MACKY SOIGNE SON BILAN
PERSPECTIVES PRÉSIDENTIELLE 2017 : SOCIAL, ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR, AGRICULTURE, INFRASTRUCTURES...
2017 ! Cette année-repère figure dans la quasi-totalité des programmes et projets du chef de l’État. Dans l’économie, le social, l’éducation, les infrastructures comme l’énergie, la fin du mandat présidentiel semble être la date butoir de presque toutes les initiatives. Macky Sall est-il à la recherche de ce qu’un chercheur appelle un "bilan de rééligibilité" ?
Social
Une revue des différents programmes du président de la République permet de constater une réalité constante : presque la plupart des projets ont une même date butoir : 2017. Parmi les programmes les plus en vue depuis que Macky Sall est au pouvoir, il y a la couverture maladie universelle (CMU).
Elle s’étend de 2013 à 2017 et a pour ambition de porter la couverture à 75% de la population. Dans sa déclaration de politique générale, l’ex-Premier ministre Aminata Touré annonçait la consolidation de l’offre de santé avec la réalisation "d’ici 2017" d’au moins 11 nouveaux centres de santé et 40 postes de santé, au profit des zones les plus défavorisées.
Toujours dans le domaine du social, le gouvernement a également un autre programme qui s’arrête en 2017. C’est la bourse familiale, une aide trimestrielle de 25 000 F pour 50 000 familles bénéficiaires en 2013 et 250 000 en 2017, soit 2,5 millions à date échue.
A côté des personnes démunies, il y a les personnes vivant avec un handicap. De ce fait, une carte d’égalité des chances destinée à leur permettre l’accès à des services spécifiques, parmi lesquels les soins dans les structures de santé publiques. "Elle sera opérationnelle dès 2014 et touchera 30 000 bénéficiaires durant ses premières années, avec l’objectif d’atteindre 50 000 personnes en 2017".
Économie
Dans le domaine de l’économie, la stratégie nationale de développement économique et social (SNDES) démarrée en 2013 a pour terminus 2017. De même que le taux de croissance à 7% attendu à cette date dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE).
Un autre programme économique, le Fonds de garantie pour l’investissement prioritaire (FONGIP) veut lever 50 milliards de francs Cfa sur le marché d’ici 2017 afin de mobiliser 250 milliards pour le financement des PME.
En économie encore mais dans le sous-secteur de l’énergie, le Sénégal a un programme Mix énergie. Un programme dans lequel la part des énergies renouvelables représentera 20% de la puissance installée. Les 114 MW des 164 MW prévus en 2017 seront d’origine solaire", d’après le ministre de l’Energie, Maïmouna Ndoye Seck. A cette même date, il est prévu de doter d’électricité solaire des infrastructures scolaires et sanitaires de 1000 villages et zones périphériques des villes.
Enseignement supérieur
La logique qui prévaut dans les autres secteurs, l’est aussi dans l’enseignement supérieur. Après la concertation sur l’avenir de l’enseignement supérieur et le conseil présidentiel qui s’en est suivi, un document a été produit. Il s’agit du "Programme de réformes prioritaires 2013-2017 de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal.
Le président de la République prévoit d’augmenter progressivement le budget consolidé d’investissement (Bci), en le faisant passer de 21 milliards en 2015 à 25 milliards en 2016 puis à 27 milliards en 2017. "Au total, ce sont 302 milliards de F Cfa qui seront investis d’ici à 2017", comptabilise Macky Sall.
Parmi les mesures phares du Conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur, figure la décision de porter la contribution de l’Etat au financement de l’enseignement supérieur et de la recherche de 115 milliards en 2014 à 141 milliards en 2017. Idem pour le programme "un étudiant-un ordinateur" qui se fixe de couvrir les 50% des effectifs en 2017. Même quand en 2013 le chef de l’Etat invitait les acteurs de l’enseignement supérieur à un pacte de stabilité, il l’a arrêté sur 5 ans !
Ce qui est valable pour l’enseignement supérieur l’est également pour l’éducation nationale. Le projet principal qui est le Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Équité et de la Transparence du secteur de l’Éducation (PAQUET) se trouve dans le même intervalle allant de 2013 à la fin du mandat du président.
Infrastructures
Concernant les infrastructures, le président compte faire de Diamniadio une nouvelle ville. Si l’ensemble du projet dépasse 2017, une bonne partie de ses objectifs est prévue à cet horizon. Macky Sall, à l’occasion du lancement des travaux, disait : "A Diamniadio, seront réalisés à terme 40 000 logements de toutes les catégories, moyen standing et haut de gamme dans l’esprit d‘une mixité harmonieuse. Les 15 000 seront édifiés dans les 3 prochaines années (2014-2017)".
L’ancien Premier ministre Aminata Touré, dans sa Déclaration de politique générale, avait promis que la "Caisse des Dépôts et Consignations développerait un programme de 5 000 logements sociaux à Bambilor d’ici 2017".
Quant aux voies terrestres, il est attendu la construction d’environ 1 000 km de routes revêtues et 1 500 km de pistes "en vue d’interconnecter les différentes localités du pays et d’assurer une répartition équilibrée de l’offre de transports".
Même dans la lutte contre les inondations récurrentes, la logique temporelle est identique. La matrice et les moyens dégagés dans le cadre du Projet de gestion des eaux pluviales (PROGEP) se donnent comme objectif de sécuriser 7 000 personnes en 2013 et 98 000 en 2017.
Agriculture
Sur le plan agricole, la recherche de l’autosuffisance alimentaire passe par les objectifs suivants : production de 1 million de tonnes de riz blanc, 1 million de tonnes d’arachide, 200 000 tonnes de tomate, 350 000 tonnes d’oignons, 40 000 tonnes de pommes de terre.
Rendez-vous : encore 2017. Une telle production permettrait à cette échéance de "réduire la facture d’importation de riz de 313 milliards de F CFA" et d’assurer "un taux de couverture des besoins vivriers du pays à plus de 75%."
Au regard de ces éléments, on est en droit de se demander si le président de la République ne serait pas en train de préparer un "bilan de rééligibilité", selon l’expression du linguiste Pathé Diagne.
En même temps, on perçoit assez nettement que l’option du quinquennat à la place du septennat introduit dans la constitution par Abdoulaye Wade lors du référendum de janvier 2001 semble irréversible. Toute la question sera alors de savoir si le bilan espéré sera assez convaincant pour que les électeurs sénégalais se décident à le maintenir au palais...