoi, je suis très touché lorsque je vois, malgré les efforts qui sont faits et reconnus par la communauté internationale, qui ne va pas faire de la complaisance avec l’Etat du Sénégal, lorsque ces partenaires au premier chef les institutions de Breton Woods, la communauté internationale elle-même reconnaît nos efforts au point de nous accompagner dans la politique, lorsque je pose un problème de fonds d’utilisation des ressources sur la célérité dans les procédures, il ne faut pas qu’on ramène la question à du gré à gré vulgaire puisqu’il ne s’agit pas du tout de cela. Tous les instruments dont je viens de vous parler ont pour vocation de mettre des filtres et dispositifs qui empêchent la déprédation des ressources publiques. Et le principe de rendre compte et de l’imputabilité est devenu un principe consacré. Mais lorsque les procédures sont telles, je ne parle pas du Code des marchés, il ne faut pas aussi faire de confusions».
«Tous les délais devront être raccourcis pour les appels d’offres»
«Toutes les procédures ne concernent pas le Code des marchés publics sur lequel je n’ai pas de problèmes particuliers, en dehors des réformes nécessaires à mener. Et là-dessus, j’ai reçu les membres de l’Armp, de la Dcmp, les membres de la Société civile pour attirer leur attention sur la nécessité de raccourcir les délais. Tous les délais devront être raccourcis. Puisqu’il s’agit de lancer des appels d’offres. Parce que nous avons une exigence citoyenne de plus en plus forte. Et nous nous inscrivons dans la voie de la démocratie, de la limitation des mandants. Quand je passe du septennat au quinquennat, il faut accélérer la cadence. Il ne faut pas avoir le même rythme et vouloir, à l’issue, avoir les mêmes résultats. Donc, il faut que les procédures soient accélérées. Et cela suppose davantage de ressources dans l’administration, davantage de compétences au sein des administrations et des ministères, pour prendre en charge la mise en œuvre de la politique qui est définie (…)».
«Depuis quand le Président a dit qu’il faut faire du gré à gré, ce n’est pas vrai»
«On ne peut pas ne pas tenir compte de la réalité du monde d’aujourd’hui. Les puissances émergentes offrent des possibilités d’accès au crédit pour le développement des infrastructures dans nos pays. Et les procédures dans ces cas sont beaucoup plus allégées. Nous devons pouvoir aller dans ces marchés si nous voulons demain réaliser l’autoroute Diamniadio-Thiès-Touba par exemple. Il faudrait pouvoir le faire en 3 ans pas en 8 ans ou 10 ans. C’est à ce niveau que je pose le débat, ce n’est pas à un niveau de petits gré à gré qu’un ministère peut faire et on dit que c’est le président lui-même qui a autorisé le gré à gré. Depuis quand le Président a dit qu’il faut faire du gré à gré, ce n’est pas vrai (…). Il ne faut pas que les procédures soient des obstacles à la réalisation de nos objectifs, mais aussi par rapport à nos impératifs de transparence. Puisque tous ces dispositifs ont vocation à être des garde-fous pour que les gens ne dérapent pas. On sait qu’en matière d’infrastructures, s’il n’y a pas de garde-fous, les dérapages sont rapides. (…) Mais les dispositions du Code ne doivent pas être un frein».
«Que les propriétaires puissent bénéficier des bienfaits de leurs terres»
«Depuis l’indépendance, le monde rural a toujours souffert d’abandon. Aujourd’hui, nous voulons renverser la tendance et transférer le maximum de ressources vers le monde rural pour accroître ses capacités de production. Cela s’est traduit par cette politique que nous avons mise en place : L’équipement du monde rural, la mécanisation, la modernisation des méthodes culturales. Et nous allons injecter 42 milliards pour acquérir 1000 tracteurs pour le monde rural et je ne parle pas de ce qui a été fait cette année pour le matériel attelé. L’agriculture familiale sera soutenue et en même temps développer une agriculture moderne, un agrobusiness pour à la fois augmenter les productions et les revenus des familles. Et pour qu’il y ait une productivité importante il faut agir sur le facteur foncier. J’ai lancé une réforme. Il faut que le statut de la terre soit revisité, que les propriétaires puissent bénéficier des bienfaits de leurs terres, et ceux qui veulent investir dans l’agriculture puissent avoir la facilité d’avoir des crédits pour exercer cette activité comme une activité économique. Nous avons lancé de vastes programmes pour le renouvellement du capital semencier puisque des semences qui n’ont pas de potentiel germinatif tel que nous le vivons avec l’arachide aujourd’hui ne permettent pas d’avoir des rendements efficaces. L’arachide, nous sommes à 0,8 tonne par kilo au moment où certains pays sont à 3 tonnes par hectare. Cela voudrait dire que si nous avons les mêmes rendements pour les mêmes superficies, nous multiplions par 3 les revenus des paysans. C’est comme ça qu’il faut voir la lutte contre la pauvreté et la création de richesses qu’on doit donner aux Sénégalais».
Où iront les 30 milliards recouvrés dans le cadre de la traque des biens mal acquis ?
«Pour les fermes agricoles, on va injecter, dès ce mois d’août, 1,5 milliard sur les ressources que nous avons tirées de négociations dans le cadre de dossiers pendants devant la Justice. Et c’est en moyenne 30 milliards qui ont été mobilisés qui serviront à financer l’université du Sine-Saloum, à construire des pavillons pour les étudiants, à mettre des ressources pour les fermes agricoles qui avaient des difficultés, à financer les femmes de la Diaspora, à acheter des ambulances pour les régions périphériques, etc.»
«Jamais le Sénégal n’a été aussi liquide»
«Si ‘‘rewmi dafa Macky’’ signifie de lutter crânement contre la fraude, la spéculation, l’argent sale qui ne bénéficie pas au développement du pays, qui ne bénéficie qu’à des individus, pour combattre cela, je n’aurai aucun état d’âme. Jamais le Sénégal n’a été aussi liquide. La banque centrale a indiqué que jamais il n’y a eu autant de transferts vers le Sénégal, venant de nos partenaires, malgré la baisse de la contribution de notre diaspora du fait de la crise (…). Les salaires sont payés dans la Fonction publique et dans le secteur privé. La dette intérieure a été réduite, nous avons payé énormément de dettes à notre arrivée. Et nous sommes en train de lancer des chantiers. Ceux qui veulent travailler pour le développement du pays, ceux-là ne diront pas que l’argent ne circule pas. Ou alors peut-être qu’il y a des gens qui gardent l’argent chez eux et qui ne le font pas circuler. Je pense qu’ils peuvent quand même dépenser leur argent. Si tenté qu’ils ont de l’argent chez eux. Je ne vais pas me hasarder d’ailleurs sur cette question, parce que là c’est l’affaire de la justice».
«’Dëk bi dafa Macky’, si c’est pour remettre de l’ordre, oui»
«Le Sénégal aujourd’hui est sur la bonne rampe. Si nous n’avions pas la confiance, notre diplomatie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Vous croyez que le Président des Usa c’est parce que je lui plais qu’il vient ici ? Non. Parce qu’il y a une note de lecture sur chaque pays. ‘Dëk bi dafa Macky’ si c’est pour remettre de l’ordre, oui et ce serait sans états d’âme. Les paysans ne le diront pas, parce que jamais ils n’ont eu autant de revenus».
«Un crime collectif commis contre les malades»
«Il y a des spéculateurs dans ce pays. Ils ont toujours vécu dans un confort au détriment de l’Etat. Vous allez à l’hôpital, l’argent que vous payez va servir à quoi ? Est-ce qu’il va servir à équiper les labos ou à acheter des réactifs ? Non ! Il servira à alimenter des salaires ou des gratifications. C’est ça la vérité. Je ne le dis pas pour que demain les syndicats se lèvent, mais c’est la réalité. C’est une sorte de crime collectif commis au détriment des malades.
Quand on attaque la question de la corruption dans notre société. Evidemment, on touche à beaucoup d’intérêts. Il y a une sorte de coalition qui se forme. Mais nous n’en avons cure, parce que moi, ma conviction c’est que c’est par la volonté des Sénégalais que je suis là aujourd’hui (…). Je vais mettre d’ici l’année prochaine 1200 lits pour augmenter les capacités dans les universités»
«La drogue, on ne peut la tolérer dans ce pays»
«Hier, la douane a saisi énormément de drogue. Il faut que nous combattions ce fléau. La drogue, on ne peut pas la tolérer dans ce pays. J’ai instruit la Direction générale de la Douane pour qu’ils redoublent de vigilance et qu’ils me contrôlent ce qui se passe sur le corridor Dakar-Bamako. Dire aussi que ‘c’est la Cedeao, il ne faut pas que les barrières bloquent le commerce’, cela ne doit pas être l’occasion de faire passer la drogue en longueur de journée. On ne peut pas l’accepter».