MACKY VOIT PLUS LOIN QUE WADE
AVEC LE CENTRE DE CONFÉRENCE DE DIAMNIADIO, LE CHEF DE L’ÉTAT VEUT ÉTENDRE LA PROSPÉRITÉ AU-DELÀ DE DAKAR
Dans notre dernière édition, retour d’Abidjan, nous écrivions que, sur les bords de la lagune Ebrié comme à Dakar, le sentiment le plus largement partagé, c’est l’exaspération face au manque d’argent. L’argent dont on dit qu’il ne circule plus dans notre pays comme chez nos cousins ivoiriens. Malgré tout, notions-nous, les Ivoiriens ont cet avantage sur nous qu’ils privilégient l’économie tandis que, chez nous, la palabre est reine, la politique politicienne constituant la priorité des priorités, le dernier serpent de mer en date trouvé par notre classe politique étant l’Acte 3 de la décentralisation. Et ce au moment où le président Alassane Dramane Ouattara a lancé les travaux de construction du troisième pont de la capitale économique ivoirienne. Des travaux d’un coût de 92 milliards de francs et dont le caractère structurant n’est plus à démontrer…
Comme par hasard, la semaine même où nous écrivions cela, et après une longue période de tâtonnements, le président de la République, M. Macky Sall, lançait enfin son premier grand chantier d’infrastructures. Il s’agit de la construction du centre de conférences international de Diamniadio devant abriter les travaux du Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Lequel doit se tenir au Sénégal dans un an exactement. Ce complexe ultramoderne unique dans la sous-région, devrait, après la réunion de la Francophonie, servir à accueillir d’autres grandes conférences internationales qui passaient souvent sous le nez de nos pays faute d’infrastructures adéquates. Or, avec ce centre qui devrait aussi, en plus de son immense amphithéâtre et d’autres salles annexes de capacités diverses, comprendre un hôtel Hilton, le Sénégal se positionnera dans la catégorie des pays de conférences et de congrès, ce qui devrait contribuer à booster le tourisme dans notre pays.
Ce complexe construit par les Turcs coûtera 40 milliards de francs, dont les 15 milliards apportés par l’Etat du Sénégal. Sa promotion devrait être confiée à… Richard Attias, ancien patron de Publicis Events, grand organisateur de conférences internationales sur le continent et… actuel époux de Cécilia ex-Sarkozy. Mais en réalité, ce bijou que sera le centre de conférences international ne sera qu’un élément d’un vaste ensemble que sera le Pôle urbain de Diamniadio. En posant la première pierre de ce complexe, le président de la République a donné en réalité le coup d’envoi de la construction d’une nouvelle ville aux portes de Dakar. Une ville qui ne sera pas un appendice de la capitale, voire une immense banlieue, mais bien un pôle urbain autonome qui comprendra notamment l’université de la Banlieue, un hôpital déjà construit (celui pour enfants de Diamniadio), des écoles, des centres administratifs, des lieux de loisirs, un système écologique de traitement des déchets, des espaces verts, des cités résidentielles, des infrastructures économiques comme le port minéralier de Bargny situé juste à proximité, la centrale électrique de Sendou etc.
Mieux, dans la zone comprise entre Kayar et Sébikhotane devrait être implanté tout un tissu de petites industries de transformation. Bref, dans deux ans à peine, trois au maximum, toute cette vaste zone devrait radicalement changer de visage et, sous nos yeux éblouis, une ville tout ce qu’il y a de nouvelle et qui aurait son autonomie par rapport à Dakar, apparaîtra. Bien évidemment, avec l’autoroute à péage Dakar-Diamniado qui devrait être prolongée incessamment vers l’aéroport international de Diass — deux infrastructures que l’on doit au génie visionnaire de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade —, avec cette autoroute à péage, donc, des milliers de familles qui vivent à l’étroit à Dakar iront s’implanter dans ce futur pôle urbain.
Du coup, le coût du loyer à Dakar devrait s’effondrer… tandis que les terrains dans la nouvelle zone vont se renchérir et, dans la foulée, la location des logements. Le financement de l’autoroute à péage étant déjà acquis et avec la construction prochaine de 5.000 logements sociaux à Sébikhotane, et avec l’achèvement du centre international de conférences, cette nouvelle ville est d’ores et déjà presque une réalité. L’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade — ainsi que son fils Karim actuellement en prison pour cause de biens présumés mal acquis — laissera à la postérité l’image d’un grand bâtisseur qui aura beaucoup fait pour moderniser notre pays, particulièrement dans le domaine des infrastructures. En effet, il a construit beaucoup de routes, d’échangeurs, de lycées, d’hôpitaux, lancé les travaux du deuxième aéroport international, offert une deuxième sortie à Dakar à travers l’autoroute à péage etc.
Son successeur, le président Macky Sall, sait que, quoi qu’il pourra faire, il sera toujours comparé à Wade dans le domaine des infrastructures. C’est conscient de cela qu’il entend ne pas faire moins que son ancien mentor. Lequel, quand même, avait mis plus de quatre ans avant de voir ses projets commencer à se matérialiser. Et le Premier ministre qui avait, justement, fait sortir de terre ces projets que l’opposition raillait en les surnommant « éléphants blancs », eh bien, ce PM bâtisseur n’était autre que… l’actuel président de la République, M. Macky Sall. Tandis que les bailleurs de fonds refusaient de financer ces projets, c’est lui qui avait eu l’idée de réaliser l’échangeur du rond-point Cyrnos et le toboggan de Malick Sy, ainsi que l’élargissement de l’autoroute Malick Sy-Patte d’Oie avec le Budget consolidé d’Investissement (BCI). Ce que voyant, les bailleurs traditionnels avaient pris le relais…
Exit Wade le bâtisseur, place à Macky « Samba Tally » Sall !
Eh bien, ce qu’il avait fait jadis pour Wade, le président Sall entend l’accomplir pour lui-même ! Ainsi, en plus du prolongement de l’autoroute jusqu’à Diass dont le financement est déjà bouclé, il a aussi obtenu auprès des Chinois — du moins, il a signé un mémorandum d’entente avec eux — l’argent nécessaire à la construction de l’autoroute Thiès-Touba pour un coût de 400 milliards de francs sur 194 kilomètres — contre un coût de 387 milliards pour Dakar-Diamniadio longue de 30 kilomètres à peine. Il est vrai que, pour ce tronçon, il y avait beaucoup d’emprises à libérer et beaucoup d’indemnisations à verser. Et ce même si… Pour Thiès-Touba, le coût s’explique par la nécessité de construire une douzaine de ponts, viaducs et autres échangeurs sans compter la réalisation des voies proprement dites.
Sans doute pour ne pas faire de jaloux entre confréries religieuses, et comme de bien entendu, le financement pour la réalisation d’une autoroute Thiès-Tivaouane, avec prolongement ultérieur sur Saint-Louis, a déjà été décroché. Dès achèvement du tronçon devant relier la capitale du Rail à celle de la Tidjania, l’ancienne capitale de notre pays ne devrait plus être qu’à 2h30 environ de l’actuelle. Contre trois heures et trente minutes au bas mot de nos jours. En attendant, sans tambour ni trompettes, d’autres coups de pioches sont donnés et des bulldozers en action pour construire les routes Tambacounda-Vélingara-Kolda-Ziguinchor, dans le cadre du Millenium challenge corporation (MCC) américain. Des obstacles naturels non décelés lors des études ayant entraîné un surcoût de six milliards de francs sur le tronçon Vélingara – Ziguinchor, le gouvernement a accepté de verser la différence. Ça, c’est au Sud du pays.
Au Nord, toujours dans le cadre du financement Mcc, la route Podor-Saint-Louis doit être réhabilitée, en plus de la réalisation des travaux de la cuvette de Ngallenka et du pont de Ndioum qui devrait permettre de désenclaver l’île à Morphyl. Avec toutes ces routes qui vont mailler tout le territoire national comme un immense système nerveux, des régions spécialisées chacune dans un domaine de l’activité économique seront reliées entre elles. Et ce dans le cadre de la territorialisation de la politique économique. Ainsi, la zone de Mbour devrait être spécialisée dans le tourisme et la pêche, Saint-Louis dans l’agro-industrie, Matam dans les phosphates, Tambacounda et Kédougou dans les mines etc. En tout cas, la plupart de ces projets devraient prendre forme avant… 2017. Lent à l’allumage — surtout qu’il devait gérer une situation catastrophique laissée en bien des domaines par son prédécesseur —, Macky Sall est un bulldozer, un « Samba Tally » qui, une fois lancé, est difficile à arrêter.
L’horizon 2017 étant assez lointain — les plus pessimistes diront qu’ils ne se situe qu’à quelque 36 mois à peine —, on peut quand même dire, si on se tourne vers la ligne de départ — avril 2012 — que beaucoup a, quoi que l’on dise, été fait. Et ce même si nos compatriotes considèrent que l’argent ne circule plus depuis que le président Macky Sall est aux affaires ! Dans le domaine social, prenons la Couverture Médicale universelle qui est déjà une réalité, même s’il y a des ratés à l’allumage dans sa mise en œuvre. Elle s’applique pour le moment aux enfants de 0 à 5 ans qui sont soignés gratuitement pour toutes sortes de pathologies. Il y a aussi le programme des bourses familiales qui nous a fait écrire il y a quelques semaines que l’actuel président de la République est en passe de devenir un véritable Lula (du nom de l’ancien président brésilien) africain.
Il s’agit à travers cette initiative d’offrir des bourses trimestrielles de 25.000 francs à 200.000 ménages pauvres (sur 500.000 recensés) de notre pays. Rien que pour cette année, cinq milliards de francs seront distribués à ce titre, histoire d’offrir un très précieux filet social à ces Sénégalais vivant dans une pauvreté extrême. Qui, de ce fait, pourront sortir la tête de l’eau. Et disposeront de quoi voir venir. De fait, l’actuel président de la République est à ce point social que l’on se demande si, bien que se proclamant urbi et orbi libéral, il ne serait pas, en réalité, un socialiste caché ! Il est vrai que c’est un ancien maoïste, mais quand même…
Autre bon point à l’actif du président Macky Sall, dans le domaine agricole cette fois : le relèvement du prix au producteur de l’arachide à 195 francs l’année dernière — et 200 francs cette année. Du jamais vu depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale ! Ce qui fait que jamais autant de pouvoir d’achat n’a été injecté dans le monde rural que lors de la dernière campagne de commercialisation arachidière. Il faut ajouter à cela les quelque 40 milliards de francs dépensés en assistances de toutes sortes au monde rural, et notamment pour les vivres de soudure, les aliments pour le bétail, les semences et l’engrais.
En plus, il a accéléré le programme de mécanisation agricole et d’équipement du monde rural entrepris par son prédécesseur. C’est dans ce cadre qu’il faut situer les 1000 tracteurs acquis sur financement brésilien et dont le prix de vente sera subventionné à hauteur de 70 %. A cela s’ajoutent 16.500 machines agricoles venues de Chine et d’Inde, ou fabriquées localement par la Sismar. Les travailleurs des villes non plus n’ont pas à se plaindre puisque, dans le cadre des mesures d’accompagnement du nouveau Code général des Impôts, l’Etat a renoncé à 29 milliards de francs au titre de la fiscalité sur les salaires, ce qui est autant de pouvoir d’achat gagné par ces citadins.
Et puisqu’il faut bien terminer cet inventaire à la Prévert des réalisations du président Macky Sall, intéressons-nous à un secteur dans lequel les régimes précédents ont tous échoué — même si celui de Wade était en passe de résoudre ce lancinant problème à travers son plan « Takkal ». Il s’agit de celui de l’électricité, bien sûr. Avec la centrale à charbon de Sendou d’une puissance de 125 mégawatts dont le financement est déjà acquis, celle de Taïba Ndiaye, les 85 Mw que la Mauritanie va fournir à partir de l’année prochaine et divers autres projets, notre pays aura doublé en trois ans à peine toute sa capacité de production installée depuis 1960 ! Déjà, cet hivernage, nos compatriotes auront remarqué, pour s’en féliciter, que les délestages électriques sont devenus épisodiques, en attendant d’appartenir à l’Histoire.
Bien sûr l’argent ne circule pas dans le pays — la faute en grande partie à la traque des biens présumés mal acquis mais aussi au quitus fiscal assassin qui étouffe des centaines de Pme-Pmi ! —, bien sûr le « Yoonu yokkuté » tarde à devenir réalité, bien sûr, le nouveau régime donne l’impression de se chercher mais, pour peu qu’on se donne la peine de considérer les choses avec objectivité, et si on s’extraie de la politique politicienne et des débats oiseux, force est de reconnaître que de belles choses sont à l’œuvre dans notre pays. Et que le président Macky Sall, dans un contexte économique international difficile, a réalisé en 18 mois seulement beaucoup de choses. C’est insuffisant ? Sans doute. Encore que, de même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, un président de la République à lui tout seul, quelles que soient sa bonne volonté et sa compétence, ne peut pas développer un pays dont les habitants passent leur temps à palabrer et à descendre en flammes quiconque tente de faire quelque chose !